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La Maraîchine Normande
18 janvier 2013

LES "CANCANS BRETONS" ♣ 2ème partie et dernière partie

2ème partie et dernière partie

NUMERO PREMIER 

Sous titre : "Au profit de Béranger"

En tête, se trouve cette mention, non reproduite dans les exemplaires qui suivent :

"Cette feuille se vend 10 centimes, 1 fr. la douzaine, 6 fr. le cent.

"On recevra les offrandes des personnes qui voudront contribuer à adoucir le sort du malheureux Béranger.

"La vertu de la veille est un crime aujourd'hui".

Le premier article, FAISONS DES CANCANS, offre peu de caractère local, sauf ce petit passage :

" ... Permis à eux (aux Cancans) de se glisser bien bas, bien bas, de la bouche à l'oreille, de la Société de l'Amitié au Café de Bretagne, des guinguettes populaires dans les ateliers républicains ou carlistes ..."

Suit une note sur Béranger, "soldat fidèle", qu'une condamnation terrible" (?) vient de frapper. "Ses mains qui avaient porté les armes avec honneur seront bientôt chargées de fers de l'ignominie ..."

Puis viennent : LE TROUPIER AU TRIBUNAL, anecdote relative au jugement dudit "guerrier fidèle ;"

- UNE VERITE A PROPOS D'UN CONTE, fantaisie sur Louis-Philippe et sa fortune ;

- LE COUCOU, facétie de paysan ;

- LOGOGRIPHE SUR LE NOM DE CASIMIR PERIER, duquel on extrait les vocables les plus désastreux ;

- LES MOUSTACHES, anecdote sur le jeune Duc de Bordeaux ;

- COUPS DE SERINGUE, série de bons mots contre Louis-Philippe ;

Enfin une pièce de vers sentimentale, LE JEUNE PROSCRIT, dans laquelle Châteaubriand est appelé "noble soutien de l'innocence". Au bas, la signature : CHASSIN DE KERGOMMEAUX, éditeur.

Puis cette mention : "Se trouve à Rennes, chez Mlles Frout - Imprimerie de Mme Vve Frout".

Mme Frout avait son imprimeur rue Dauphine ; la librairie de Mlles Frout, tout probablement ses parentes, sinon ses filles, était située rue Lafayette. Les Cancans Bretons se trouvaient aussi chez M. Loinsard, marchand de gravures.

NUMERO DEUX

Sous-titre : "Au profit de Bérard". Débute par une apostrophe chaleureuse à Bérard, dont on envie "la glorieuse captivité".

- Réclamation de CHOSE AUX CANCANS qui l'avaient comparé à César.

- M. LE MAIRE ET LES CANCANS. M. le Maire ayant défendu aux Cancans de sortir de chez eux, le public vient les chercher à domicile.

- LE JUSTE MILIEU EN MASCARADE" ; défilé carnavalesque du ministère Casimir Périer.

- J'AVONS LA GRUE. Allusion faite à la fable des Grenouilles qui demandent un roi : le peuple reconnaît qu'il a maintenant sa grue.

- LA TETE DE SON PERE. Louis-Philippe revoit en songe la tête de son père qui lui rappelle qu'il a aussi trahi son roi.

- M. DE LA VILLATE. On rappelle l'héroïsme de M. de la Villate, chargé de veiller sur les jours du Duc de Bordeaux, qui sauva son père de l'échafaud pendant la Terreur.

- LES PROPOS DISCORDANTS. Application au gouvernement d'alors du petit jeu de société bien connu.

- IL PENSE A NOUS. "Il" c'est Henri V.

- COUPS DE SERINGUE, contre les d'Orléans.

- ANNONCES DE LIBRAIRIE, même sujet.

Pour finir, LES MAUX DU COEUR, chanson sur l'air : Je loge au quatrième étage. La politique du gouvernement à l'égard des Belges, des Polonais, des Canuts de Lyon, etc. donne des maux de coeur.

Comme signature, "Tharin, éditeur responsable".

 

 

NUMERO TROIS

"A nos amis".

- L'INTERIEUR DE SAINTE PELAGIE. Bérard y écrit "ces caustiques Cancans qui font les délices du peuple. Plus loin, Philippon grave d'une main hardie les infamies et les ridicules du jour ... De Brian, qui se regarde comme chez lui, sourit à leurs travaux ; Genoude retrace, dans une lettre satirique à Périer, les souvenirs de leur patrie commune ... On voit partout inscrits les noms des Kergorlay, des Conny, des Nugent, des Kercaradec, des Benoist et de tant d'autres ..."

- MASCARADE. Défilé du Juste Milieu en grotesque appareil, précédé du célèbre bossu Mayeux.

- LES DEUX OMBRES. A Neuilly, "dans ces bois solitaires où régnait autrefois une si douce paix," les ombres de Berri et du dernier des Condé apparaissent à Louis-Philippe terrifié.

