AUTUN ♣ 1876

Les clameurs révolutionnaires n'ont point empêché, ces temps derniers, des hommes de coeur, des soldats de revendiquer hautement le titre de catholiques, d'affirmer leurs sentiments religieux, s'exposant ainsi aux dénonciations de la presse radicale. Après le général Barry, après le général Maurice, à côté du général Ducrot, demandant la bénédiction du Saint-Père pour les soldats du 8e corps, voici le général Bonneau du Martray. C'est dans la réunion fraternelle des anciens élèves du Petit-Séminaire d'Autun dont il faisait partie, que le 6 septembre, il a prononcé les paroles suivantes : tous nos lecteurs y applaudiront avec nous.

"Nous devons être chrétiens, non-seulement dans le coeur, a dit l'honorable général, mais dans les actes, adhérant aux doctrines du Souverain Pontife jusqu'au Syllabus inclusivement, et ne craignant pas de porter le titre de "clérical". Je crois et je veux que l'on professe ma foi, parce que je crois fermement. Au jour du dimanche, je vais assister à la messe, Crédo ; je vais parfois m'agenouiller à la sainte table pour communier à côté de l'humble femme pieuse, Crédo ; lorsque je dis mon chapelet, je ne crains pas que l'on en voie les grains entre mes doigts, parce qu'il faut donner un exemple visible à ceux qui ne réfléchissent pas, et le nombre en est considérable ... Nous aurons des luttes à soutenir pour notre religion, mais nous serons fermes et courageux ... C'est moi, le soldat, qui vous encourage à la lutte. S'il le faut, nous répandrons notre sang, nous rappelant la parole que Tertullien prononçait : "Le sang des chrétiens est une semence."

Cette noble profession de foi jette tout le clan radical dans une exaspération impossible à décrire ; au nom de la liberté, ils demandent qu'on sévisse contre le soldat assez osé pour se dire non-seulement chrétien, mais catholique et romain jusqu'au Syllabus ; ils invoquent les règlements militaires qui n'ont rien à voir dans la circonstance. S'ils osaient, ils demanderaient la destitution du général comme coupable de catholicisme.

La tolérance de la libre-pensée ne se dément pas !

Semaine catholique du diocèse de Luçon - 1876