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La Maraîchine Normande
14 février 2013

LES ÉCHAUBROGNES ♣ TOUT-LE-MONDE

Capture plein écran 14022013 181204

 

Perdu, à distance de toutes les voies, au centre des forêts de Breuil-Lambert, de Vezius et de Chanteloup, le pays formait, jusqu'à la Révolution et depuis une date inconnue, tout au moins dès le XVe siècle, "une fillette" ou succursale, avec simple chapelle, desservie par un vicaire, dans l'immense paroisse de Saint-Hilaire des Echaubrognes, dont le séparaient la paroisse très restreinte et la ville de Maulévirer. La loi du 5 juillet 1791 annexa la succursale à cette dernière, en la rattachant au département de Maine-et-Loire, mais ne fut appliquée qu'en vertu d'un arrêté du 29 messidor an V, qui n'eut même de réalisation qu'en 1807. Une ordonnance du 3 juillet 1843 a érigé son ressort particulier en paroisse distincte, et depuis lors une rivalité constamment en éveil, sollicitait la création d'une commune que la loi votée le 2, promulguée le 17 février 1864, après dix ans de discussions et d'enquêtes, a constituée enfin.

L'ancienne chapelle, avec portail ogival, s'élève encore, sans clocher, au centre du bourg, etc. (Depuis plusieurs années déjà, cette chapelle a été démolie, et elle est remplacée par une charmante église en style de XIIIe siècle avec flèche sur la façade). En dehors du bourg, sur le chemin d'Yzernay se rencontre une petite chapelle, dite de l'Arceau, où viennent en pèlerinage les épouses infécondes. Sur le pignon, une croix de granit porte un christ grossièrement entaillé : au-dessous, on lit sur les montants : Jean Lepage 1650. Nom du fondateur et date de l'érection.

Tout-le-Monde dépendait en 1789, comme Saint-Hilaire des Echaubrognes, du doyenné de Vihiers, de l'évêché de Poitiers jusqu'en 1317, de Maillezais jusqu'en 1648, plus tard de la Rochelle. Au civil, du comté de Maulévrier, du présidial et de la sénéchaussée d'Angers, de l'élection de Montreuil-Bellay, du grenier à sel et du district de Cholet.

La seigneurie de la Crilloire formoit autrefois une petite paroisse, englobée maintenant dans celle de Tout-le-Monde, et comprenait le château où une chapelle dédiée à saint-Sébastien servait d'église, une métairie et un moulin, quelques-une seulement des borderies, et non pas même toutes celles qui s'élevaient à l'entour du château) : La Crilloire est une ancienne seigneurie, avec château-fort, au fond d'une vallée coupée par de nombreux étangs, jadis, et dont deux subsistent encore. L'édifice entouré de vastes douves vives, encore existantes, formait un quadrilataire irrégulier. Il s'ouvrait vers l'est par une porte unique à pont-levis. Du château, incendié pendant la guerre de la Vendée, et depuis démoli à peu près complètement, il ne reste que la base des tours, aux larges brèches à demi, recouvertes de lierre. A cinquante mètres, un puits qui a pour margelle une dalle de tourbe au nom de Renée Barbot, morte en février 179... Une autre dalle, celle d'un ancien receveur, mort en 174... sert de seuil à une ferme. A 500 mètres des ruines s'élève, sur une éminence, un vaste château moderne appartenant à M. de Formon.

La terre donnait son nom, jusqu'au XVIe siècle à une famille de chevalier de qui elle passa à la famille Laurent ou de Laurens. En 1588, Pierre Laurent ou de Laurens, sieur de la Crilloire, guerroyait dans l'armée du roi de Navarre ; en peine d'argent sans doute, comme son maître, et piqué d'ambition, il envahit un jour le château de Vezins, et avec l'aide de quelques soudards, enleva la jeune baronne, Louise de Maillé de Lathan, récemment veuve, qu'il conduisit à la Crilloire. Après un jour de réflexion, pour tout répit, il la traîna, le pistolet au poing dans la chapelle, où un prêtre consacra le mariage. Mais, ni prières, ni menaces, n'ayant pu dompter la belle, il espéra mieux en lui rendant sa liberté après une capitvité de onze jours. La baronne porta plainte immédiatement au présidial d'Angers, et, pendant que ses parents et tenanciers venaient assiéger le ravisseur, celui-ci, hors d'état de se défendre, regagna l'armée. Couvert un instant par l'amitié du roi, il se laissa prendre dans une embuscade d'archers, fut conduit à Angers, condamné à mort et décapité le 7 mai 1588. C'est le sujet d'un des arrêts célèbres recueillis par Pocquet de Livonnière, qu'a rajeunis d'un style romantique M. Charles Tenaisie ...

Lors des guerres de la Vendée, le commandant Tittemet avait été envoyé en éclaireur par le général Ligonnière dans la direction de Maulévrier, avec douze cavaliers. Le 16 avril 1793, cet officier pénétrait avec son détachement dans le château de la Crilloire près Tout-le-Monde, où il se trouva tout à coup cerné par une bande d'une centaine de Vendéens. Pour en sortir, il fut obligé de se faire jour le sabre à la main, et força leurs lignes en laissant deux morts et neuf blessés. A quelque distance du château, honteux de sa fuite, il rallie subitement sa petite troupe et quoique blessé lui-même d'un coup de crosse à l'épaule et d'un coup de feu à la cuisse, il revient à la charge pour surprendre à son tour les paysans, mais la plupart s'étaient déjà retirés. Dès lors, n'ayant plus désormais d'ennemis en face, il continua librement son excursion, et alla rejoindre à la chute du jour son corps d'armée. Un décret proclama pompeusement qu'il avait, pour ce fait, bien mérité de la patrie. Certes, du côté des Vendéens, bien des coups de main semblables ont eu lieu et sont restés dans l'oubli ; mais souvenons-nous qu'alors, dans cette conspiration générale du mal contre le bien, les républicains seuls, étaient vertueux ; tandis que, la langue française subissant elle aussi sa révolution, les Vendéens n'étaient que des brigands, coupables au premier chef d'avoir agité le flambeau de la guerre civile au milieu de leurs concitoyens ; comment de pareils monstres, auraient-ils jamais pu bien mériter de la patrie ? ...

"Je vis, dit quelque part en ses Mémoires Mme de la Rochejaquelein, arriver un jour à Cholet une jeune fille, grande et fort belle qui portait deux pistolets et un sabre à sa ceinture. Elle était accompagnée de deux autres femmes armées de piques : elle amenait à mon père un espion. On l'interrogea, elle répondit qu'elle était de la paroisse de Tout-le-Monde, et que les femmes y faisaient la garde quand les hommes étaient à l'armée. Son petit air martial la rendait encore plus jolie ..."

(Voir, outre le Dictionnaire de M. Célestin Port, les Archives de Maine-et-Loire, série m., notice manuscrite de M. Spal. Notes de M. de Saint-André. Répertoire arc. 1868, p. 98)

Revue historique de l'Ouest (1900)

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