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La Maraîchine Normande
25 décembre 2012

NICOLAS CORBILLÉ, VICAIRE DE BOUVRON (44)

Le 27 juin 1791, Nicolas Corbillé, vicaire de Bouvron, ayant refusé de prêter le serment à la Constitution civile du clergé, doit quitter la paroisse. Il revient toutefois afin d'aider le recteur Delamarre pour l'Assomption. Alors que les autorités lui demandent de se rendre à Nantes, l'abbé Corbillé entre dans la clandestinité, tout en continuant d'apporter son aide au recteur. Il se cache désormais au Bézou, chez Perrine Couëron, veuve d'Antoine Guitton, vivant avec sa fille Marie. 

Dans son livre "BOUVRON au cours des siècles" (1988), l'abbé  Pierre Roberdel raconte :

"A Bouvron se cachait un prêtre réfractaire très actif. La cure, qui était située à son emplacement actuel, fut le lieu de cantonnement d'un détachement du cinquième bataillon des Volontaires de la Manche. Bien que Bouvron fût tout entier acquis à la cause de l'abbé Corbillé, il s'y trouva néanmoins un judas pour le dénoncer ... Peut-être tenté par une prime.

Le 24 avril 1794, le commandant du détachement, un sieur Maret, reçut l'ordre de perquisitionner au Bezou, surtout dans la maison de la veuve Guitton. C'était l'heure de midi et la mère Guitton préparait le repas pour elle et sa fille et il y avait trois carpes dans la poële ... une de trop. On trouva dans la maison un homme dissimulé entre deux murs. Les deux femmes affirmèrent que c'était leur domestique. Confronté avec les voisins, quelques uns affirmèrent que c'était bien le domestique, d'autres qu'ils ne connaissaient pas cet homme.

Peu convaincu, Maret fit fouiller la maison à fond et trouva quelques vêtements enveloppés dans une serviette et une redingote dans un panier. Les volontaires aperçurent, dans une assiette ébréchée, une dizaine de biscuits au beurre et des pommes reinettes dont-ils se régalèrent. Le porte-monnaie de la veuve ne contenait rien de suspect : seulement des assignats. Néanmoins, le commandant déclara la paysanne en état d'arrestation ainsi que sa fille et son domestique.

Il conduisit ses trois prisonniers au siège de la municipalité de Bouvron où se trouvaient trois officiers municipaux qui n'ignoraient rien de l'affaire. Tous les trois reconnurent dans ce domestique Nicolas Corbillé, prêtre et ci-devant vicaire de la paroisse.

On procède à l'interrogatoire du prévenu qui ne donne que de vagues réponses mais demande à se confesser à un prêtre assermenté. Il ne peut réclamer l'aide d'un prêtre réfractaire sans le dénoncer et le faire condamner à mort. D'ailleurs c'est un point de théologie toujours admis :,en cas de danger de mort, on peut demander l'absolution de n'importe quel prêtre validement ordonné, même s'il a renié son sacerdoce et dévié dans la foi. Mais les prêtres assermentés sont rares et presque aussi maltraités que les prêtres fïdèles, s'ils ne brûlent pas leur lettre d'ordination, pour s'engager si possible dans le mariage.

C'est ce que fait l'abbé Jourdan, curé de St Etienne de Montluc qui défroque et se marie, en 1794, avec une femme divorcée.

On décide que l'abbé Corbillé serait conduit à Savenay. Il attend la décision dans la cour du presbytère ... qu'il connaît bien. Il demande la permission pour un besoin naturel. On la lui accorde. Il en profïte pour s'enfuir en escaladant un mur et court à travers le pâtis de la chapelle Saint-Mathurin, en direction du ruisseau de Gautret. Il est rapidement poursuivi et dans son élan pour franchir un fossé, il est atteint par le coup de feu d'un soldat. Il s'écroule blessé et celui qui l'a blessé, jetant son fusil, se précipite sur la victime qu'il saisit par les cheveux et immobilise, non sans recevoir plusieurs coups de poing.

Les autres arrivent et le traînent jusqu'au centre du bourg, près de l'église, et, sans autre forme de procès, on règle son sort. On le dresse, le dos appuyé au mur de la sacristie. Comble de cruauté, on place à sa droite et à sa gauche la mère Guitton et sa fille Marie. Seul le prêtre est visé et s'écroule, consommant son martyre. Les deux femmes sont provisoirement épargnées. 

(La croix adossée au mur sud commémore le martyr de Nicolas Corbillé)

On l'inhume sur place et, plus tard, un calvaire sera dressé devant la tombe qui sera recouverte d'une dalle d'ardoise. Quant à Perrine Couëron, veuve Guitton, 64 ans, et à sa fille, Marie Guitton, 28 ans, elles sont emmenées à Savenay (siège du district), puis écrouées au Bouffay à Nantes et, de là, transférées dans quelque hôpital inconnu, infesté de maladies contagieuses où elles moururent de faim et de misère".

La paroisse sert de refuge à des Vendéens fuyant les massacres, et est administrée clandestinement par l'ancien chapelain du château de Quéhillac. - Après la mort de Monsieur Corbillé, les sacrements continuent à être administrés par l'abbé Charles David, prêtre originaire de Campbon, et vicaire à Pontchâteau au début de la Révolution.

