Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
21 février 2013

DROME ♣ UNE LETTRE D'UNE CHAMBRE PATRIOTIQUE A UN AFFIDÉ DE MONTSÉGUR EN 1792

Nous publions ci-dessous une lettre trouvée dans les archives de la commune de Montségur adressée par la Chambre patriotique d'une localité inconnue à un affidé de Montségur. De tels documents sont très rares, bien que les clubs aient certainement montré une grande activité, comme elle était secrète, les traces directes en sont rares dans les archives publiques.

Le style et l'orthographe, scrupuleusement respectés, donneront le niveau de certains membres, même de ceux chargés de la correspondance. François Chirol, dont le nom ne se trouve pas dans les registres de décès de la commune, avait alors 40 ans ; en 1790, il s'étit inscrit pour 6 livres à la Contribution patriotique et l'an II, il fit partie de la municipalité ; il était marié et père de deux enfants.

Il suffira de lire la lettre pour voir combien en 1792 l'activité politique de ces clubs était tournée contre les prêtres insermentés. L'absence de registres de délibérations dans cette commune et la pauvreté des archives du district ne nous permettent pas d'apporter un commentaire au fond même des évènements locaux. Il est curieux de constater l'intérêt porté à la Confrérie des Pénitents par ce "patriote et ami". Dans l'Eglise constitutionnelle et la persécution religieuse dans le département de la Drôme, le chanoine Jules Chevalier a rapporté l'atmosphère de cette période : son "Saint-Paul-Trois-Châteaux pendant la révolution" signale les troubles graves survenus le 1er avril dans la petite ville ; Montségur n'a pas échappé à l'agitation, et il faut voir de tel ton la Chambre patriotique rappelle à l'ordre ceux qui s'y opposent.

A la Chambre patriotique, ce le 16e juin 1792.
Mesieur,
Patriote et amis asosciés au clube, la prezante es pour vous ffiliciter de la fette que vous fites le vintième du mois de may dernier lorsque vous fites rouler cette vieille fanatizeuse sur un ane, mais il nous a été dit que du temps de votre auperation il es survenu un certain Farau avec une arogan qui vous a dit du ton de superiorite, qu'il s'opozêt à cela, et emmeme tams, il vous a randut tous interdit, et vous aves meme aubeii à sa vois, quoi que par son autorité mes vous deviés luii demander par quel ordre ou jijet par aport au grade qu'il a dans la garde nationale de votre commune. Vous ne deves pas iniorer que la garde nationale n'a aucun pouvoir ni aucune force que d'apres la réquizition de la municipalité, ainsi, mesieur, ne vous écarté pas de la loi, montres toujours votre patriotisme et votre zele pour le mentien de la constitution civile du clergé principalement, car nous n'avons rien tans à craindre que ces pretre réfratère et rebele à la loi et ces peuple fanatizé, principalement ces fillie et ces ffame quil ces refuze d'aler à la meche des pretres constitutionnel, Mesieur, nous avons l'oneur de vous prévenir que si vous leces repandre le fanatisme ces vous comme dan plusieurr autres androit, il pouret vous arriver quelque cas faceus. Aynsi, Mesieur, mestes i aurdre ou bientau vous vere que le plus peti nombre sera celuy des constitutionnel ; mefie vous toujour de cheus qu'il dize que cela ne convien pas et de ce meme pa la loi. Velies toujour sur la conduite de la majeure partie des granger, comme aussit sur cheux du village. Car vous aves beaucoup de pere de famille qu'il fon le sien [chien] et ces fame et ces enfans font le loup. Ainsi fait toujour votre devoir, ne vous carté pas de la loi ni des ordre de la municipalite ni de cheus de la garde nationale, lorsqu'ele marcera par aurdre, mais ci ce meme Monsieur si deven enoncé, dit auficier dans votre garde nationale, vene pour une cegonde fois s'aupuzer, dit luy tout uniman que vous ne conneces pas que pour un mauves citoyen et manquan à son devoir, qu'il aucupe un poste qu'ile mérite pas, qu'il n'e pas meme pas digne d'etre fuzillier d'après son inconduite et du mepris qu'il a fait le dize neuf dernier mars dernier, jours de la faite Sains Joseph et de vos freres penitens. Il nous a été raporté que vos freres pénitens luy on fait l'oneur de le nomer pour son recteur et que le sord ayan decide sur luy après l'avoit fait avertir, il n' pas voulu absolumen ce presenter. On devait don d'apres son reffus bruler son nom sur le buraut et etre exclu de tout charge et de tout service quelconque. Ainsy, Mesieur, rapelé vous que la loi nous a randut tous egau aur [hors] du service : poin de distinction ni de superiorité, mais les homes seron pourtan toujour respecté selon leur vertut et leur talant.
Nous vous pryons de faire par de la prezente a vos patriotes et amis frere asossyable.
Et nous finison en vous souetan le bonjour,


Vos tres humble e tres hobeissan
Cherviteur vos frere et amis
De la Chambre patriotique


A Monsieur
Monsieur François Chirol
Menuzier à Montsegur
A Montsegur
(avec le cachet de Pierrelatte 35)

Bulletin de la Société d'archéologique et de statistique de la Drôme - 1926

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité