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La Maraîchine Normande
30 janvier 2013

NOTICE ♣ FROIDFOND (85) - 2ème et dernière partie

 

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2ème et dernière partie

L'EGLISE DE FROIDEFONT

Nous avons dit plus haut que cette église fut brûlée en 1799 ; elle fut restaurée en 1808, c'est-à-dire qu'on posa sur les murs, calcinés par le feu, une grossière charpente fournie par les paroissiens. Ce n'était malgré cela qu'une informe masure, dont les pignons dominaient la toiture de trois ou quatre mètres ; ce n'était qu'un amoncellement de ruines, lugubre souvenir de la Révolution ; cependant les fidèles étaient heureux de pouvoir y assister, en paix, au saint sacrifice de la messe.

Il existait, autrefois, dans cette église, une petite statue de sainte Perrine, qui était l'objet de nombreux pèlerinages. Cette sainte était spécialement invoquée pour le mal des yeux. Cette dévotion n'a pas survécu aux mauvais jours de la Révolution.

En 1834, M. l'abbé Milcent, nouvellement venu dans la paroisse, constate que "l'église était comme une pauvre grange, sans décorations, sans tableaux, très étroite ... ; que les tombeaux des autels et le tabernacle même étaient pauvres et tombaient de vétusté ; que l'édifice n'était couvert que de tuiles et n'avait qu'une modeste cloche de 100 kilog., à moitié brisée, placée dans le pignon du côté ouest."

Les réparations s'imposaient. En 1835, on étudie la question, les ressources sont trouvées ; le plan, dont le devis s'élève à 14.000 fr., est approuvé par l'évêché et par la préfecture. Le 20 mai 1836, l'adjudication des travaux a lieu à la mairie, et, dès la fin du mois, l'entrepreneur Robert, de la Roche-sur-Yon, se met activement à l'oeuvre. Il s'agissait d'élargir l'église dans toute sa longueur, du côté du midi, à peu près de moitié, et de bâtir la tour du clocher, ainsi que la sacristie.

Le 2 juin, M. le curé bénit la première pierre, qui fut scellée dans les fondations, sous le vitrail, près de l'autel saint Jean. La messe fut célébrée dans une chambre du presbytère jusqu'au 27 novembre, jour où les fidèles purent assister au saint sacrifice dans leur église restaurée et agrandie.
Le Ballet, qui existait jusque-là, disparut lors de ces réparations.
La tour du clocher n'était pas terminée, lorsque, dans la nuit du 9 au 10 octobre, elle s'écroula, en partie, sous l'abondance des pluies et aussi, paraît-il, par défaut de construction. Les travaux, repris de suite, n'eurent aucune solidité, et dès le 8 novembre, il y eut un nouvel écroulement. Au mois de mars suivant, toute la façade du clocher, à partir des fondations, fut recommencée et les travaux ne s'achevèrent qu'en décembre 1837.(De nouvelles réparations devinrent nécessaires en 1837. M. le curé fit reprendre les voûtes, enduire les murs de ciment et refaire le carrelage, pour lequel les habitants allèrent chercher les plus belles pierres)

Un procès s'éleva au sujet des dépenses occasionnées par ces diverses constructions : tous les frais furent mis au compte de l'entrepreneur par un arrêté du Conseil de Préfecture en date du 31 janvier 1840.

La bénédiction de l'église fut faite, le 24 août 1837, par M. l'abbé Micheau, chanoine, directeur au grand séminaire de Luçon, qui plus tard devint curé de Noirmoutier, puis archiprêtre des Sables-d'Olonne. La messe fut chantée par M. l'abbé Salver, curé de la Garnache.
Un chemin de croix, dont les tableaux coûtèrent 140 fr. fut érigé le 9 août 1837 ; c'est M. l'abbé Lussagnet, curé de Challans, qui prêcha dans cette circonstance. (Le chemin de Croix actuel date de 1839, il est peint sur toile et sort des ateliers de M. l'abbé Migne, de Paris. Son prix fut de 600 fr.

