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La Maraîchine Normande
3 janvier 2013

L'ABBÉ LOUIS-MICHEL VOYNEAU ou les énigmes biographiques d'un héros Vendéen

 

Il est vraiment curieux que la vie d'une personnalité telle que celle du dernier curé de Notre-Dame du Luc, Messire Louis Michel Voyneau, pose à l'historien de nombreuses énigmes, alors que sur les détails, tout au moins matériels, de sa mort, la tradition est si précise.

C'est à essayer, sinon de faire disparaître, tout au moins d'éclairer les ombres qui nous voilent ce personnage, si émouvant par son sacrifice final, qu'est consacrée cette étude.

De quelle famille était issu ce prêtre ? Où naquit-il et de quels parents ? Pourquoi vint-il terminer ses fonctions ecclésiastiques dans la plus petite paroisse du diocèse de Luçon ? Autant de points à élucider ; mais auparavant résumons, en quelques lignes, ce qui est certain.

 

Messire Louis Michel Voyneau, dernier curé de Notre-Dame du Luc, trouva la mort, ainsi que 563 habitants des deux paroisses de Saint-Pierre et Notre-Dame du Luc, lors du massacre du 28 février 1794. Il fut assassiné non loin de ces deux églises, au gué de la Malnaye, par un groupe de soldats faisant partie de la "colonne infernale" commandée par le général Cordelier-Delanoue, alors qu'il se dirigeait vers cette troupe pour essayer, sans doute, de la détourner de la pointe du coteau du Petit-Luc. Là, s'étaient réfugiés en effet dans et devant l'église Notre-Dame, les derniers habitants survivants des deux paroisses, fuyant de toute part les soldats républicains, qui les chassaient devant eux "comme le chien du berger poursuit les moutons".

Sitôt aperçu, sitôt saisi, le curé Voyneau fut, avant d'expirer, atrocement mutilé, férocement ; ses bourreaux lui arrachèrent le coeur et la langue. Ce n'était pas, pour cette colonne, le premier exploit de ce genre !

Une stèle a été érigée, en 1948, à quelques mètres de l'emplacement où eut lieu le supplice.

Après ce forfait, la soldatesque, mise en goût, poursuivit rapidement sa route et, arrivée à la pointe du coteau, y extermina la totalité de ceux qui s'y trouvaient réunis, dans et devant l'église. Pour parfaire son oeuvre, elle mit le feu à celle-ci et acheva de la détruire à coups de canon.

L'ÉNIGME DE LA FAMILLE

Dans un essai antérieur, nous avons relaté que ce vénérable prêtre appartenait, indiscutablement à la famille Voyneau, originaire de la principauté-pairie de la Roche-sur-Yon, dont les branches s'étaient successivement fixées au Bourg-sous-la-Roche, à Saint-Étienne-du-Bois, à Saint-Denis-la-Chevasse, au Luc etc ...

N'étant pourtant pas arrivé à trouver trace matérielle de la naissance de Louis Michel, il nous avait fallu opter entre deux hypothèses : l'une, qui l'aurait situé dans la branche Voyneau, seigneurs du Plessis-Mauclerc, de la Touche, etc ..., fixée au Bourg-sous-la-Roche et anoblie au XVIIIe siècle ; l'autre, qui l'aurait placé dans la branche Voyneau, sieurs de la Couperie, du Bourg-sous-la-Roche également avec rameaux à Saint-Étienne-du-Bois, Saint-Denis, le Luc), demeurée bourgeoise.

Sans doute, nous avions bien remarqué que, le 21 décembre 1760, Messire Louis Michel Voyneau, à ce moment curé de Saint-André-d'Ornay, (paroisse limitrophe de celle du Bourg-sous-la-Roche), avait vendu une métairie, située au Bourg-sous-la-Roche, au village des Touches. De même nous avions constaté qu'il était titulaire de la Chapellenie des Voyneau à Luçon, bénéfice à la présentation des Voyneau.

