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La Maraîchine Normande
22 décembre 2012

LES SUSPECTS EN 1793 ET LE COMITÉ RÉVOLUTIONNAIRE DE L'ARIEGE

(Communication de M.E. LAVAL).

- Le 2 octobre 1793, les représentants du peuple Chaudron-Rousseau et Baudot organisèrent à Pamiers un comité révolutionnaire départemental, dont les membres, au nombre de 10, devaient faire partie de la société populaire de Pamiers.

Ce comité avait notamment pour mission d'entretenir une correspondance active avec les sociétés populaires, de signaler celles qui n'auraient point "une marche rapide dans la Révolution", de désigner les gens suspects et dangereux et de les mettre provisoirement en état d'arrestation.

Étaient considérés comme suspects "les Feuillants, les Brissotins, les royalistes, les fanatiques, les modérés ou intrigants, les parents des déserteurs, les parents des émigrés et les ci-devant nobles, s'ils n'ont donné depuis la Révolution des preuves d'un civisme ininterrompu".

Les suspects pouvaient être consignés chez eux, sous la garde de deux sans-culottes ou simplement d'un seul garnisaire. Ils pouvaient aussi être incarcérés dans les maisons de réclusion (Carmélites et Collège, à Pamiers ; Tour ronde, à Foix) ou dans les prisons municipales. Le 21 octobre 1793, à Pamiers seulement, 160 hommes et 66 femmes paraissaient "dignes de la déportation", et la besogne du Comité n'était pas finie. Ne sachant plus où mettre les détenus, il songeait à les faire diriger sur Toulouse ou un autre centre.

En dépit de ces nombreuses incarcérations, il convient de reconnaître que le Comité révolutionnaire de l'Ariège fit preuve, dans l'application des lois et l'exécution des ordres des grands Comités de Paris, d'un certain esprit de justice et parfois même de bienveillance, d'autant plus méritoires que les commissaires civils et plusieurs Sociétés populaires locales étaient loin d'être animés du même esprit. Non seulement les malades, les vieillards, les pères de famille nombreuse, les hommes sans influence en bénéficièrent, mais encore des notabilités, et jusqu'à des religieuses et des prêtres.

Mais bientôt, les représentants du peuple Cassauyès et Paganel, estimant que les mesures de sûreté générale prises dans l'Ariège étaient trop imparfaites, crurent devoir procéder à la réorganisation du Comité départemental. Par arrêté des commissaires civils en date du 16 brumaire (6 novembre), celui-ci fut dissous et remplacé par un Comité de 9 membres, à prendre, autant que possible, dans les trois districts.

Les attributions du nouveau Comité furent, il est vrai, aussi imprécises que celles du Comité précédent, et il semble bien que pour ce motif surtout son attitude à l'égard des suspects n'ait été guère différente. Craignant tantôt de trop faire, tantôt de ne pas faire assez, il manifesta des scrupules que d'autres organes révolutionnaires n'eurent malheureusement pas.

C'est ainsi qu'auprès du Comité de Sûreté générale il s'élève contre les arrestations arbitraires et les dénonciations calomnieuses. "Vous êtes tous des hommes libres, écrit-il le 23 brumaire au Comité de surveillance de Daumazan, et vous savez le prix qu'on doit mettre à la liberté". Et ailleurs "Il faut des faits et non des allégations sans preuves". "Nous oublions le passé, oubliez-le également".

La lettre courageuse qu'il adressa au ministre de l'Intérieur, le 27 frimaire an II (17 décembre 1793), serait à cité intégralement "Nous vous l'avouons avec franchise, déclare-t-il entre autres choses, nous ne voyons dans cette mesure répressive que des motifs propres à aigrir les esprits et à augmenter le nombre des ennemis de la Patrie".

En cela le Comité révolutionnaire de l'Ariège sut être à l'occasion un organe régulateur, en un temps où les passions individuelles et les haines particulières jouaient un rôle prépondérant et où d'autres comités révolutionnaires se faisaient les agents les plus violents de la Terreur. Tout au moins il apparaît tel, d'octobre à décembre 1793, d'après le registre de ses arrêtés et le registre de sa correspondance (Arch. dép. de l'Ariège L 367).

Bulletin de la Société ariégeoise des sciences,

lettres et arts - 1926

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