PIRON, DIT DE LA VARENNE, du lieu de ce nom, où il prit naissance vers l'an 1755, et qui est situé près d'Ancenis, fut un des meilleurs chefs de l'armée vendéenne.

Issu d'une famille noble, il quitta en 1791 la France avec ses parens, et servit quelque temps à l'armée des princes dans le corps des chevau-légers.

En 1793, il se retrouva en Bretagne, lorsqu'on venait de découvrir les papiers de La Rouairie, qui contenaient les dispositions des habitans de ce pays contre le gouvernement républicain. Piron prit aussitôt part à l'insurrection, s'unit à Scheton, et se mit à la tête des ouvriers des mines de Montrelais.

Sa première expédition se dirigea contre Oudon, qu'il attaqua ; mais les Nantais battirent les insurgés et les chassèrent de la rive droite de la Loire.

Piron passa alors sur la rive gauche de ce fleuve, y joignit les Vendéens, avec lesquels il se couvrit de gloire à la bataille de Vihiers, et contribua à la déroute des républicains, commandés par Santerre, brasseur à Paris, Piron se conduisit dans cette sanglante bataille (17 juillet 1793) avec une telle valeur, qu'on l'appela dès lors le héros de Vihiers.

Après les premiers désordres, inséparables dans une armée indisciplinée, les chefs royalistes avaient formé un conseil supérieur où l'on décidait des affaires les plus importantes.

Ce conseil donna ordre, le 18 septembre suivant, à Piron, d'aller combattre l'armée de Santerre. Avide de gloire, et plein de zèle pour la cause qu'il défendait, il réunit 10.000 hommes avec trois pièces d'artillerie. Son avant-garde occupa Coron, et reçut l'ordre de se replier à la vue des républicains, afin de les attirer et leur faire quitter les hauteurs, d'où ils auraient pu écraser les Vendéens. Santerre tomba dans le piège. Fier de la retraite des royalistes, il s'avance tambour battant, et fait marcher son avant-garde sur Coron. Mais, pour y arriver, son armée devait passer un chemin étroit formé par deux montagnes. Son artillerie s'y trouva bientôt engagée. Dans ce moment, Piron vint attaquer les républicains, et tandis qu'ils cherchaient à dégager l'artillerie, un des corps ennemis, ne se voyant pas soutenu, se replia, rompit la ligne, et la confusion se mit entre eux. Piron obtint une victoire complète, et s'empara de la plus grande partie de l'artillerie des ennemis ; ce fait d'armes, si glorieux pour Piron et les Vendéens, est connu sous le nom de déroute de Santerre.

Le vainqueur fut mis à la tête d'une division, et cueillit de nouveaux lauriers aux batailles de Mortagne, de Chollet, ainsi que dans les expéditions au-delà de la Loire, à Laval, à Granville, et plus particulièrement encore au Mans, à Savenay, où il commandait l'arrière-garde, et où, malgré tous les efforts de la valeur la plus héroïque, il ne put empêcher la défaite des Vendéens. Cette défaite ayant amené la dispersion de l'armée royaliste, Piron se tint caché dans les environs de Nantes pendant quelques mois, essaya de soulever les Chouans ; mais, poursuivi de tous côtés, il tenta de repasser la Loire. Ils espérait y rejoindre les Vendéens et être encore utile à la cause des Bourbons.

Il se jeta dans un bâteau, et commençait à passer le fleuve, lorsqu'il fut aperçu par une canonnière républicaine qui lui donna la chasse, atteignit son bâteau, et Piron fut tué de plusieurs coups de fusil (mars 1794).

Parmi tous les héros de la Vendée, Piron fut un de ceux qui se distinguèrent le plus par ses talens militaires, par sa bravoure, et par son humanité. Son nom est encore célèbre dans les chants des Bretons et des habitans du Poitou.

Dictionnaire Historique

des Hommes qui se sont fait un nom par leur génie,

leurs talens, leurs vertus, leurs erreurs ou leurs crimes.

