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La Maraîchine Normande
11 décembre 2012

ARTICLE DU "MESSAGER DE LA VENDÉE" ♣ LA MORT DU GÉNÉRAL HAXO ♣ 3ème partie et dernière partie

DOCUMENTS VENDÉENS

ARTICLE DU "MESSAGER DE LA VENDÉE"

du Dimanche 3 Avril 1892

1ère année - n° 14

LA MORT DU GÉNÉRAL HAXO

3ème partie et dernière partie

XII

Si l'on devait, en histoire, se contenter de raisonnements, d'inductions et d'hypothèses, le suicide d'Haxo ne manquerait pas de vraisemblance. Formant un heureux contraste avec son chef Turreau dont les colonnes incendiaires désolaient le pays, sans autre résultat que de l'exaspérer, le général républicain était de ces vaillants qui ne comprennent la guerre qu'à armes courtoises, estimant qu'il était venu en "Vendée pour se battre contre des hommes et non pour assassiner des femmes ou des vieillards sans défense". Charette était pour lui un adversaire qu'il fallait vaincre et il s'était attaché opiniâtrement, mais loyalement, à sa poursuite. Malheureusement il était mal secondé, et Savary, en rapportant la lettre que j'ai donnée en tête de mon premier article, ne pouvait s'empêcher de s'écrier :

"Haxo qui depuis quinze jours n'avait cessé de poursuivre Charette et qui avait reçu des reproches sur son inaction ; Haxo qui venait de courir toute la nuit pour conférer avec Turreau qu'il ne rencontra pas au rendez-vous ; Haxo qui par son énergie soutenait ses troupes épuisées de fatigues et de besoin ; Haxo qui avait inutilement demandé la cavalerie qu'on lui avait promise, après avoir écrit au général en chef, alla chercher la mort aux Clouzeaux."

Or, abandonné de ses chefs, abandonné de ses soldats, car tous les récits s'accordent sur ce point qu'il était demeuré "seul en arrière de son escorte en déroute", serait-il inadmissible que, désespéré et découragé par tant de défections, il ait préféré une mort volontaire aux aléas que lui réservait une capture imminente et inévitable ?

Que ceux qui ont raconté de cette façon sa mort l'aient quelque peu dramatisée, ils ont pu le faire, moins peut-être comme l'indique l'abbé Deniau, pour obéir aux tendances emphatiques de cette époque, que parce que, étant données les circonstances que je viens d'indiquer, ils ont présumé que les choses avaient dû se passer ainsi.

XIII

Aubertin, tout le premier, nous paraît avoir obéi à ce sentiment lors de la délivrance de son certificat. Il n'était pas, qu'on le remarque bien, sur le lieu de l'action, et ce ne doit être que sur le rapport qui lui fut fait, peut-être même sur des ordres reçus qu'il a dû le rédiger. Quand plus tard, à tête reposée, il raconte dans ses mémoires (Pag. 113) le drame des Clouzeaux et la mort du Général "tué par un cavalier vendéen", il insiste sur ce point : "Ce sont les seuls détails véridiques que l'on ait jamais eus sur la fin du général Haxo. Toutes les versions qu'on a pu faire dans un grand nombre de relations précédentes sont controuvées. On doit s'en rapporter à celle-ci et à quelques rapports royalistes ...

Turreau lui-même, dont la lettre au Ministre de la Guerre paraît si précise, ne parle plus dans ses mémoires de ce prétendu suicide d'Haxo et se borne à enregistrer celui de Moulin. Pourquoi ? si ce n'est qu'il doutât lui-même des renseignements qui lui avaient été fournis dans le principe ?

XIV

Mon excellent confrère et ami, Me Bourgeois, qui s'intéresse comme moi aux choses de la Vendée, a fait, dans un des derniers numéros de l'Étoile de la Vendée un chaleureux plaidoyer en faveur de l'opinion de Crétineau-Joly qui repousse l'hypothèse du suicide. Déduite avec cette clarté et cette logique qui font la force d'une argumentation et en assurent le triomphe, les raisons qu'il donne de son sentiment me semblent tellement péremptoires, que je ne saurais résister au désir de les analyser, d'autant qu'elles sont le résultat d'une conversation commune.

Comment admettre, fait-il remarquer, l'allégation purement gratuite de personnages absents dans le récit d'un évènement que les républicains eux-mêmes n'ont pas rapporté d'une façon identique ? Quelle foi ajouter au témoignage de gens qui se contredisent ou se rétractent ? Peut-on préférer à une affirmation qui n'a jamais varié, leur version, dramatique sans doute mais peu conciliable avec le caractère de ce brave qui dans une lutte désespérée, aurait réservé pour lui "le pistolet dont il aurait pu, dont il avait dû se servir tout d'abord, même avant de faire usage de son sabre, pour tenir à distance les adversaires qui voulaient le faire prisonnier" ? Et si, pour se vanter aux yeux de leurs chefs de la morts d'Haxo, les Vendéens ont nié le suicide, comment admettre qu'ils aient tous été d'accord pour attribuer ce fait d'armes à l'un d'eux exclusivement ? Comment admettre enfin, s'ils n'ont pas dit la vérité, qu'il ne soit pas trouvé parmi eux un seul pour confirmer, ne fut-ce que par un sentiment de jalousie, la version imaginée par le général en chef des colonnes infernales ?

Pour moi, toute hésitation doit cesser devant les témoignages certains des Vendéens, seuls témoins oculaires de cette scène qui ne manque pas de grandeur, où le lion blessé, mais ne pouvant s'abaisser à se déclarer vaincu, vend chèrement sa vie et ne succombe que percé de coups. C'est la version de notre pays, je n'ai pas à discuter si elle est plus honorable suivant le point de vue auquel on envisage le vrai courage ; historien, j'enregistre les faits sans me permettre de les apprécier. Et quand pour terminer j'aurais dit que la famille d'Haxo, plus intéressée que quiconque à éclairer la situation, n'a jamais accepté, si glorieuse qu'elle ait paru à la Convention, la relation officielle, j'aurais, je l'espère, mis fin à un débat que l'érection d'une statue au vaillant général avait impérieusement soulevé.

Le général Iunyg, auteur d'un remarquable travail sur Dubois-Crancé, dans lequel il fait prévaloir notre opinion, écrivait, en effet, il y a quelques jours, à l'Intermédiaire, en réponse à la demande qu'on lui faisait des raisons qui l'avaient engagé à l'adopter, les lignes suivantes par lesquelles je terminerai cette étude :

Haxo avait été blessé et abandonné par les siens pendant les péripéties d'une lutte mouvementée. Il n'y eut pas de témoins de sa fin du côté français (Républicain eut été un mot plus juste). Le rapport envoyé par son subordonné et transmis hiérarchiquement ne pouvait donc être que l'explication hâtive et patriotique d'un évènement pénible, explication destinée naturellement à faire la cascade dans les pièces officielles. Du reste, le maréchal Vaillant, parent de Haxo par son mariage, racontait cet incident dans le sens du récit détaillé fait par les Vendéens eux-mêmes. Il le considérait comme seul exact, j'ai fait de même.

A. ROUILLÉ

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