Avant de quitter sa paroisse, pour devenir vicaire général, il fit présent, à l'église de Froidefont, d'une parcelle de la vraie croix.
Parmi les nombreux calvaires, qui s'élèvent dans tous les quartiers de la paroisse, nous devons citer :
1° celui de la Chauvière, oeuvre de Jean Grelier ; la bénédiction eut lieu le 15 août 1843 ;
2° celui du bourg, qui coûta 250 francs ; il fut bénit le 22 juillet 1846 par M. l'abbé Menoul, missionnaire apostolique et chanoine de Luçon. L'arbre avait été choisi dans les futaies de Brueil-Herbaud en Falleron. En 1875, le Christ en bois fut remplacé par un autre en fonte ;
3° celui de la Gaudinière, qui est en granit et fut bénit le 11 mai 1856. Il fut élevé par les frères Pajot, sur le désir de leur père mourant ;
4° celui de Boutsec, sur la route de St-Etienne-de-Mer-Morte, dû à la famille Dronet, des Basses-Longeais (19 avril 1874).

LES CURES DE FROIDEFONT A PARTIR DE 1770

Les registres de l'église ayant disparu pendant la Révolution, il nous a été impossible de savoir les noms des ecclésiastiques qui ont desservi la paroisse de Froidefont avant 1770 :

- Louis-Joseph Pinson
Ce prêtre, né à St-Etienne-du-Bois, était vicaire à Bois-de-Cené, quand il fut nommé, en 1770, à la cure de Froidefont, par Mgr Gaultier d'Ancyse, évêque de Luçon. Il était parent, à un degré assez rapproché, de la famille Boislesve, originaire de Legé. Il mourut dans son presbytère en 1782.

- Julien Barbé
Né à Saint-Hilaire-du-Harcouet (Manche), cet ecclésiastique avait fait ses études à Nantes. Ce fut dans cette ville qu'il fut frappé de tonnerre pendant qu'il causait dans la boutique d'un cordonnier. La foudre brûla une partie de ses vêtements et on croit qu'il eut une jambe fracassée par le coup, car il était boiteux. Dans la suite, le bruit du tonnerre l'effrayait tellement qu'il s'enfermait dans sa chambre, se jetait sur le lit et se couvrait la figure jusqu'après l'orage. Agrégé au diocèse de Luçon, il fut nommé, par Mgr de Mercy, en 1782, à la cure de Froidefont. Il gouverna cette paroisse jusqu'à la Révolution et ne quitta son troupeau qu'avec beaucoup de peine, après avoir refusé le serment constitutionnel et après avoir fait faire la première communion aux enfants. Il retourna en Basse-Normandie, son pays natal, mais on garda de lui le meilleur souvenir.
Pendant la tourmente révolutionnaire, les secours religieux furent administrés, pendant la nuit, par plusieurs prêtres qui ne purent se décider à quitter la France au risque de payer de la vie leur dévouement aux âmes de leurs paroissiens. Nous devons nommer M. Jean Rohard, curé de Saint-Etienne-de-Mer-Morte, connu par les paysans sous le nom de Jean Gris, à cause de la grosse veste grise qu'il portait habituellement en parcourant les campagnes ... Il est mort et enterré dans sa paroisse.
M. Jacques Hervouet, alors curé de la Garnache, a laissé dans toute la contrée une mémoire entourée d'une grande vénération. Les paysans l'appelaient "le Bonhomme Jacques"  et il n'entendait que sous ce nom. Cet excellent prêtre se cachait souvent dans les bois et les genêts de Froidefont ; habituellement il séjournait au village de Mauvillon, chez un nommé Herbert, tanneur, qui avait toute sa confiance.
Après avoir été curé de la Garnache, même après la Révolution, et supérieur du petit séminaire des Sables, il s'est retiré chez les Pères de Saint-Laurent, où il est mort, comme un saint, en 1848.
Jusqu'en 1815, la paroisse de Froidefont fut desservie par les curés du voisinage et par les aumôniers résidant à la Babinière de la Garnache. Le plus connu a été M. l'abbé Fournier, l'un des derniers aumôniers de Mme de la Corbinière.