Par F.-X. DE FELLER

Tome X - 1834

Dans les registres d'état-civil de La Varenne, on trouve un acte de naissance de Marie-Aimée Piron du 12 décembre 1757 ; son père étant "noble homme Dominique Piron, procureur au présidial de Nantes, et sa mère, Janne Guiloris (?). Il semble possible qu'ils soient également les parents de Dominique Piron, dit Piron de la Varenne ; mais pour l'heure, aucun acte n'a pu me le confirmer ...

Cette recherche sur Dominique Piron m'a conduite sur une légende, appelée "La légende du Trou Bleu" et qui nous relate une aventure qui lui serait arrivée avec son ami De La Rochejaquelein : voici son contenu :

LA LÉGENDE DU TROU BLEU

 

 

Il y a bien longtemps, en 1793, la France était déchirée par de multiples guerres civiles dont la plus sanglante fut la guerre de Vendée qui opposa Les Républicains (l'armée française) à l'armée vendéenne. La dernière grande bataille de cette guerre se déroula à Savenay et fut perdue par les Vendéens le 23 Décembre 1793 ; beaucoup d'entre eux y furent tués.

Piron De La Varenne, un chef vendéen, tout comme Caoudal et De Charette, fuyait les Républicains avec son ami De La Rochejacquelein. Ils arrivèrent à Lavau, commune située à 10 km de Savenay en bordure de Loire, épuisés, mal rasés, les vêtements déchirés ; on ne les reconnaissait qu'aux couleurs rouges et blanches de leurs foulards et  leurs insignes vendéens sur lesquels on lisait "DIEU LE ROI". Nos deux héros voulaient traverser La Loire pour rejoindre leurs familles en Vendée. Les colonnes infernales de l'armée républicaine poursuivaient nos deux chevaliers. Elles saccageaient, brûlaient, pillaient tout sur leur passage.

Nos deux Vendéens erraient dans Lavau quand soudain, des boulets de canon tirés par les Républicains situés sur la butte de Savenay, s'écrasèrent sur l'église (de nos jours les boulets sont toujours visibles). Nos chevaliers s'aperçurent qu'ils étaient cernés.

Le cheval de De La Rochejacquelein fit tomber son cavalier et piétina méchamment le chef vendéen. L'animal appartenait à l'armée républicaine. Piron pleurait à chaudes larmes car son meilleur ami venait de périr sous ses yeux. Il fuit avec son cheval à l'intelligence humaine vers un petit lieu-dit de Lavau, près du bord de Loire, nommé Le Trou.

 Alors que Piron et son destrier s'approchaient, une colonne infernale cachée derrière un rocher épiait nos héros. Son cheval l'avait prévenu du danger qu'il courait car il possédait un pouvoir magique : la parole humaine. Piron tenta de s'enfuir mais l'armée ennemie le surprit et lui barra le passage. Le Vendéen reconnut les Républicains à leur uniforme bleu et à leur cocarde tricolore. Il prit peur en identifiant le chef républicain Carrier qui était très cruel car il avait noyé des milliers de Vendéens à Nantes en 1790.

Les Républicains crurent que Piron allait se rendre mais ils furent surpris quand ce dernier s'élança courageusement aidé par son cheval qui se battait tel un homme. L'animal se mit sur les deux pattes arrières et donna des coups de sabots et de museau aux ennemis. En quelques minutes, tous furent tués. Le chef vendéen mit ses adversaires dans un sac plein de pierres et les noya. En regardant La Loire, il aperçut un faisceau lumineux qui provenait du fond de l'eau. Petit à petit, grâce au sang bleu des Républicains, l'eau s'éclaircissait, devenait azur, puis limpide, alors que le faisceau s'élargissait. C'était une porte secrète en granit bleu. Depuis ce jour selon la légende, le petit hameau se nomme "LE TROU BLEU". De plus, au début du XXème siècle, on exploita une carrière de granit dans ce trou.

 Il ouvrit la porte, entra dans le passage secret, et crut passer directement en Vendée, mais malheureusement le passage secret était peuplé de gros ragondins.

