ANCIENNE ÉGLISE SAINT-CHRISTOPHE ♣ MESNARD-LA-BAROTIERE ♣ VENDÉE
Les racines de Mesnard-la-Barotière plongent dans les mystères de la préhistoire. La tradition nous dit même qu'un camp de romains surveillait la route de NANTES à SAINTES. En fait, c'est le mur nord de la nef qui constitue le plus ancien témoignage humain de la commune. Ces petites fenêtres furent maçonnées voici plus de neuf siècles.
Les vieilles chartes du XIIème siècle parlent de la Barotière ou de Barroteria et ses premiers seigneurs comme Jean BARROTEAU soumis à Angibaud GOYAS, maître du pays environnant et protecteur de l'abbaye de la Grainetière. C'est durant la guerre de 100 ans, quand DUGUESCLIN reprend les places fortes poitevines abandonnées aux anglais que l'église affronte la première tourmente de son histoire.
Seul du pays, le château appartient aux BEAUMONT de BRESSUIRE plusieurs fois partisans des anglais. L'écho des ravages que subit alors la contrée est parvenu jusqu'à nous. Heureusement, Guy de BEAUMONT finit par rallier le parti du roi de France. LA BAROTIERE put relever ses ruines et accueillir de temps à autre ce grand seigneur poitevin qui se plaisait à y venir chasser.
Il nous reste de cette époque la pittoresque signature du curé de la paroisse Jean DEBORDE, nommé en 1385 par une bulle du pape schismatique d'Avignon Clément VII. Mais sans doute est-ce plus tard, au XVème siècle, que dans la paix retrouvée, grâce à Jeanne d'Arc, le petit clocher actuel vint compléter l'édifice.
Un procès-verbal de la visite effectuée le 15 juin 1534 par le Vicaire général de l'évêque de Luçon nous révèle que St Christophe est le saint patron de l'église. De tout ce temps de l'ancien régime où la seigneurie et la responsabilité de l'entretien du choeur de l'église se transmirent par héritage ou achat, nous pouvons retenir deux dates essentielles pour l'histoire de MESNARD-la-BAROTIERE.
Le 24 octobre 1640, Christophe MESNARD, seigneur de la Vergne, fit pour 42.000 livres tournoi l'acquisition de la Barotière à la veuve d'un bourgeois de FONTENAY-le-COMTE, Raoul GALLIER-PICART et le 4 juillet 1768, ce jour-là, une assemblée des habitants acceptait de modifier le nom de leur paroisse, jusqu'ici chatellenie de la Barotière, désormais érigée par Louis XV en Comté de MESNARD.
Mais pour d'obscures raisons, le conservatisme des habitants a imposé au pouvoir central de conserver jusqu'à nos jours, le nom double de Mesnard-la-Barotière. C'est dans ces temps de changement qu'une tourelle d'escalier permit d'accéder au clocher. La cloche à laquelle on avait alors accès, fondue en 1696, existe toujours.
Après trois siècles de tocsin et de glas, de sonneries d'allégresse et d'appel aux assemblées, elle attend le XXème siècle de la nouvelle église.
La protection des garnisons républicaines des HERBIERS et l'éloignement des grands axes de circulation lui valut d'échapper aux exactions des colonnes infernales du général Turreau.
La commune de MESNARD-la-BAROTIERE n'ignora pourtant rien de ce qui allait se passer dans la région de 1793 à 1832. Plusieurs habitants périrent en combattant du côté blanc et, après la défaite de Cholet, une bonne moitié des familles franchit la Loire à ST FLORENT-le-VIEIL le 18 octobre 1793 pour suivre le grand périple jusqu'à GRANDVILLE, dit de la virée de Galerne.
Le Maire de la commune René AUDUREAU, qui n'avait pas franchi la Loire, fut arrêté par l'armée républicaine le 5 décembre dans sa maison du bourg, le jour même de la déroute du Mans, où périssaient plusieurs de ses administrés. Pour avoir suivi l'armée catholique et royale, plusieurs jeunes filles de la commune furent condamnées à mort par les tribunaux de Nantes, d'Alençon, du Mans.
"Marie BERTRAND, pourquoi avez-vous suivi l'armée des brigands de la Vendée ?
- J'ai vu du feu dans les maisons du voisinnage, j'ai eu peur de la mort et je me suis enfuie juste à temps, car à peine à deux ou trois portées de fusil, je vis notre maison en flammes. On disait que c'était l'armée de Mayence qui brûlait tout sur son passage."
Un registre nous apprend que six habitants du hameau de la Boule furent massacrés le même jour. Parmi eux, trois jeunes filles, les trois soeurs. (1)
Pour fuir les persécutions, le curé du village Abraham Michel CORNU dut se cacher sur la voûte de l'église. Choisissant le parti de la paix, le prêtre réfractaire conseilla à ses paroissiens de faire leur soumission à la république.
