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La Maraîchine Normande
11 février 2013

PÉTITION DES CITOYENS DES SABLES POUR, ENTRE AUTRES, CHANGER LA DÉNOMINATION DE LA GUERRE DITE DE LA VENDÉE

CONVENTION NATIONALE
ARCHIVES PARLEMENTAIRES
11 octobre 1793

LES SABLES

Les citoyens de la ville des Sables exposent que la dénomination de la guerre de la Vendée est une dénomination qui fait rougir des républicains qui défendent leur pays avec courage ; cette dénomination, disent-ils, ne peut être d'accord avec la géographie et l'histoire : étudions en effet la guerre de la Vendée, à Machecoult, Saumur et à Thouars ; si l'historien est fidèle, il dira que les premiers ateliers d'armes des rebelles s'établirent à Clisson, département de Loire-Inférieure, et que les premiers attroupements eurent lieu dans les marchés du même département.
Nous demandons :
1° le changement du mot Vendée, parce qu'une fausse dénomination ne nous appartient pas ;
2° que vous donniez les ordres et les moyens de faire des fortifications absolument nécessaires à la conservation de la ville des Sables ;
3° que les citoyens Laîné et de Lange, naguère marins de la République, et maintenant ses soldats dans l'armée de Cartaux, reçoivent dans la marine l'avancement que mérite leur courage.

Tous les citoyens composant la Société populaire de la ville, expriment le même voeu et ils offrent en même temps la copie imprimée d'une lettre datée de Marseille le 1er septembre dernier, et écrite par Théodore Laîné à son père.

Renvoyé aux comités de Salut public et de marine réunis.

Suit le compte rendu de l'admission à la barre des citoyens de la ville des Sables d'après le bulletin de la Convention.

Une députation de la Société populaire des Sables a été admise à la barre.

L'orateur a prononcé le discours suivant :

Citoyens représentants,

Les Sablais sans-culottes nous ont députés vers vous pour vous porter leurs voeux et leurs réclamations. Ils nous ont investis de leurs pouvoirs ; ils nous ont honorés de leur confiance ; mais ils ont attaché une si haute importance au premier de leurs voeux, qu'ils ont eux-mêmes voulu être les rédacteurs et les signataires des expressions qui le constatent. Nous allons vous les transmettre.

Les Sablais, réduits à leurs propres forces, aidés seulement de 600 de leurs frères de l'île de Ré, ont fait mordre la poussière à plusieurs centaines de brigands sous les murs de la ville des Sables. Déjà nous avons démontré l'importance de cette place, environnée de quatre départements rebelles, propres à favoriser l'introduction des ennemis étrangers sur le territoire de la République, et par là même l'objet de la convoitise des brigands, qui l'ont deux fois inutilement assaillie. Mais les brigands, vainqueurs des Sables, n'y trouveraient que des décombres et des cadavres. Nous venons, avec des plans et des projets, vous proposer des moyens de défense.

Nos commettants ont attaché une grande importance au succès des réflexions que nous avons à vous transmettre sur la dénomination de la guerre de la Vendée, dénomination qui fait rougir de leur pays, des républicains qui le défendent avec courage, dénomination qui ne peut être d'accord avec la géographie et l'histoire.

Les premiers ateliers d'armes rebelles s'établirent à Clisson, département de la Loire-Inférieure. Les premiers attroupements eurent lieu dans les marchés du même département. Là se trouvent les antiques barrières qui séparaient jadis nos provinces comme des états ennemis. Là, le régime prohibitif entassait les commis des douanes, l'armée des traitants, les contrebandiers à côté des gardes-chasses, troupes également mécontentes sur le sol de la liberté, également habiles tyroliens, également disposées et habituées à tyranniser le paysan, qui dans sa frayeur, a dit, comme au lit de la mort, tout ce que le prêtre a voulu qu'il dise.

De là sont parties des hordes de brigands qui ont commis à Machecoul, toujours département de la Loire-Inférieure, des horreurs seules faites pour figurer dans les pages sanglantes de l'histoire des prêtres. Ce sont ces prêtres et leurs dignes satellites qui ont entraîné, par la force dans leur rébellion, les paysans de la Vendée.

Nous nous résumons en demandant :
1° que vous restiez à votre poste jusqu'à la paix ;
2° que vous nous accordiez des ordres et des moyens de faire les fortifications absolument nécessaires à la conservations de la ville des Sables à la République ;
que la guerre, dite de la Vendée s'appelle la guerre de l'Ouest, ou mieux, la guerre de Saint-Philbert ;
4° que notre département reçoive un autre nom ;
5° que Laîné et Delange, naguère marins de la République, maintenant soldats dans l'armée de Carteaux, reçoivent, dans la marine, l'avancement que mérite leur courage.

Et nous ne croyons mieux terminer qu'en vous répétant avec nos concitoyens et en leur nom, le serment de maintenir la République, une et indivisible, de ne jamais plier sous le joug des tyrans, de plutôt mourir que de reconnaître d'autre maître que la loi, et d'autres lois que celles émanées des représentants du peuple souverain.

Le Président a répondu, et les pétitionnaires ont été admis aux honneurs de la séance.
La Convention a renvoyé au Comité de Salut public la partie de la pétition qui concerne la défense de la ville des Sables, et au ministre de la marine, pour l'avancement des deux marins ci-dessus dénommés.

Archives parlementaires de 1787 à 1860
Convention nationale
série 1 / Tome 76 / impr. par ordre du sénat et de la Chambre des députés.

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