Alors que Piron cherchait une issue pour aller au sud de La Loire, les ragondins l'attaquèrent ; notre chevalier eut peur et rebroussa chemin. En s'enfuyant il trébucha, s'arrêta et regarda ce sur quoi il avait marché. C'était un magnifique anneau en granit ; il le prit pour l'offrir à sa femme qui l'attendait en Vendée. Notre ami nettoya l'anneau et il vit sur celui-ci le reflet d'un visage qui lui souriait ; il comprit alors que la pierre de granit était magique. Ils sortirent tous les trois du souterrain.

Piron contemplait l'anneau et dès qu'un rayon de soleil tapa sur ce dernier, une force incroyable se dégagea du granit et elle construisit un pont au dessus de La Loire. Le chevalier et sa monture traversèrent le pont, des Républicains les poursuivaient, ils étaient divisés en deux colonnes, l'une sur le pont, l'autre dans la barque qui naviguait sous le pont.

Arrivé en Vendée, Piron s'aperçut que la colonne située sur le pont était au dessus de la barque, cela lui donna une idée... Il ordonna à l'anneau de faire disparaître le pont. Celui-ci s'effaça, les cavaliers tombèrent dans la barque qui coula sous son poids. La légende dit que l'abbé Guihard retrouva près du Trou Bleu une barque pleine de cadavres.

De retour dans son village natal, Piron ne fut point reconnu par sa femme car il était très épuisé. Elle se souvint de son mari grâce à la rare intelligence de son cheval qui lui raconta toute leur histoire. Piron lui offrit l'anneau. 

♣♣♣

Pour terminer cet article, et pour rendre hommage aux habitants de la Varenne disparus le 17 mars 1794, je souhaiterai, ici, en donner la liste qui, bien sûr, ne peut se dire complète: 

(Rien sur le registre, hélas, n'indique la cause du décès de ces trente-cinq personnes, mais il ne paraît pas présomptueux de penser qu'il ne s'agit pas là de morts naturelles ...)

MARTYROLOGE LA VARENNE  

Le 27 ventôse an II (17 mars 1794) 

1  Louis Jouis, laboureur, âgé de 69 ans

2  Jean Jouis, laboureur, âgé de 46 ans

3  Jacques Jouis, laboureur, âgé de 17 ans

4  Julien Coiffard, laboureur, âgé de 50 ans

5  Pierre Buteau, laboureur, âgé de 53 ans

6  Pierre Michel Poilane, laboureur, âgé de 55 ans

7  Jean Tulleau, laboureur, âgé de 50 ans

8  Pierre Toublant, laboureur, âgé de 72 ans

9  Pierre Lemercier,laboureur, âgé de 32 ans

10 Renée Mandin, âgé de 46 ans

11 Pierre Moreau, laboureur, âgé de 77 ans

12 Jacques Redureau, âgé de 78 ans

13 Jean Sebron, talandier, âgé de 60 ans

14 Pierre Brilleau, maçon, âgé de 75 ans

15 René Moreau, laboureur, âgé de 50 ans

16 Philippe Marchand, âgé de 72 ans

17 Pierre Abline, laboureur, âgé de 91 ans

18 René Brilleau, laboureur, âgé de 55 ans

19 Louis Subileau, laboureur, âgé de 60 ans

20 Pierre Jouis, laboureur, âgé de 44 ans

21 Julien Sebron, laboureur, âgé de 50 ans

22 Julien Emeriau, laboureur, âgé de 57 ans

23 Jean Durabier, laboureur, âgé de 55 ans

24 Olivier Paigné, laboureur, âgé de 39 ans

25 Jean Penote, laboureur, âgé de 65 ans

26 Jean Rinete, laboureur, âgé de 48 ans

27 Perine Robain, âgée de 80 ans

28 Pierre Moreau, laboureur, âgé de 50 ans

29 Jacques Guiote, laboureur, âgé de 54 ans

30 Pierre Toublant, métayer, âgé de 35 ans

31 Louis Durasier, âgé de 75 ans

32 Jean Rouselière, laboureur, âgé de 79 ans

33 Michel Aper, âgé de 75 ans

34 Jacques Moreau, laboureur, âgé de 45 ans

35 Jacques Jouis, âgé de 67 ans