- Par hasard, une note locale, que je transcris en entier. "Les impôts ne sont pas assez chers : il faut que le pauvre peuple paie la comédie pour ceux qui l'ont jouée pendant quinze ans. A Rennes, on augmente les droits d'octroi pour construire une salle de spectacle, et dans un temps si malheureux ! Est-ce là ce que vous appelez le gouvernement des masses, ou celui des massues ? "On dit que deux personnes gagneront à cette entreprise : c'est la consolation pour les trente mille habitans qui en feront les frais."

- ALLEGORIE : La France sauvée de sa perte par le jeune Henri.

- LE CARLISME : Il fait des progrès effrayants.

- LES CRUCHES : Autour de la plus belle, la plus grosse, pivote et tourbillonne toute une armée de cruches satellites : cruches à la Dupin, cruches Lobau, etc.,

- PAUVRE PEUPLE ! Deux anecdotes plus ou moins facétieuses.

- COUPS DE SERINGUE, toujours, visant le grand Poulot (le fils aîné de Louis-Philippe), M. d'Argout, etc.

Toujours aussi, pour finir, une chanson : LE PEUPLE SOUVERAIN, sur l'air : Halte là, la Garde Royale est là.

A PARTIR DU NUMERO QUATRE,

les Cancans Bretons semblent mériter à peu près leur titre. L'intervention de l'autorité judiciaire leur donne un caractère de vie rennaise qui leur manquait trop jusqu'alors. Ceux-ci sont "dédiés à la liberté de la Presse" et débutent par ce résumé :

SAISIE DES CANCANS, "Vendredi 9 mars 1832, se sont transportés, l'un à la librairie, l'autre à l'imprimerie de Mme Vve Frout, à l'effet d'y saisir les Cancans Bretons au profit de Bérard. Comme les Cancans avaient été rapidement enlevés par le public, ces Messieurs s'en sont retournés comme ils étaient venus, les mains vides. La même visite a eu lieu le même jour chez M. Louinsard, marchand de gravures, sans plus de résultat.

Courage, dignes suppôts des Gisquet et des Persil !

Chargez-vous de notre liberté, nous nous chargerons de votre renommée".

- PETITS CANCANS, VOUS L'AVEZ ECHAPPEE BELLE ! développement ironique des faits relatés ci-dessus.

- INTERROGATOIRE DES CANCANS. "C'était lundi dernier que les Cancans comparaissaient devant M. le juge d'instruction Lagrée. Bravo ! Messieurs les Persils de province ! ..." Parodie de l'entrevue entre le juge et les Cancans.

- VOUS AUREZ DES CANCANS.

- SAISIE DE LA LIBERTE. "Une pièce de vers intitulée : "la Liberté de 1830, ou le Patriote désabusé, et signée Léger Noel, vient d'être saisie par la police du Juste Milieu chez tous les libraires de Rennes ..."

- ALLEGORIE. "Une femme était malade : ce fameux docteur, gros, gras et bête, (Louis-Philippe) fit mieux que les autres : il la tua. Cette femme était la liberté."

- VIDOCQ MYSTIFIE.

- COUPS DE SERINGUE hebdomadaires, qui cette fois, s'attaquent à peu près uniquement aux commissaires de police et au juge d'instruction Lagrée, qui a voulu faire la grue, etc.

- Enfin, sur l'air de Calpidgi (?), la chanson finale : Ah ! j'somm't-il heureux à présent ! ...

Et pour terminer, cet Avis : "Les personnes qui voudront bien donner leur nom à M. Tharin, recevront les Cancans à domicile. La boîte aux Cancans est placée ex-rue Charles X."

NUMERO CINQ

"A l'armée française"

- BONAPARTE. On l'applaudit à la renaissance napoléonienne.

- LE DRAPEAU BLANC N'EST PAS CONSCRIT. Un jeune officier, fils d'un général de l'Empire, écrivait au maréchal, en lui envoyant sa démission : "Quoique bercé dans les trois couleurs, j'ai appris, en Espagne, en Morée et à Alger, que le drapeau blanc n'était pas plus conscrit que le drapeau tricolore."

- DIALOGUE HISTORIQUE ENTRE DEUX TROUPIERS, au sujet des évènements de Belgique et de Lyon.

- VIVE UNE BALAFRE ! Exclamation poussée par le duc de Bordeau, qui rêve batailles pour la gloire de son pays.

- CE CHER ENFANT ! C'est du même qu'il s'agit.

- SOLDATS FRANCAIS, ECOUTEZ ! Appel aux soldats, à propos des hésitations du gouvernement dans la conduite des affaires d'Algérie.

- BRAVOURE FRAN9AISE A ALGER. Quelques exemples d'héroïsmes donnés par nos troupes durant l'expédition de 1830.

- COUPS DE SERINGUE

- SOUVENIRS DE GLOIRE, chanson sur l'air : T'en souviens-tu ? pour célébrer l'expédition d'Alger.

NUMERO SIX

"En police correctionnelle"

- LIBERTE DE LA PRESSE. Les Cancans, après avoir reçu depuis la fin de Février, où ils ont commencé de paraître, trois visites d'huissier, et avoir comparu trois fois devant le juge d'instruction Lagrée, sont cités en police correctionnelle. Le jugement doit être rendu le 24 Mars.