- Charles Jagueneau
Il naquit à Montaigu. On sait qu'il était prêtre avant la Révolution et même moine Augustin de la résidence de Beauvoir-sur-Mer, mais on ignore ce qu'il devint pendant les troubles de 1793. Il reparut en Vendée en 1801 et fut nommé à la cure de la Guyonnière ; mais peu après, impliqué dans un complot, tramé à Châtillon contre l'empereur Napoléon 1er, il fut accusé de cacher, dans son jardin, des munitions de guerre. Arrêté pour ce double motif, il fut conduit à Paris et enfermé dans la prison Sainte-Pélagie, d'où il ne sortit qu'après 10 ans de captivité.
A la rentrée des Bourbons en 1814, M. Jagueneau quitta la capitale et revint en Vendée. Il fut le dernier aumônier de Mme de la Corbinière, à la Babinière. Six mois plus tard, en septembre 1815, Mgr Faillou le nomma curé de Froidefont.
A son arrivée dans la paroisse, le nouveau pasteur fut reçu avec la plus grande joie, portant au front la double auréole du sacerdoce et de la persécution. Son premier soin fut de restaurer l'église. Pendant 14 ans, il gouverna les fidèles de Froidefont, dont il sut se faire aimer, ayant d'autre part les meilleures relations avec la noblesse du pays, qui voyait en lui un martyr de la cause monarchique. En 1829, âgé de 72 ans, accablé par les infirmités qu'il avait contractées durant sa longue captivité, il donna sa démission et se retira, comme prêtre habitué, à la Garnache, où il mourut en février 1830.
De 1829 à 1831, la paroisse fut desservie par les prêtres des paroisses voisines et spécialement par les vicaires de la Garnache.

- Joseph-Marie Bossard
Ce prêtre quitta de bonne heure le diocèse de Rennes, auquel il appartenait par sa naissance et se fixa, quelque temps, dans celui de la Rochelle. Au mois de février 1831, il se présenta à Mgr Soyer qui le nomma à la cure de Froidefont. Dans le mois de mai 1834, poussé sans doute par son zèle apostolique, il quitta la Vendée, et s'embarqua pour l'Amérique. C'est à la Martinique qu'il mourut en 1845, à l'âge de 50 ans.

- Jean-Marie Milcent
Il naquit dans la paroisse de Notre-Dame-de-Riez, au village de Saulnay, le 19 mars 1810. Son père, qui avait fait la guerre de la Vendée, dans l'armée de Charette, avec le titre de capitaine de paroisse, reçut, en 1814, une pension de Louis XVIII et plus tard de Charles X. Le fils eut pour les Bourbons le même attachement que son père, bien qu'il n'ait pas suivi la même carrière. Jeune encore, il fut envoyé au petit collège de la Garnache, puis au séminaire des Sables, et après avoir fait sa théologie au grand séminaire de Luçon, il fut ordonné prêtre, le 1er juin 1833, par Mgr Soyer.
L'abbé Milcent était vicaire de Challans, depuis un an, quand son évêque le nomma curé de Froidefont (1834). C'est à lui qu'on doit la reconstruction et l'agrandissement de l'église, la construction du clocher 1836-1837), l'érection du calvaire (1846), l'achat de trois belles cloches (1858) et l'établissement d'une école congréganiste (1876), qui continue à donner aux petites filles de la paroisse les avantages d'une éducation chrétienne.
Mgr Colet, évêque de Luçon, ayant convoqué une partie de son clergé en synode dans le mois de juillet de l'année 1866, l'abbé Milcent fut député, par le doyenné de Challans, pour le représenter dans cette pieuse et docte assemblée.
Ce vénérable prêtre mourut à la fin de l'année 1877 et fut remplacé par M. l'abbé Allaire, digne successeur d'un ecclésiastique aussi distingué.

