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La Maraîchine Normande
3 décembre 2012

LA GRANDE GUERRE A ROSNAY (85)

 

 

Le 18 mars 1793, la municipalité de Mareuil écrit au Directoire du département à Fontenay : "Le brigandage perce jusqu'à Rosnay, à une lieue de notre commune". Le nom de "brigand" dut donné dès le début aux révoltés. De Saint-Pal, gentilhomme de Mareuil, s'était, à son corps défendant, mis à la tête des insurgés de Rosnay, de Saint-Florent, du Tablier et de Chaillé. (Remarquons combien cette révolte fut spontanée : tous les curés du pays étaient en exil depuis an an !)

Le 22 mars, le commandant catholique de La Roche-sur-Yon enjoignait aux autorité de La Couture de faire battre le tocsin et aux habitants de se rassembler à La Roche ; mais ces ordres ne purent être exécutés, car les Bleus étaient tout proches.

Mareuil fut pris par les Vendéens le 28 avril 1793, mais ils ne le gardent que jusqu'au 3 mai ; le 16, Saint-Pal y rentre à nouveau. Le 1er juin, il écrit qu'il lui arrive des gens de La Couture, qu'il a avec lui 350  hommes et une infinité de femmes et d'enfants de Rosnay, etc ... que ces femmes et ces enfants n'osent retourner chez eux, de crainte d'être emmenés par les Républicains qui font des sorties du côté de Morte-Vieille.

 

 

A la bataille de Corpe, le 14 août 1793, il mourut 6 000 Vendéens. Les survivants rentrèrent chez eux en grand nombre ; un peu de clémence eut ramené la paix. Mais le général Turreau, qui succéda à Kléber, ne fut qu'un bourreau : "Tous seront passés au fil de l'épée, ordonne-t-il le 17 janvier 1794, les villages, métairies, bois seront livrés aux flammes." - Les ordres étaient atroces, les exécuteurs furent pires encore. Des colonnes de soldats furent formées, que la voix publique appela les colonnes infernales, et qui massacrèrent tout : les femmes, les vieillards et les enfants.

Le 28 mars 1794, l'ignoble général Huché donne à Martinière, commandant de Mareuil, la liste des communes à brûler ; Rosnay est nommée la septième. - Le 2 avril, Martinière rentre à Mareuil, se glorifiant d'avoir brûlé "dix-huit en droits". La Couture était aussi du nombre. Qui nous dira combien de martyrs, en particulier de petits enfants immolés, nous avons eus dans ces jours d'infâmes cruautés ?

Le 7 avril, Huché fait recommencer ce qu'il appelle en propres termes "la promenade incendiaire interrompue". Mais, même aux yeux des républicains, Martinière avait exagéré, car, dans son ardeur il avait brûlé même Mareuil, dont "aucun habitant n'avait pris part à la révolte".

 

 

Le 11 avril, Martinière avait fusillé à Fontenay, sur la place Viète, et son chef Huché était destitué. L'exaspération rendit des soldats aux chefs vendéens : Stofflet et Charette. Un an plus tard, le 29 juin 1795, Mareuil est repris par les Vendéens, la guerre n'était donc pas finie à Rosnay ! Ce ne fut que pour quelques jours. - Le 9 juillet, Charette l'attaque de nouveau : sans coup férir, le capitaine Louton passe dans le camp des Vendéens. Quelques jours après, Mareuil est repris une dernière fois. - Le 24 septembre, Rosnay est repris également par le général Delaage qui commandait à Luçon. Il est à croire que la paix ne fut pas complète cependant, car le 21 octobre il y eut élection dans les communes du canton de Mareuil et le compte-rendu de l'élection porte : "Les communes libres du canton de Mareuil ..." ; c'est donc qu'il y avait des communes soumises encore aux Vendéens. Quatre ans plus tard, la paix n'était pas encore complète : en décembre 1799, la municipalité de Mareuil écrit que le brigand Caillaud, des Pineaux, enrôle des troupes. Mais alors Napoléon venait de faire son coup d'état (le 9 novembre 1799), et intelligent, il rendait la liberté de conscience que la Révolution violait depuis 1790, après l'avoir promise en 1789, et par là il assurant la paix définitive.

Par le Concordat, il proclamait la victoire de la Vendée et des insurrections de Lyon, de Bretagne, et des autres parties de la France : les Martyrs avaient sauvé la Foi.

L'occasion de la guerre fut l'enrôlement général de tous les jeunes gens, prescrit par la Révolution, pour les envoyer à la frontière.

"Puisqu'il faut se battre, se disait-on équivalemment, défendons d'abord notre Vendée contre ceux qui ont chassé nos prêtres". Car il est incontestable que ce n'est pas par amour du roi, mais par amour de la religion que la Vendée s'est soulevée. Les bourgeois de Rosnay, raconte M. Bourgeois, avaient formé une garde nationale ; M. Gabriel Barbier, par un arrêté départemental du 6 février 1793, avait été chargé, avec M. Bougarel, de Mareuil, d'organiser la garde nationale dans les cantons de Mareuil, d'organiser la garde nationale dans les cantons de Mareuil et du Tablier (qui était alors canton). Un jour, ils se rendirent en armes au bourg du Tablier et assemblèrent les habitants dans l'église. Ceux-ci se refusèrent formellement à se faire enrôler, et un nommé Dubreuil, frappant de toute sa force un coup de bâton sur la table, fit voler écritoire, plumes et papiers, de sorte que la conférence se trouva terminée.

Un nommé Pasquier, meunier à Rosnay, frappé des raisons alléguées par les gens du Tablier, donna un coup de sabre dans le tambour de la garde nationale qu'il commandait, en s'écriant : "Les gâs du Tablier ont raison ; allons, enfants, au diable la garde nationale, allons nous en chacun chez nous". Les prises de bec ne se terminaient pas toujours aussi paisiblement et l'on en venait parfois aux coups. - Dans les jours qui précédèrent la grande guerre, c'était des combats continuels à coup de bâton entre les paroisses de la Plaine et celles du Bocage, qui ne pouvaient souffrir que les Plaineaux vinssent chez eux parés de la cocarde tricolore ; et dans la même paroisse d'ailleurs, on était loin d'être toujours d'accord. M. Bourgeois note, d'après le témoignage de Louis Vincent, du Tablier, qu'il y eut des combats entre des gens du Tablier d'une part, et, d'autre part, des gens de La Couture et des villages situés entre Rosnay et le Lay.

Voici un récit de M. Bourgeois qui a interrogé les vieillards plus tard : "La colonne s'étendait sur une lieue de large, brûlant et massacrant tout ce qu'elle rencontrait, furetant dans les bois et jusque dans le creux des arbres. Une femme du Tablier, nommée Martineau, épouse Vincent, mère du porte-drapeau de Charette, était allée porter un peu de blé à moudre au moulin du Plessis de Rosnay, qui, appartenant à un meunier bleu, avait seul été épargné dans cette immense dévastation. Elle s'y trouvait avec treize autres personnes, y compris le meunier, lorsque les Bleus arrivèrent. Après avoir fermé au dehors la porte du moulin, ces abominables incendiaires y mirent le feu et brûlèrent tout vivants ces quatorze malheureux, sans s'inquiéter (comme cela arriva souvent) que le meunier fut l'un des leurs. - Il ne restait plus désormais un seul moulin dans le pays, et les habitants qui échappèrent aux Colonnes Infernales durent se servir de moulins à bras pour moudre le grain."

Bulletins paroissiaux

Rosnay - La Couture

1933

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