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La Maraîchine Normande
11 décembre 2012

ARTICLE DU "MESSAGER DE LA VENDÉE" ♣ LA MORT DU GÉNÉRAL HAXO ♣ 2ème partie

DOCUMENTS VENDÉENS

ARTICLE DU "MESSAGER DE LA VENDÉE"

du Dimanche 27 mars 1892

1ère année - n° 13

LA MORT DU GÉNÉRAL HAXO

2ème partie

VII

Ceux qui prétendent que le général Haxo s'est brûlé la cervelle pour ne pas tomber vivant aux mains des Vendéens, s'appuient sur des documents officiels. Il faut reconnaître que sous réserve qu'il y a lieu de faire sur leur exactitude, en raison de la façon dont ils étaient fournis, ils sont d'un certain poids.

La mort d'Haxo ne fut connue de Turreau que le 22 mars ; voici la lettre qu'il écrivit à cette date, des Sables d'Olonne, au ministre de la guerre, Bouchotte :

"Depuis huit jours, je marchais de concert avec le général Haxo contre Charette. Une marche forcée, que je fis le 19, m'avait mis sur ses talons. Il m'évita par une fuite très-rapide ; mais nos colonnes étaient disposées à le forcer au combat, de quelque côté qu'il dirigeât sa marche. Effectivement, Charette a été attaqué par la colonne que commandait Haxo en personne. Les deux bataillons qui se présentèrent au combat, sous les yeux du général, prirent la fuite, aussitôt qu'ils eurent vu l'ennemi. Haxo cherche en vain à les ralliers, en restant exposé au feu le plus vif ; il est bientôt atteint de deux coups de feu, son cheval tombe, et le général, sur le point d'être pris par la cavaliers ennemis, se brûle la cervelle.

Cependant la victoire était à nous ; la bonne contenance de deux bataillons qui étaient à l'aile gauche et qui chargèrent vigoureusement les brigands l'eut bientôt décidée. Leur perte a dû être considérable ; la nôtre a été d'une vingtaine d'hommes tués et cinquante-sept blessés.

La perte d'Haxo est irréparable dans ce moment-ci. Haxo était mon ami, et peut-être n'en dois-je pas faire l'éloge ; mais je puis dire, avec vérité, que toute l'armée, tous les citoyens partagent mes regrets. La mort d'Haxo, celle de Moulin le jeune, la retraite de son frère pour cause de maladie, la blessure qu'a reçue le général Caffin, un des meilleurs officiers de l'armée, celle de Blamont, mon premier aide-camp, fait adjudant-général, etc. etc., toutes ces pertes ont retardé considérablement mes opérations et brisé tous mes moyens.

Cette lettre, sui se terminait par une demande de renforts, est accompagnée de la note suivante de la main du ministre : "L'on ne peut que regretter Haxo. - Le général ne tardera pas à recevoir de la cavalerie et de la gendarmerie ....

VIII

Dans l'analyse qu'il fait des divers ouvrages publiés sur la guerre de la Vendée, M. Eugène Loudun s'exprime ainsi au sujet du Moniteur universel (La Vendée, édition de 1873, p. 406),

Apprend moins qu'on ne le croirait. Il y avait tant à dire chaque jour sur l'assemblée, les guerres, l'intérieur, l'étranger, que la Vendée y tient peu de place. C'est par là que l'on voit ce qu'un pays, un fait, un homme peut valoir dans le monde : seul, il paraît considérable ; dans l'ensemble, c'est un atôme ...

C'est peut-être aller un peu loin, la guerre de Vendée a été et restera un des épisodes les plus importants de la Révolution, mais, ce qui est certain, c'est que les détails n'avaient pas alors l'intérêt que nous y attachons aujourd'hui.

En fait, le Moniteur universel contient peu de chose sur la mort d'Haxo.

Tout se bordne à un projet de décret proposé par Barère à la séance du 9 floréal :

BARRERE - Ce n'est pas en vain que le Panthéon domine tous les édifices de cette ville ; le temple de la gloire est aperçu des frontières ; le Comité a pensé que vous deviez centraliser la gloire, comme vous disséminiez le bonheur. Deux généraux ont donné des exemples de bravoure républicaine : l'un est Moulin, vous avez décrété qu'il lui serait élevé un obélisque dans la Vendée (Par un décret du 24e jour de pluviôse, an II, la Convention en effet avait décrété : La mémoire du général Moulin est chère à la Patrie. Il sera élevé à Tiffauges, aux frais de la République, un tombeau simple, et sur la pierre sera placée l'inscription suivante : Républicain, Il se donna la mort Pour ne pas tomber vivant Au pouvoir des brigands royalistes.) ; l'autre est Haxo, il a imité son exemple ; blessé et prêt à tomber entre les mains des brigands, il s'est donné la mort. Le Comité vous propose d'ordonner qu'il sera élever une colonne de marbre dans le Panthéon, sur laquelle seront inscrits les noms des républicains qui auront fait des actions héroïques et que les noms d'Haxo et de Moulin y seront gravés les premiers avec cette inscription : "Ils se donnèrent la mort pour ne pas tomber entre les mains des brigands". (On applaudit) cette proposition est adoptée.