Ne pensant pas, pourtant, pouvoir tirer de ces deux faits arguments suffisants pour pouvoir inclure Louis-Michel Voyneau dans la branche Voyneau du Plessis, nous avions estimé, finalement, devoir nous en tenir à l'opinion antérieure qui le faisait naître à Saint-Étienne-du-Bois et le situait, ainsi, dans un rameaux de la branche de la Couperie.

Depuis lors, les deux indications relatées ci-dessus (vente des Touches et Chapellenie à Luçon), que nous n'avions pas à l'époque, trouvées suffisamment probantes, ont été complétées par des précisions apportant, nous a-t-il semblé, sinon une preuve scripturaire formelle, tout au moins une forte présomption que Messire Louis Michel Voyneau devrait plutôt être rattaché à la branche des seigneurs du Plessis.

Si, en effet, et sans que cela ait pu suffisamment influencer notre option, nous avions déjà eu, en 1947, connaissance, de la qualification de "la Touche", prise par Noble et Puissant René Voyneau, sieur de la Touche et du Plessis, lors du mariage de sa fille Anne en 1552, nous avons trouvé, depuis, le même qualificatif, porté, en 1789, par un descendant de ce dernier, Jean-Baptiste-Jacques Voyneau, seigneur d'Orion, Villeneuve, les Touches, etc ..., fils de Louis-Charles-Édouard Voyneau, Seigneur du Plessis Mauclerc, ce qui nous permet de penser que les Touches étaient un bien des Voyneau du Plessis.

D'autre part, nous avons également constaté que certains membres de la famille Voyneau habitaient Luçon et que, même, Armande-Pélagie, fille de Louis-Charles-Édouard, sgr du Plessis Mauclerc, y était née en 1768. Il n'est donc pas exclu d'en déduire que la Chapellenie des Voyneau, à Luçon, dont M Louis-Michel Voyneau était titulaire, était à la présentation des Voyneau du Plessis ; d'autant que la rente de 30 livres dont cette Chapellenie était dotée était à prendre sur la maison de Mme de Regnon à Luçon. Or, parmi les ascendances féminines des Voyneau du Plessis, figure une Isabeau Regnon.

Enfin, le 28 juillet 1786, Messire Louis-Michel Voyneau, curé de Notre-Dame du Luc, faisait une déclaration à la Châtellenie du Perrier, comme titulaire de la Chapellenie Sainte-Marguerite du Plessis-Mauclerc au Fenouiller. Le Plessis Mauclerc appartenait encore, à cette époque, aux Voyneau du Plessis. La Chapellenie Sainte-Marguerite avait eu, du reste, antérieurement, comme titulaire, Messire Louis-Joseph Voyneau du Plessis, curé-doyen de Fontenay, mort en 1776. Sous le nom de Louis-Joseph Voyneau, il en avait été, une première fois, titulaire en 1732-36, puis elle lui avait été retirée et lui était enfin revenue vers 1750, et il l'avait conservée jusqu'à sa mort, en 1776.

Les indices vagues que nous possédions en 1947, de la possibilité de l'appartenance du curé de Notre-Dame du Luc à la branche Voyneau du Plessis, paraissent, ainsi confirmés par des précisions valables.

L'ÉNIGME DE LA NAISSANCE

Le problème de la naissance, (quels parents, quel lieu) reste néanmoins posé ; peut-être pourrait-on en proposer la solution suivante :

Si nous étudions, de près, dans la branche Voyneau du Plessis, la génération qui est celle du curé de Notre-Dame du Luc, c'est-à-dire celle qui naquit entre 1710 et 1730, nous remarquons que Messire René-Louis Voyneau du Plessis, seigneur du Plessis Mauclerc et autres lieux (né vers 1685, mort le 18 mai 1756) eut, de dame Françoise Martineau du Port, son épouse, treize enfants connus de nous, dont la naissance s'échelonne entre 1712 et 1730 :

