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La Maraîchine Normande
17 décembre 2012

UNE PROCLAMATION DE L'ABBÉ BERNIER

AU NOM DU ROI.

Le Conseil militaire de l'armée d'Anjou et Haut-Poitou, aux Républicains,

Français égarés,

Vous nous annoncez des paroles de paix ! ce voeu est celui de nos coeurs ; mais de quel droit nous offrez-vous ce pardon, qu'il n'appartient qu'à vous de demander ? ... teints du sang de nos rois, souillés par le massacre d'un million de victimes, par l'incendie et la dévastation de nos propriétés, quels sont vos titres pour nous inspirer la confiance et la sécurité ?

Serait-ce le supplice des Robespierre et des Carrier ? ... mais la nature indignée s'élevait contre ces monstres, le cri de la vengeance publique les dévouait à la mort ; en les proscrivant, vous n'avez fait qu'obéir à la nécessité ; une faction a remplacé l'autre, et peut-être le même sort attend celle qui domine aujourd'hui.

Seraient-ce vos prétendues victoires ? ... mais ne savons-nous pas que le mensonge préside toujours à la rédaction de vos feuilles, et qu'en éprouvant les plus terribles défaites, pour en imposer aux peuples séduits, vous prenez encore le nom fastueux de vainqueurs de l'Europe.

Serait-ce la relaxation de nos frères emprisonnés ? ... mais la justice ne leur devait-elle pas une liberté que la tyrannie seule avait pu leur ravir ? et quand vous les gardez au milieu de vous sans armes et sans défense, n'avons-nous pas à craindre que cette relaxation momentanée ne soit un piège adroitement tendu pour nous envelopper tous dans les mêmes malheurs ?

Seraient-ce vos promesses flatteuses ? ... hélas ! si nous pouvions y croire, du sein de leurs tombeaux, nos parents, nos amis égorgés se lèveraient pour nous dire : "Défiez-vous du venin caché sous ces dehors, c'est en nous promettant le salut et la vie que l'on nous immola ; le même sort peut-être vous attend ; le corps qui dominait alors règne encore aujourd'hui, son esprit est toujours le même, il tend encore au même but et n'a fait que changer d'agents et de moyens".

Si néanmoins vos voeux étaient sincères, si vos coeurs changés tendaient vers la paix, nous vous dirions, rendez à l'héritier de nos rois son sceptre et sa couronne, à la religion son culte et ses ministres, à la noblesse ses biens et son état, au royaume entier son antique et respectable constitution dégagée des abus que le malheur des temps y avait introduits ... alors oubliant vos torts nous volerons dans vos bras et confondrons avec les vôtres nos coeurs, nos sentiments et nos désirs ... mais sans ces conditions préalablement adoptées, nous braverons vos efforts et vos menaces, aidés de nos fidèles et généreux soldats, nous combattrons jusqu'à la mort et vous ne règnerez que sur la tombe du dernier d'entre nous.

Arrêté unanimement à Maulévrier, le 28 janvier 1795.

L'an 3e, du règne de Louis XVII.

Signé : Stofflet, général en chef, Berrard, Trotouin, Monnier, Guichard, Nicolas, Renou, Lhuillier, Challons, Martin, Cady et Gibert, secrétaire général.

Vu l'adresse ci-dessus, nous ordonnons qu'elle soit imprimée et affichée dans toutes les paroisses de l'arrondissement de l'armée d'Anjou et Haut-Poitou.

Donné à Maulévrier, le 28 janvier 1795. L'an 3e du règne de Louis XVII.

Signé : Bernier, curé de Saint-Laud, commissaire général

Bulletin historique et monumental de l'Anjou. - 1859

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