 

 

NOTE SUR L'ÉGLISE DE BOUVRON

   

L'église Saint-Sauveur (1895), édifiée au Pré-Berranger et œuvre de l'architecte Mathurin Fraboulet. Cette église remplace un sanctuaire roman du XIIème siècle, remanié plusieurs fois et muni de colonnes engagées à tailloirs sculptés. En 1614, on signale, le 25 mars, la bénédiction d'une cloche de l'église. On l'avait agrandie de chapelles latérales, dont l'une portait la date de 1680.

Le 20 juin 1709, sur les 9 heures du soir, toute la charpente et la couverture de l'église primitive s'effondrent d'un seul coup. Les matériaux nécessaires à la reconstruction de l'église sont pris dans le bois du presbytère, et en 1713, l'édifice est rendu au Culte. Pendant les travaux de réfection, le culte a été célébré dans l'ancienne chapelle Saint-Mathurin. 

L'ancienne église avait une longueur de 34 mètres (de la façade au chevet), une largeur de transept de 16 mètres et une hauteur sous voûte de 12 mètres. Le carrelage de l'église est refait en 1720 : " Le carrelage de l'église est refait par l'entrepreneur avec l'aide des paroissiens et la somme de 28 livres payée au notaire rapporteur de la ditte quittance. Demande le dit Ollivier, fabriqueur, allocation de la somme de 6 livres pour son voyage et dépenses, pour être allé sur les perrières des Grées de Nozay accepter les pierres de tombes pour le carrelage de la dite église " (extrait du registre des délibérations).

Le 30 octobre 1788, six Pères Capucins viennent donner une Mission : " L'an du Seigneur 1788, le 30 octobre, a été donnée une mission par les R. P. Capucins du grand couvent de Nantes dans cette paroisse de Bouvron... Les missionnaires étaient au nombre de six, savoir : le R.P. Fidèle de Fougères, le R.P. Aimé de Saint Malo, le R. P. Pacifique de Rennes, le R.P. Casimir de Quintin, le R.P. Jérome de Mayenne, le R.P. Dosithé de Lamballe... La croix de mission a été donnée par Gilles Eon, domicilié à Bouvron ".

Après bien des débats, une nouvelle église est construite sur le pré Berranger entre 1892 et 1895. L'adjudication des travaux est faite en 1892, en faveur de l'entreprise Ganachaud de Savenay, et les travaux commencent sur les plans de monsieur Fraboulet. La première pierre est bénie le 16 octobre 1892. L'édifice est béni par Mgr Laroche, évêque de Nantes, le 23 Avril 1895. Sur demande de l'abbé Meslier, curé de la paroisse, une Mission est prêchée par deux missionnaires de l'Immaculée en 1895 et une confrérie du Saint-Sacrement y est créée. La nef de l'ancienne église désaffectée sert jusqu'en 1945 de mairie (disparue depuis 1952).

 

 

L'église est endommagée entre août 1944 et mai 1945 : le clocher est détruit en 1944 par l'armée américaine lors des combats de Saint Nazaire [Note : " Chère église de Bouvron, si belle, dans quel état elle se trouvait à la fin des hostilités ! Toute la travée voisine du clocher s'est effondrée ; deux énormes trous dans la voûte au-dessus du choeur ; deux énormes trous dans celle du transept sud et dans celle du bas côté nord ; des trous encore partout dans les murs ; plus de vitraux ; des gravats partout ; l'aspect d'un chantier de démolitions " (l'abbé Choimet - 1945)]. Le 6 février 1949, dans la "Semaine Paroissiale" l'abbé Gabriel Nalin relate le martyre de l'église de Bouvron : " Il rappelle d'abord l'acharnement des obus qui pleuvent sur le monument, pendant neuf mois, du 17 août 1944 au début de mai 1945 ; le 18 novembre les paroissiens atterrés voient leur beau clocher s'abîmer tout à coup ; puis c'est la toiture qui disparaît, les voûtes qui sont perforées, les murs troués ça et là, les roses du transept qui se volatilisent. Restera-t-il quelque chose si les hostilités continuent ? ". La reconstruction de l'église connaît plusieurs étapes : les murs, la toiture, les voûtes et les vitraux sont reconstruits entre mai 1946 et décembre 1948, les nouvelles orgues sont inaugurées le 24 avril 1949, le clocher est reconstruit vers 1952 et le baptême des cloches a lieu le 7 août 1955. Le haut-relief du Bon-Pasteur sur la façade est l'œuvre du sculpteur Jean Fréour. Le bénitier date du Moyen Age. La statue en bois de la Vierge à l'Enfant date du XVIème siècle. La statue Saint-Jean-l'Evangéliste, en bois polychrome, date du XVIIIème siècle. La statue de Saint-Jacques, en bois polychrome, date du XVIIIème siècle. La statue de Saint-Mathurin, en bois polychrome, date du XVIIIème siècle et provient de l'ancienne chapelle Saint-Mathurin, située autrefois à l'entrée du cimetière et aujourd'hui disparue. La croix, adossée au mur Sud et datée de la fin du siècle dernier, commémore le martyre de Nicolas Corbille (vicaire de la paroisse de Bouvron) : il est fusillé en ce lieu le 14 Avril 1794 sur l'ordre du Commandant Maret qui l'avait fait arrêter.

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