- René, né à Fontenay, en 1712

- Louis-Joseph, né à Fontenay, en août 1713 (fut curé-doyen de Notre-Dame de Fontenay-le-Comte)

- Françoise-Élisabeth, née le 6 janvier 1715

- Louis-Charles-Édouard, né au Bourg-sous-la-Roche, le 23 mars 1716

- Marie-Eugénie, née à Fontenay en 1717

- Louis-Marie, né au Bourg-sous-la-Roche en 1718

- Pierre, né à Fontenay le 20 mai 1719

- Jean-Louis-Robert, né à Fontenay le 12 mai 1720

- Jeanne, née à Fontenay le 27 décembre 1721

- Charlotte-Henriette, née à Fontenay, le 13 janvier 1723

- Marie-Margueritte, née au Bourg-sous-la-Roche le 21 avril 1724

- Charles-Benjamin, né à Fontenay le 20 octobre 1725, fut probablement curé de Saint-Hilaire de la Roche-sur-Yon

4 ans sans enfants, puis :

- Marie-Suzanne, née à Fontenay le 5 décembre 1730.

Donc, d'une part, les enfants de René-Louis Voyneau du Plessis et de Françoise Martineau du Port, entre 1712 et 1725, venaient au monde tous les ans ou, au plus, tous les deux ans, tantôt à Fontenay, tantôt au Bourg-sous-la-Roche. D'autre part, entre 1725, date de naissance de Charles-Benjamin et 1730, date de naissance de Marie-Suzanne, dernière des enfants, il y a un vide qui correspond justement, à la période 1722-1728, au cours de laquelle, comme nous l'avons fait remarquer plus haut, doit être située la naissance de Louis-Michel. Il y aurait donc place pour lui de 1726 à 1729, parmi les enfants de René-Louis Voyneau du Plessis et de Françoise Martineau du Port.

Mais en ce cas, où serait-il né ?

Comme nous l'avons écrit en 1947, et répété plus haut, certains auteurs ont estimé qu'il était né à Saint-Etienne-du-Bois. Mais aucune preuve n'en a jamais été apportée. Cette assertion, erronée à notre avis, provient vraisemblablement d'une confusion sur les personnes. Un autre prêtre, Joachim-Victor Voyneau est bien né, lui, à Saint-Etienne-du-Bois, mais ce fut en 1765. Il était donc de 40 ans plus jeune que le curé de Notre-Dame du Luc, il fut vicaire général de Monseigneur de Mercy, évêque de Luçon et mourut en 1815, après avoir été, en cette même année, maire des Lucs pendant quelques mois. Aucune concordance possible entre lui et Louis-Michel Voyneau.

Il y eut également de nombreux autres prêtres du nom de Voyneau ayant des attaches avec Saint-Etienne-du-Bois ou avec le Bourg-sous-la-Roche. Mais leurs carrières n'offrent, non plus, aucun point commun avec  celle du curé de Notre-Dame du Luc.

Nous croyons donc pouvoir affirmer que Messire Louis-Michel Voyneau n'est pas né à Saint-Etienne-du-Bois.

Par ailleurs, il est exclu qu'il soit né à Fontenay puisque les registres paroissiaux, qui ne présentent pas de hiatus pour les années 1726 à 1729, ne le mentionnent pas. La même exclusion existe et pour la même raison, en ce qui concerne une naissance au Bourg-sous-la-Roche, pour les années 1727 à 1729. Toutefois, comme les registres paroissiaux de cette paroisse manquent pour les années 1722 à 1726, il reste qu'il aurait pu y naître en l'année 1726 ; mais nous n'en avons évidemment pas la preuve.

Ajoutons qu'il aurait, au surplus, fort bien pu naître dans une autre localité que Fontenay ou le Bourg-sous-la-Roche, au cours d'un éventuel déplacement de Françoise Martineau du Port.

