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La Maraîchine Normande
12 janvier 2013

UNE PETITE COMMUNE DE VENDÉE ♣ LA LIMOUZINIERE ♣ 6ème partie : La période révolutionnaire

LA PERIODE REVOLUTIONNAIRE

FORMATION ET DEBUT DES MUNICIPALITES

Le 12 juillet 1787 apparaît la règlementation légale concernant la formation des municipalités.

L'assemblée comprend : le seigneur, le curé et un nombre variable d'élus qui est, suivant l'importance de la paroisse, de 3, 6 ou 9 membres.

Sont électeurs les habitants payant plus de 10 livres d'impôts, et éligibles ceux payant, au minimum, 30 livres.

Quelques temps avant la réunion des Etats Généraux à Versailles, le 5 mai 1789, ces assemblées paroissiales rédigent les "Cahiers de doléances". Ceux-ci comprennent les principales revendications des trois ordres, Tiers-Etat, Clergé et Noblesse. Ils sont destinés à être examinés par les Etats Généraux. Nous ignorons ce que contenait celui de La Limouzinière, il devait, dans son ensemble, être semblable à la majorité de ceux établis dans le reste de l'Ouest. Nous savons seulement de lui qu'il ne fut pas porté par les Députés du lieu à l'Assemblée Provinciale qui se tint à Poitiers, mais envoyé par la poste en avril 1789. Comme maintenant, la commune devait se trouver voisine de la pauvreté, et ne put faire l'effort financier nécessaire pour envoyer ses députés à l'Assemblée Provinciale.

Pour être élu représentant de l'assemblée locale à cette réunion, il fallait être : membre du Tiers-Etat, de nationalité française, âgé de 25 ans au moins, avoir son domicile dans la paroisse et être compris au rôle. Les paroisses avaient droit à deux députés par 200 feux, plus 1 siège par 100 feux supplémentaires.

La Chaize-le-Vicomte comptant, alors, 150 feux, La Limouzinière ne dut pas avoir droit à plus de deux députés.

Les députés réunis, en Assemblée Provinciale, à Civray, avaient droit à une indemnité de 6 livres par jour de présence, ceux réunis à Saint-Maixent (l'Ecole), à 5 livres, les uns et les autres pouvaient prétendre à une indemnité supplémentaire de 3 livres par jour de voyage.

 

MESSIRE MODESTE-MARIE-JEAN ROUVIERE

Maire de 1789 à 1793

Il fut le premier maire de la commune. La date de son élection est incertaine, peut-être, fut-il élu en 1787, lors de la formation des premières municipalités ou, un peu plus tard, en 1789 ou 1790, époque où nous le voyons agir en qualité de député de la commune ou de représentant du canton de la Chaize-le-Vicomte.

Il naquit à Aizenay, le 17 juin 1754, du mariage de maître Jean-Aimé Rouvière, notaire et procureur fiscal de cette châtellenie et de Marie-Thérèse Gaultier. Il habitait la Limouzinière, depuis son mariage, en qualité de fermier ou receveur du comte de Mesnard, seigneur des Ardias, la Prévoisière, la Gandouinière et autres lieux. Le 25 janvier 1780, il avait épousé à Aizenay Marie-Anne-Thérèse Boisson, fille de Jean Boisson, sieur de Maisonneuve, marchand tanneur à la Chaize-le-Vicomte et de Marie-Anne Gennet.

Les Rouvière habitaient Saint-Christophe-du-Ligneron dès le début du XVIIIe siècle et s'établient à Aizenay où ils furent notaires, huissiers, procureurs, etc ... Un frère de Modeste-Marie-Jean Rouvière était avocat en parlement et sénéchal de Challans, et plus tard, pendant la Révolution, administrateur du département.

Le 29 juin 1790, il se trouve à Fontenay-le-Comte et assiste dans le couvent des Cordeliers à la réunion des électeurs de Vendée qui procédèrent à l'élection des membres de l'Assemblée départementale. Les autres électeurs du canton de la Chaize-le-Vicomte étaient : Louis Gennet, notaire (son oncle), René Rigolage, marchand, René Micheau, tanneur, Jean Billaud, fermier, Etienne Giraudeau, marchand, Alexandre Galipaud, propriétaire et Gabriel Boisson, tanneur, Pichard du Page, maire de Fontenay-le-Comte fut élu procureur syndic du département.

Le 12 juillet suivant a lieu la publication de la "Constitution Civile du Clergé", et, le 27 novembre, un décret ordonne à tous les prêtres exerçant des fonctions publiques (curé ou vicaire) de prêter le serment suivant : "Je jure de veiller, avec soin, aux fidèles, dont la direction m'est confiée ; d'être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, de maintenir de tout mon pouvoir la Constitution française et notamment les décrets relatifs à la Constitution Civile du Clergé".