Les troubles de la chouannerie en 1799 et en 1815, trouvèrent des partisans dans la commune, mais le nouveau comte de MESNARD, Louis-Charles s'était refusé à rentrer d'Angleterre, Armand de VASSELOT, un des derniers chefs vendéens, fut fusillé, le 4 mai 1796, dans la cour même du château sous les yeux de sa fiancée Éléonore de MESNARD. Le 5 juillet 1828, son Altesse Royale Marie Caroline, Duchesse de BERRY, fut reçue au château du comte Louis-Charles de MESNARD. La princesse avait même dansé avec un vétéran des guerres de VENDÉE. Elle était à une étape de ce qu'elle prenait pour une tournée triomphale, assez triomphale pour penser soulever quatre ans plus tard, en juin 1832, la VENDÉE contre son cousin Louis Philippe d'ORLÉANS. Ce fut-là le chant du cygne de la chouannerie et il fut donné par le comte Louis-Charles de MESNARD.
Après avoir laissé une vie municipale assez indépendante, les familles nobles réinvestirent leurs énergies, leurs ambitions et leur argent dans la terre. Un contrat tacite entre le bourg et le château s'établit alors. Les électeurs, paysans et artisans, mettaient à leur tête un fondé de pouvoir des châtelains et ces derniers subventionnaient maintes dépenses communales. C'est surtout grâce à ce contrat que la Vieille Église survécut aux plus périlleux ouragans de son histoire, celui du XIXème siècle vendéen.
Quand presque toutes les églises de l'ancienne Vendée furent mutilées, défigurées, détruites ou remplacées au profit d'édifices plus en rapport avec la religion triomphaliste et militante, seule peut-être sur 1 000, l'église médiévale St Christophe bénéficiait d'un véritable miracle dans la tourmente.
La première pierre de la nouvelle église fut posée le 26 septembre 1864. Le bourg se recentra, laissant de côté la petite église. Elle servait alors de dépendances agricoles et de dépôt de matériel de kermesse. Après neuf siècles de tourmente, il fallut à peine 50 années de défaut d'entretien pour que la petite église de MESNARD-la-BAROTIERE commençât son agonie. Les toits menaçaient de s'écrouler quand, un beau jour, voulant fixer au mur des objets qui traînaient par terre, le Curé BOISSEAU découvrit des traces de peinture.
Après neuf siècles de miracle dans la tourmente du temps, l'église fut de nouveau assiégée en 1987, mais cette fois ce fut au bistouri pour dégager mécaniquement les oeuvres anciennes, à la seringue pour consolider les écaillages des peintures, et à l'algicide pour traiter les micro-organismes, notamment les algues, centimètre carré par centimètre carré, jour après jour, pendant trois années, les peintures renaissaient pour s'offrir aujourd'hui à votre émerveillement.
Texte provenant d'une brochure
aimablement prêtée par Le Loup
http://chemins-secrets.eklablog.com/
(1) Pour compléter ce qui est dit plus haut :
Le 3 novembre 1793
Joseph VILLENEUVE - 28 ans - tué par les républicains au bois Briand (Nous pensons qu’il s’agit plus probablement du Bois-Trieau, au Sud du Bois du Deffend)
Le 29 décembre 1793
Jacques RONDEAU - 47 ans - tué par les républicains à la Rogerie
Le 4 février 1794
Marie Anne GUINARD - 57 ans - tuée par les républicains près de Vendrennes
Les martyrs du hameau de la Bousle, tués par les républicains (sic) :
LES TROIS SOEURS
Le 20 février 1794
Marie AGENEAU - 26 ans
Anne AGENEAU - 23 ans, 4 mois, 18 jours
Renée AGENEAU - 11 ans
François ROY - 65 ans
Jeanne PASQUIER veuve ROTURIER - 65 ans
Louis BOTTEAU - 86 ans - tué par les républicains près La Loge
Mathurin BERTRAND - 54 ans - tué par les républicains près de Vendrennes
Catherine CHATAIGNER - 52 ans - tuée par les républicains près de Vendrennes
Le 21 Février 1794
Jeanne PAIN - 30 ans - tuée par les républicains paroisse de Vendrennes
Marie Anne BLANCHARD - 11 ans - tuée par les républicains paroisse de Vendrennes
Jean BLANCHARD - 6 ans - tué par les républicains paroisse de Vendrennes
Jeanne BLANCHARD - 18 mois - tuée par les républicains paroisse de Vendrennes
Louise ENFRIN - tuée par les républicains à La Touche bordant la paroisse de Vendrennes (Nous pensons qu’il s’agit en fait de la Touche, sur la commune de Beaurepaire, tout près de l’ancienne paroisse de Paillers)
Le 16 juin 1794
Perrine GUINARD - 51 ans - tuée par les républicains près La Brossière - Inhumée en ce même lieu.
Le 18 juin 1794
André ROGÉ - 60 ans - tué par les républicains près La Cour(?) paroisse de St Fulgent
Le 27 octobre 1795
Renée POUPIN - 30 ans - tuée par les républicains près la Basse Martinière paroisse des Herbiers
Le 12 Novembre 1795
Pierre POUPIN - 66 ans - demeurant à la Basse Martinière paroisse des Herbiers - tué par les républicains près la Grande Lande à Bournigal paroisse d'Ardelay
Le 4 décembre 1795
Pierre Soulard - 45 ans - tué par les républicains dans le bois du Deffand sur la paroisse de St-Fulgent
Le 7 décembre 1795
André ROTURIER - 52 ans - tué par les républicains dans la forest du Parc (Soubise) et inhumé près de la ditte forest
Noms relevés sur le registre clandestin tenu par le curé du village Abraham Michel CORNU.
AD85 - Registres clandestin de Mesnard-la-Barotière