Enfin, même s'il était démontré qu'il ne peut être né du mariage de René-Louis et de Françoise Martineau, Louis-Michel Voyneau peut parfaitement, malgré cela, faire partie d'une ligné collatérale des Voyneau du Plessis, car, comme nous l'avons vu, il n'est pas niable que de nombreux liens le relient à ceux-ci : possession, au Bourg-sous-la-Roche, du domaine des "Touches", dont plusieurs générations des Voyneau du Plessis se sont qualifiées ; possession du titre (titulaire) des deux chapellenies à la présentation de ces Voyneau du Plessis ; celle de Luçon et celle du Fenouiller.

On peut remarquer encore, que de même que le second des enfants de René-Louis Voyneau du Plessis et de Françoise Martineau du Port, l'abbé Louis-Joseph Voyneau fut curé de Notre-Dame de Fontenay, ville résidentielle de sa famille et que, de même aussi, l'avant-dernier de leurs enfants, l'abbé Charles Voyneau fut, sans doute, en 1753, vicaire du Bourg-sous-la-Roche, puis en 1759, curé de Saint-Hilaire de la Roche, paroisse limitrophe de celle du Bourg-sous-la-Roche, autre localité résidentielle de sa famille, de même l'abbé Louis-Michel Voyneau paraît avoir été vicaire à Chaillé-sous-les-Ormeaux. Puis il le fut à Sainte-Foy et devint bien, en 1753, curé de cette dernière paroisse. Ajoutons qu'en 1755, il démissionnait de cette cure pour recevoir celle de Saint-André-d'Ornay où il resta plus de 13 ans. Toutes ces paroisses sont contiguës à celle du Bourg.

L'objection qui pourrait, enfin, venir à l'esprit que Louis-Michel Voyneau a toujours signé ses actes paroissiaux, simplement Voyneau, ne peut infirmer son appartenance à la branche des Plessis. L'abbé Jousbert de la Cour, curé de Saint-Pierre-du-Luc, de 1758 à 1786, signait également simplement Jousbert. Signe d'humilité, sans doute. De même, l'abbé Louis-Joseph Voyneau du Plessis, au début de sa prêtrise, vers 1730, était intitulé simplement Mre Louis-Joseph Voyneau, notamment quand il devint titulaire de la chapellenie de Sainte-Marguerite du Plessis Mauclerc.

L'ÉNIGME DE LA MUTATION A NOTRE-DAME DU LUC

Reste à expliquer pourquoi le curé de Saint-André-d'Ornay, paroisse moyenne de 130 feux et de 500 habitants, a pu devenir, en 1769, curé de Notre-Dame du Luc, paroisse de 27 feux et de 80 à 100 habitants ; la plus petite du diocèse de Luçon ? Il était resté 13 ans et demi à Saint-André-d'Ornay, il resta 25 ans à Notre-Dame du Luc.

Que faut-il voir dans une telle mutation ? Une sanction épiscopale pour une déficience dans le ministère ? Rien n'autorise à le supposer ; bien au contraire. L'abbé Voyneau était apprécié de son évêque, puisque celui-ci lui confia, en 1789, la vérification des comptes de la fabrique de Saint-Pierre du Luc ; preuve qu'il devait être prudent et équitable. Désir d'un prêtre pieux de diriger une paroisse, petite certes, mais où régnait Notre-Dame et où même devait, selon l'opinion de certains auteurs, exister, vraisemblablement, de temps immémorial, un pèlerinage à la Vierge ? Acte d'humilité et de détachement de la part d'un saint prêtre ?

On pourrait, certes, se contenter de ces raisons, car la tradition conserve de Messire Louis-Michel Voyneau, le souvenir d'un prêtre possédant de tels sentiments de piété et d'humilité, mais, peut-être, serait-il possible d'avancer le motif suivant, également plausible et tout de charité.