C'est la dernière partie de la formule du serment imposé qui devait amener la majorité des prêtres vendéens à le refuser. En effet, nous comptons 159 assermentés, contre 195 insermentés, et comme une forte partie de ceux-ci le firent avec une restriction mentale quant à la partie incriminée, ou bien se rétractèrent par la suite.

Dans le seul district de la Roche-sur-Yon, les deux tiers des ecclésiastiques ne prononcèrent pas la formule que leur conscience leur interdisait : l'abbé Raimbert fut de ce nombre.

quelle fut, à cette occasion, l'attitude du premier magistrat municipal, nous ne le savons pas, car aucun écrit et aucune tradition ne sont venues jusqu'à nous pour nous permettre d'en juger. Cependant quoique conquis aux idées nouvelles, nous ne pensons pas qu'il s'opposa au ministère de son curé.

Le 20 juin 1791 eut lieu la fuite du Roi à Varennes, et, le même jour, paraît un décret qui prive de leur traitement tous les insermentés. Le pasteur de Notre-Dame peut cependant continuer à exercer son ministère au sein de ses paroissiens.

Le 30 juin 1792, un arrêté du Directoire du département oblige tous les prêtres insermentés à se rendre à Fontenay-le-Comte.

En juillet 1792, menacé d'incarcération, Mre Raimbert préfère l'exil, il se dirige sur les Sables-d'Olonne après avoir apposé une dernière signature sur les Registres Paroissiaux le 15. Il embarque, après quelques difficultés, sur le sloop La Providence le 25 juillet. Débarqué quelques jours après en Espagne, il se retire à Brionne, dans la Vieille Castille. C'est là qu'il devait trouver la mort, au début de 1795, très regretté de ses paroissiens et de son évêque, Mgr de Mercy.

Le 2 septembre suivant, Modeste Rouvière procède avec ses collègues électeurs à l'élection des représentants à l'Assemblée Nationale, élection qui a lieu dans l'église de la Châtaigneraie.

Au moment des premiers troubles, toujours imbu des sentiments républicains, il quitte famille pour s'enfuir avec les troupes bleues. Il devait trouver la mort à la fin de 1793 ou au début de 1794, près des Moutiers.

 

DESTRUCTION DE L'EGLISE  

Le 24 mars 1794, le Général Turreau, commandant en chef de l'armée de l'Ouest, ordonne au Général Huché, commandant à Luçon, de faire effectuer un mouvement d'encerclement vers Luçon du secteur délimité par Sainte-Hermine-Chantonnay, La Chaize-le-Vicomte, Château-Fraomage-Le Bourg-sous-la-Roche, Le Tablier et La Claye : à l'intérieur de cette zone se trouve LA LIMOUZINIERE.

"Toutes les subsistances qui en proviennent seront reversées, ainsi que les bêtes à cornes sur Luçon. Aussitôt les enlèvements faits, tous les bourgs, villages, hameaux, fours et moulins, seront entièrement incendiés, sans exception. Bien entendu que ceux qui auront pris part, soit directement, soit indirectement, à la révolte de leur pays, seront exterminés sur le champ."

On ne peut guère concevoir ordre plus barbare et sanguinaire et, pourtant, le 28 mars suivant, Huché devait se montrer plus sauvage encore en dictant et en veillant personnellement à l'exécution des deux ordres suivants :

"A Luçon, 7 germinal an II

Au commandant ..., à ...

Je te préviens, commandant, que par l'ordre que j'ai, il m'est ordonné de faire évacuer tous les individus compris dans les communes dont je t'envoie le détail. Tu auras la plus scrupuleuse attention, mon camarade, de faire faire, avant l'évacuation des habitants l'enlèvement des grains, fourrages et bestiaux de toute espèce, en te faisant fournir militairement les voitures attelées que tu pourras te procurer, pour en faire le versement sur Luçon, où les magasins sont préparés. Quant aux effets des habitants, tu leur ordonneras de les mettre à l'écart de leur domicile, de manière que l'incendie, que je t'ordonne, puisse les conserver.

Tu tâcheras spécialement de faire démolir les fours, brûler les moulins à vent et à eau. La moindre omission d'un de ces deux objets est sous ta responsabilité rigoureuse ; car il faut employer envers les scélérats brigands tous les moyens qui tendent à leur anéantissement.

Tu préviendras les habitants de se retirer, partir avec toi et suivre la colonne, en leur assurant que quiconque mépriserait l'exécution de cet ordre, s'il était rencontré dans sa commune après ton départ, serait fusillé sans rémission, de quelque sexe et de quelqu'âge qu'il soit."

Crois et tel qu'il est vrai, camarade, que je passerai ma revue et que, d'après elle, je rendrai bon ou mauvais compte de ta conduite, de laquelle d'avance je suis agréablement prévenu, puisque tu fais partie des vrais républicains. Pénétré de ce sentiment, j'ose croire que tu n'écouteras ni prières, ni sollicitations, et que tu ne considèreras que l'envie de terminer une guerre déjà de trop de durée dans ce pays. C'est par sa fin que nous espérons nous faire redouter, à l'exemple de nos frères dans celle des tyrans couronnés, qui peuvent être assimilés aux brigands.