Les paroles de Barère qui ne permettent pas de soutenir, comme je l'ai entendu faire quelquefois, qu'une confusion avait été faite entre le général Moulin, dont le suicide est bien avéré, et le général Haxo, avaient été évidemment inspirées par le rapport fait au Comité de salut public qu'il convient maintenant d'examiner.

IX

Un des caractères particuliers de l'époque que j'étudie était la défiance, et sans vouloir aller jusqu'à dire que la dénonciation était érigée en vertu civique, il est bien certain que le Comité de salut public avait partout des émissaires destinés à le renseigner sur les faits et gestes de ceux à qui était confié le soin d'assurer, même par les armes, le triomphe de la République, Hentz, Francastel, Garreau et Prieur de la Marne étaient spécialement chargés de s'occuper de la Vendée et de stimuler le zèle patriotique des généraux à l'armée de l'Ouest.

Si je ne craignais de faire une diversion à cette étude, je signalerais deux lettres de ces représentants en mission à l'occasion du général Turreau, dont ils étaient mécontents, l'une de Hentz et Francastel disant "qu'ils avaient été sur le point de le destituer, s'ils n'avaient craint d'être désapprouvés par Prieur et Garreau, l'autre de Garreau et Prieur indiquant, deux jours après, "que la chasse qu'ils ont donnée aux généraux et surtout au général en chef a produit un effet et qu'ils n'auront que des éloges à lui donner". - Avec de semblables correspondants, on voit combien le Comité de salut public et par suite la Convention devaient être bien informés.

Ce furent les représentants du peuple Garreau et Prieur de la Marne qui, à la date du 29 mars, annoncèrent au Comité la mort d'Haxo.

"Haxo, disent-ils, abandonné d'une partie de ses troupes, est obligé de se donner la mort.

D'où tenaient-ils ce renseignement ? Car, à l'époque où se déroulait le drame qui nous occupe, Turreau était à Nantes, la Capoue de la Vendée, avec Garreau qui s'obstinait à y rester malgré ses collègues. M. Germain Bapst qui a donné, dans l'Intermédiaire, l'extrait de leur lettre, nous apprend qu'elle accompagnait "une relation sur la mort ... (illisible) ... Bichon, en date du 22 mars 1794, qui, évidemment était dans le sens de leur rapport ; malheureusement cette pièce a, jusqu'à présent, échappé aux recherches de l'érudit correspondant.

X

M. Germain Bapst, dans le journal précité, nous fournit également un certificat d'Aubertin qui, au premier abord, paraîtrait infirmer ce qu'il a plus tard raconté dans ses mémoires ; je le reproduis, quant à présent, sauf à voir qu'elle peut en être la portée :

ARMÉE DE L'OUEST

ÉTAT MAJOR

Liberté Égalité

Mort aux intrigants et aux inutiles

28 messidor, an II

L'adjudant général, chef de brigade provisoire, soussigné, certifie que, le 30 ventôse dernier, le général de brigade Haxo, commandant une colonne chargée de la poursuite de l'infâme Charette, après une marche forcée de dix lieues, arrivé au moment d'atteindre le rassemblament de ce chef de brigands, dans le bourg des Clouzeaux, district de la Roche-sur-Yon, département Vengé, le général Haxo, chargeant à la tête des tirailleurs, reçu plusieurs coups de feu au corps, à la distance de vingt pas, d'une embuscade de l'ennemi, retranché derrière un mur ; que, son cheval s'étant abattu et les tirailleurs ayant fait demi-tour à droite, le général Haxo se voyant près d'être pris par ces gueux, en héros, en bon et brave républicain, a préféré se donner la mort, en se brûlant la cervelle d'un coup de pistolet.

En foi de quoi, je donne le présent certificat.

AUBERTIN

Vu par le chef d'État-major général

BEAUPUY

XI

Terminons par les états de service d'Haxo, d'après son dossier au ministère de la guerre. 

 

Tels sont les documents sur lesquels s'appuie la version du suicide d'Haxo ; avant de conclure, je tenais à mettre sous les yeux du lecteur les pièces originales, car, pour bien apprécier le débat, il importe de bien préciser comment se sont formées l'une et l'autre légende.

A. ROUILLÉ

(A suivre.)

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