Le curé de Saint-Pierre du Luc, à cette époque, était l'abbé René Jousbert de la Cour, originaire de la Chapelle-Hermier. Venu comme vicaire à Saint-Pierre du Luc, il y avait été nommé curé sur place en 1758. L'abbé Jousbert de la Cour était né en 1728. Contemporain de l'abbé Louis-Michel Voyneau, il avait, sans doute, connu ce dernier au séminaire. Comme lui, il était de famille noble ; les prêtres de ce milieu n'étant pas très nombreux, les abbés Voyneau et Jousbert avaient dû être attirés l'un vers l'autre par des goûts similaire puisés dans leur milieu commun et, sans doute aussi, par une sympathie réciproque. Ils s'étaient même, vraisemblablement, reconnus sinon parents, tout au moins alliés d'alliés. L'abbé Jousbert de la Cour mourut jeune, à 58 ans, en 1786, ce qui autorise à penser qu'il n'était pas de santé robuste. A partir de 1761, il avait eu comme vicaire son frère Henri, qui le quitta en 1764, pour devenir curé de Beaufou, petite paroisse limitrophe de Saint-Pierre du Luc. Est-il téméraire de supposer que, maladif, ou tout au moins de petite santé, l'abbé Jousbert de la Cour se soit, depuis le départ de son frère, trouvé isolé et qu'il ait ressenti le besoin d'un soutien amical ? Il aurait pu, alors, souhaiter voir proche de lui, en plus du vicaire qui avait remplacé son frère, un confrère connu de lui, de son milieu, allié d'allié, condisciple de séminaire et sans doute aussi d'enfance. Il avait donc, peut-être sollicité et obtenu de l'évêque de Luçon, Monseigneur de Mercy, la nomination de son confrère Louis-Michel Voyneau à Notre-Dame du Luc. Celui-ci aurait accepté par amitié charitable et aussi poussé par les autres raisons morales que nous avons évoquées ci-dessus ?

De fait, si Messire Louis-Michel Voyneau, curé de Notre-Dame du Luc depuis 1769, ne fit, jusqu'en 1775, en outre de sa propre activité paroissiale, que peu de ministère à Saint-Pierre du Luc, à partir de 1776 (époque peut-être où l'abbé Jousbert se trouva plus fatigué) assez fréquentes furent les cérémonies dont il fut chargé à Saint-Pierre du Luc, par son confrère (baptêmes, mariages, etc ...). Cela jusqu'en 1785, où cessent ces actes de ministère à Saint-Pierre du Luc, époque qui coïncide avec l'arrivée, comme vicaire près du curé Jousbert, de l'abbé Regain et, quelques semaines après, de l'abbé Gogué.

Le curé Jousbert de la Cour mourut en décembre 1786. L'abbé Barbedette (le futur curé "Grand-Bot" des guerres de Vendée), qui était curé de Nieul-le-Dolent, devint curé de Saint-Pierre du Luc, le 13 février 1787.

De 1787 à 1792, l'abbé Louis-Michel Voyneau fit encore quelques cérémonies à Saint-Pierre du Luc, mais ce n'était plus à la cadence des années 1776-1785.

Cette hypothèse, que Messire Louis-Michel Voyneau serait venu au Luc par amitié charitable pour le curé de Saint-Pierre et pour lui rendre service, n'est évidemment qu'une hypothèse, mais elle paraît vraisemblable et cet acte de dévouement complèterait bien ce que nous avons écrit de lui au début de ce paragraphe.

LES RAISONS DE L'HOLOCAUSTE

Quel qu'ait été la raison pour laquelle Messire Louis-Michel Voyneau devint curé de Notre-Dame du Luc, il reste qu'il y vint, destiné par la providence à y trouver l'occasion de donner sa vie le 28 février 1794, pour sa foi et pour ses ouailles. Acte héroïque avant tout de charité, dont une cause seconde pourrait peut-être, comme nous venons d'essayer de le faire, âtre trouvée dans l'acte, égqalement de charité confraternelle qu'il avait posé en acceptant sa nomination de curé de Notre-Dame du Luc, actes de charité dont la récompense surnaturelle fut, par la suite, pour lui, une large compensation à la petitesse de sa nouvelle paroisse.