Salut et fraternité

Huché"

"Au citoyen Martinière, capitaine commandant le 3e Bataillon de la Vienne, Au citoyens Percebois, commandant le Bataillon de l'Union, Au citoyen Bertrand, commandant le poste de La Coudraye, Au citoyen Bardou, commandant le poste des Moutiers-sur-le-Lay.

Il vous est ordonné de partir de suite avec votre bataillon sans sacs, pour se rendre et passer à Féole, Pont-Charrault, Chantonnay, Puybelliard, Sigournais, Saint-Germain-l'Aiguiller, Saint-Vincent-Sterlange, Sainte-Cécile, Saint-Martin-des-Noyers, Saint-Hilaire-le-Vouhis, La Réorthe, pour rentrer au Simon-la-Vineuse ; à Puymaufrais, Sainte-Pexine, La Jaudonnière, et rentrer aux Moutiers-sur-le-Lay ; à Bournezeau, Les Pineaux, et rentrer aux Moutiers ; à Mareuil, Bellenoue, Château-Guibert, Thorigny, La Chaize-le-Vicomte, La Limouzinière, Saint-Florent-des-Bois, Le Tablier, Nesmy, Chaillé, Rosnay.

Huché".

Nous avons interrogé à ce sujet, en 1952, M. Chaigne, dont la famille résidait à la Limouzinière bien avant la révolution. Voici ce qu'il a bien voulu nous dire :

"C'est fin mars 1794. Les bleus occupent le château des Ardias, et les blancs le bourg. La route qui relie, actuellement, l'un à l'autre n'existait pas à cette période, il n'y avait qu'un chemin creux, semblable à tous les vieux chemins du bocage vendéen.

Un dimanche matin, une messe est célébrée dans l'église, en présence du général Caillaud, divisionnaire de Charette. Peu de monde y assiste en raison de la proximité des Républicains. Tout à coup, le sauve qui peut est lancé par l'éclaireur posté dans la tour bénédictine du clocher. Les bleus se dirigent sur l'église. Les fidèles évacuent précipitamment le lieu saint. Quelques temps après, celui-ci est livré à la proie des flammes par les Révolutionnaires qui exterminent les pauvres malheureux qui n'ont pas pu s'échapper, assez rapidement.

Dans l'après-midi du même jour, les bleus attaquent les moulins de la Gandouinière, la Gaudinière et de la Grolle qu'ils détruisent après s'être emparés du froment qu'ils contiennent.

Quelques temps auparavant, mon grand oncle, meunier à Mareuil, avait été exterminé avec sa famille. L'une de mes grandes tantes, alors âgée de 14 ans, demeurait à l'Imbretière, paroisse de Saint-Florent. Elle fut arrêtée par les bleus et conduite au château des Ardias, d'où elle put s'évader à la faveur de l'obscurité. Elle se retira, avec sa grand'mère, dans les landes nombreuses à cette époque, les terrains étant pour la plupart sans culture, du fait du départ des hommes à la suite de l'armée vendéenne. Elle y vécut jusqu'à la fin de la tourmente, ravitaillée, la nuit, par Jacques Giraud, meunier, avec qui elle se maria par la suite."

Nous devons considérer comme certain, dans son ensemble, le témoignage de M. Chaigne. Il tient lui-même l'exposé de ces faits de ses grands-parents, descendants directs de ceux qui vécurent cette période tragique de notre histoire nationale et locale.

Un seul point de la tradition semble cependant devoir être infirmer, celui du peu de victimes de l'incendie de l'église. A notre avis, l'alerte dût être donnée trop tardivement pour permettre à toute l'assistance de s'enfuir assez rapidement, sinon, comment expliquer la présence, en grand nombre, des ossements qui furent découverts sur le dallage de l'église, en 1936, lors des travaux partiels de déblaîment.

Le 2 avril suivant, le capitaine Gay-Martinière, commandant le 3e Bataillon de la Vienne, rend ainsi compte de sa mission :

"... J'ai parcouru dix-huit endroits. Je me suis spécialement attaché à démolir et à brûler les moulins à eau, et quand je n'ai pu brûler les moulins à vent, à défaut de bois et eu égard à leur hauteur, j'ai fait briser la fourche, le frein et le rouet ce qui équivaut au feu ..."

Il est difficile, en présence de tels ordres et de tels compte rendus, d'ajouter aux faits brutaux. Ils se suffisent largement par eux-mêmes.

Cavoleau, quoique prêtre apostat, les qualifie de "barbare, exécuté avec plus de barbarie encore qu'il n'avait été dicté".

... à suivre ...

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