LA MUNICIPALITE DE FROIDEFONT

Dans l'année 1800 et les suivantes, l'autorité civile était exercée, dans cette commune, par le nommé Jean Boucard, propriétaire à la Galloisière, qui avait le titre d'agent municipal.
En 1810, sous le premier empire, le titre de maire appartint à Jacques Robin, farinier à Moscourit, qui rendit service à différentes familles, à l'époque des levées en masse ordonnées par Napoléon Ier. Il porta, comme mariés, beaucoup de jeunes célibataires et les empêcha ainsi de partir pour l'armée et pour ... la mort. Sa manoeuvre ne fut point découverte.
En 1515, Jean-Louis Boilesve, propriétaire à la Charie, fut mis à la tête de la municipalité. Riche et intelligent, cet homme ne pouvait manquer d'avoir de l'influence sur ses concitoyens.
En 1826, il céda la place à son fils Louis-Germain Boilesve, qui fut maire jusqu'en 1830.
En 1830, Louis Blanchard, farinier, prit le fauteuil de la mairie et le garda jusqu'à sa mort, arrivée le 17 janvier 1845.
A cette époque, Louis-Germain Boilesve, propriétaire à la Galloisière, reprit ses fonctions, et les conserva, après avoir été plusieurs fois réélu, jusqu'en 1871.
Baptiste Minaud le remplaça pendant 4 ans et fut destitué le 13 mars 1874.
Honoré Doux ne fit que passer au pouvoir municipal.

A cette époque, la pénurie des hommes capables était telle que le Préfet, pour trouver un maire, dut chercher en dehors du Conseil. Baptiste Gelier, ancien lieutenant de mobiles en 1870, fut choisi par l'autorité supérieure, le 6 août 1874. Le choix fut approuvé de la population, puisqu'à plusieurs reprises, il fut confirmé par la majorité des électeurs. Il ne nous appartient pas de dire par suite de quelles circonstances, la municipalité a passé, depuis, en d'autres mains. Aujourd'hui, c'est Baptiste Minaud qui remplit les fonctions de premier magistrat dans la commune de Froidefont.

FAITS DIVERS

Dans l'année 1822, un enfant de 10 ans fut assassiné par sa propre mère, au pied de la croix. Cette femme habitait Bois-de-Cené, où son mari était journalier. Le père de la victime mit lui-même la justice sur les traces de la coupable, qui fut arrêtée, jugée et condamnée aux galères.

En 1825, le pays fut terrifié par la présence d'un loup-cervier. Cet animal se tenait habituellement dans les bois de Coudrie, d'où il faisait de fréquentes excursions vers Challans, la Garnache et Saint-Christophe, s'attaquant aux moutons, aux petits bergers, aux hommes même. Le nombre des victimes était considérable. Une immense battue fut organisée. L'animal, cerné au moment où il sortait du bois, se jeta sur un chasseur nommé Jean Bréchet, du village de Mauvillon. Celui-ci réussit à se défendre contre le loup, qui fut tué de plusieurs coups de fusil. Dans la contrée, on n'a pas encore oublié cette bête féroce qui fut mise à mort, au pont de la Sorlière, dans le petit chemin qui conduit à Coudrie.

La récolte des blés ayant manqué en 1847, la famine se fit horriblement sentir, dans le pays, pendant l'hiver suivant. En janvier, le froment se vendait 14 francs le boisseau, en février 16 et 17 francs, en mars et avril 20 et 23 francs. les boulangers ne pouvaient fournir le pain nécessaire et on les attaquait sur les routes pour les voler. Plusieurs familles ne vécurent que de son. Il paraît qu'à Saint-Jean-de-Monts certains pauvres, pour ne pas mourir de faim, furent obligés de couper la luzerne dans les champs et de la faire cuire comme des choux, afin de s'en nourrir. La misère fut telle, que les bourgeois de Challans, effrayés, se cotisèrent et firent venir 50 tonneaux de blé de Russie et d'Amérique ; ils rendirent ainsi un grand service à leurs concitoyens.

Le 21 décembre 1853, à 7 heures du soir, on ressentit, en Vendée, un tremblement de terre. Il y eut deux secousses très violentes. Les maisons furent ébranlées et, à Froidefont, plusieurs sources d'eau furent déplacées.

L. TEILLET
Curé d'Antigny
Revue du Bas-Poitou
1892 - 2ème livraison

1ère partie ICI

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