Si la tradition a conservé de lui le souvenir d'un prêtre "pieux et doux", son sacrifice du 28 février 1794 nous autorise à ajouter "et capable d'héroïsme".

 

 

André MERCIER DES ROCHETTES

ancien maire des Lucs-sur-Boulogne.

Revue du Bas-Poitou

1961 - 4e livraison

 

 APPENDICE

On pourrait imaginer que l'abbé Louis-Michel Voyneau descendrait de Georges Voyneau, sr de la Pommeray et appartiendrait à la branche bourgeoise du Bourg-sous-la-Roche, dont faisaient partie les Voyneau de la Couperie. Ce serait donc lui qui, en tant que vicaire de cette paroisse, en 1740, aurait signé les registres paroissiaux.

Pour donner créance à cette hypothèse, il faudrait pouvoir apporter la présomption, sinon la preuve, que Louis-Michel était fils d'un des petits-enfants, Louis ou François, du sr de la Pommeray. Or, aucun indice en ce sens n'a été décelé. En outre et surtout, il faudrait admettre qu'il naquit au plus tard en 1718, pour avoir pu signer ces registres comme prêtre dès 1740. Or l'abbé Barbedette, dans son martyrologe du massacre de 1794, attribue 70 ans à l'abbé Voyneau, ce qui situe sa naissance en 1724. Sans doute avons-nous montré qu'on pouvait admettre une certaine marge d'approximation dans les âges indiqués par l'abbé Barbedette, ce qui nous permis de situer la naissance de Louis-Michel entre 1723 et 1728. Mais descendre jusqu'à 1718 nous semble tout de même excessif. En conséquence, nous ne voyons pas qu'il puisse être établi une concordance entre notre héros et un descendant du sr de la Pommeray.

 

Il convient d'ajouter que les signatures des registres paroissiaux du Bourg-sous-la-Roche ne ressemblent pas à celles de celui qui fut vicaire de Chaillé-les-Ormeaux et de Sainte-Foy, puis curé de cette dernière paroisse, de Saint-André-d'Ornay et de N.-D. du Luc. En définitive, il semble que l'hypothèse la plus plausible soit de rattacher Messire Louis-Michel Voyneau à la branche du Plessis, plutôt que de le faire descendre de Georges Voyneau, sr de la Pommeray.

 

Messire Louis-Michel Voyneau, curé de Notre-Dame du Luc fut chargé, en 1789, par l'évêque de Luçon, de l'"Audition" des comptes de la fabrique de Saint-Pierre du Luc ; ce qu'il fit le 20 juillet de la même année. Le "compte-rendu", qu'il dressa de cette audition, le fait apparaître comme un prêtre soucieux de remplir sa mission en conscience, avec charité mais avec équité aussi, rendant justice aux uns et aux autres ; chargeant le "fabriqueur" (le président de la fabrique), sur la requête du curé de Saint-Pierre du Luc, de "faire la diligence nécessaire pour faire rentrer les arrérages d'une rente" (restée non payée) "le tout selon les règles de la prudence en pareille matière" ; conseillant, par ailleurs, de "faire un inventaire de tous les papiers de la fabrique et de les mettre dans une armoire séparée de la cure, la dite armoire fermée de 3 serrures" (sic) ; capable de régler avec énergie une question épineuse, relative à la fondation d'une rente pour des messes, fondation devenue "onéreuse pour la paroisse" de l'avis des habitants, qui demandaient, par suite, la réduction des services dûs en échange ; ne craignant pas, en cette occurence et après avoir fait remarquer qu'il "en parlait en connaissance de cause" d'exhorter le fabriqueur "à présenter la requête au prélat à cet effet", ce qui ne fut sans doute pas du goût de son bouillant confrère de Saint-Pierre du Luc, le curé Barbedette, lequel fit précéder la signature qu'il eut à apposer sur le compte rendu, de la mention "sans autoriser la demande de réduction des messes dues par la fabrique du Luc".

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