- FANTASMAGORIE. Sont violemment ridiculisés : Dupin ; le Budget, "un gaillard de bon appétit" ; le duc d'Orléans, "grand flandrin" ; Louis Philippe, "gros, gras portefaix, à la tête piriforme ; "le Constitutionnel, la France nouvelle, le Nouvelliste". Conclusion : Au printemps, la fleur de lis va renaître et le duc de Bordeaux revenir.

- LA DUCHESSE DE BERRI ET SES ENFANTS. La Duchesse a placé ses enfants sous la garde du Ciel, qui ne trompera pas son attente.

- VERS ADRESSES AUX CANCANS, par un jeune poète, Léger Noel, qui promet qu'un jour on verra succéder, "... au sein d'un vaste azur, A l'arc en ciel de sang un arc en ciel plus pur."

- RECETTE POUR FAIRE UN EXCELLENT GOUVERNEMENT DE JUSTE-MILIEU. "Prenez une livre de stricte justice, une douzaine d'émeutes, quatre ou cinq cents procès à la presse, etc. et ne servez ni chaud ni froid".

- TRANQUILITE PUBLIQUE. Mention des troubles survenus en différents points du territoire.

- COUPS DE SERINGUE.

- REPONSE AUX SOUVENIRS DE GLOIRE, chanson qui fait de nouveau allusion à l'expédition d'Alger.

NUMERO SEPT

"Dédiés à la stricte justice".

- ANECDOTES SUR HENRI (le duc de Bordeaux).

- Nouvelle que Mme Frout a été condamnée à deux mille francs d'amende.

- HOGUET HAPPANT : Hoguet, c'est le substitut qui à requis contre les Cancans.

- PROFESSION DE FOI D'UN CHARLATAN, maître de langues à Neufchâtel, ferrailleur à Jemmapes. etc.

- COUPS DE SERINGUE.

- SON ELOGE, chanson contre Louis-Philippe.

En voici le premier couplet :

Lourd, large, épais, ventru, dispos,

Voilà le héros que je chante ;

Il est bête autant qu'il est gros,

Mais c'est une bête méchante.

Il jouit d'un grotesque renom ;

Il est aimé comme la peste :

Par un P commence son nom ...

Ah ! daignez m'épargner le reste.

NUMERO HUIT

"Quand même"

-SECOND PROCES

"Les Cancans Bretons dédiés à la stricte justice ont été saisis Lundi 2 Avril, à l'imprimerie et à la librairie de Mme Vve Frout, une demi-heure après le dépôt exigé par la censure libérale. Une nouvelle saisie a eu lieu à l'imprimerie, le même jour, à NEUF HEURES DU SOIR.

"Les articles incriminés - (cela se comprenait assez) - sont la profession de foi d'un charlatan, et la chanson intitulée Son Eloge.

"Une visite a aussi été faite chez M. Loinsard, sans aucun résultat.

"Jeudi 5, l'imprimeur des Cancans était encore appelé en police correctionnelle, pour le non-dépôt du Cancan "Au profit de Bérard". Mme Frout a fait défaut, et le tribunal a remis le prononcé du jugement au Samedi 7,

"Nous apprenons que toutes ces vexations, inouïes dans l'histoire de la restauration, sont dirigées par le procureur- général Hello, ancien avocat de Lorient, qui veut bien de la liberté pour lui, mais qui n'en peut souffrir chez les autres."

Le reste du numéro est plus banal :

- DIALOGUE ENTRE DEUX GARDES-NATIONAUX, Gibernot et Tambourin.

- UNE POIRE POUR LA SOIF ; semble viser le préfet de Rennes.

- QUE DITES-VOUS DU TEMPS ? braves gens de Juillet, qui cherchiez partout la Liberté qui vous tendait les bras.

- COUPS DE SERINGUE, à jet continu contre le substitut Hoguet, et contre Cadet, etc.

- LES CANCANS, chanson finale ... (illisible)

J'arrête ici cette analyse un peu brève, et forcément aride. Les Cancans Bretons ne sont malheureusement ni assez cancans ni assez bretons. Ils se bornent beaucoup trop à reprendre en sous-oeuvre les attaques de Bérard contre Louis Philippe et son entourage : et cela, naturellement avec infiniment moins d'originalité et d'esprit que le célèbre pamphlétaire. La valeur littéraire en est donc peu considérable ; la valeur documentaire l'est guère davantage. Les Rennais y trouveront, deci delà, quelques renseignements locaux ; mais surtout de violentes diatribes contre le Maire de Rennes, le Préfet, et cela va de soi, la magistrature.

En ce qui concerne, nous autres Malouins, j'ai fait remarquer que l'éditeur du premier numéro, et sans doute un des principaux collaborateurs des Cancans Bretons, était un de nos compatriotes, l'oncle propre du lieutenant-colonel territorial Chassin de Kergommeaux, décédé il y a environ un an.

En somme, cette publication a sa place dans l'histoire du journalisme en Bretagne, et, étant fort peu connue, méritait d'être signalée aux chercheurs et aux érudits.

Georges SAINT-MLEUX

Annales de la Société historique et archéologique

de l'arrondissement de Saint-Malo

1902

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