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La Maraîchine Normande
23 novembre 2012

M. CHARLES-NICOLAS LANGE ♣ Chanoine de la collégiale de Mortagne au Perche

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M. CHARLES-NICOLAS LANGE

Chanoine de la collégiale de Mortagne,

refusa le serment constitutionnel ; mais, à l'exemple de plusieurs prêtres distingués par leur science et leur piété, il crut pouvoir prêter le serment de liberté prescrit par la loi du 12 août 1792. Il profita de la paix relative que lui procura pendant la terreur la prestation de ce serment, pour donner les secours de l'Eglise aux personnes en danger de mort. Le dévouement qu'il témoigna aux fidèles de Mortagne et des paroisses voisines, lui mérita de plus en plus leur affection. Ils se firent un bonheur de se montrer reconnaissants, lorsque ce pieux serviteur de Dieu, arrêté par ordre du citoyen Gohier, commissaire à Mortagne, fut écroué à la prison de cette ville (12 germinal an IV - 1er mai 1796). En moins d'une demi-journée, des centaines de signatures, données par les habitants les plus honorables de Mortagne, furent apposées au bas d'un certificat ainsi conçu :

"Nous attestons que le citoyen Charles-Nicolas Lange, prêtre, ex-chanoine de la collégiale de Toussaint, s'est toujours montré soumis aux lois de la république, en prêtant le serment de liberté et d'égalité, et en faisant sa soumission aux lois de la république ; qu'il s'est constamment montré ami de l'ordre et de la paix."

Le citoyen Gohier avait malheureusement saisi parmi les papiers de M. Lange plusieurs pièces capables de le compromettre devant le tribunal.

Au nombre de ces pièces figuraient :

 1° Une lettre de M. Lefrançois, vicaire-général, ainsi conçue : "J'ai l'honneur de vous adresser, Monsieur, deux Mémoires concernant la question présente (la soumission aux lois de la république). Voudriez-vous bien les communiquer dans Mortagne et les environs, lorsque vous aurez fait des copies, surtout du mien, qui commence ainsi : Un ministre insermenté ... Je vous serai très-obligé de me le faire repasser par une occasion sûre. M. la Bigne, qui s'est donné la peine de venir ici, sera, s'il vous plaît, un de ceux qui pourront en prendre copie. Mes sentiments vous sont pleinement connus ( 14 octobre 1795) ;

2° Les deux Mémoires précités ;

3° Une autre Lettre où M. Lefrançois répondait à M. Lange "qu'il avait retiré les pouvoirs de dispenser in secundo gradu, et qu'il fallait de toute nécessité recourir au Saint-Siège" ;

4° Une lettre d'une femme de Saint-Mard-de-Reno, adressée à M. de Saint-Léger, ancien curé de Saint-Mard-de-Reno, au comté de la Marke, en Wesphalie, pays de Prusse, sur la Roer, près Cologne, à Essen", et contenant les détails suivants :

"Tous ceux qui ont fait des restrictions dans leurs soumissions aux lois de la république ne disent plus la messe à présent (18 octobre 1795). Il y en a beaucoup dans notre voisinage qui ne la disent plus. M. l'abbé Duchastel ne la dit plus. M. l'abbé Lange continue à la dire dans notre paroisse. Il y est beaucoup estimé ; tous les habitants l'aiment et en parlent avantageusement ... Le blé est très-cher chez nous. Il se vent à la halle cent livres le boisseau, mais on y en voit très-peu, et à la cache, c'est-à-dire chez les particuliers, depuis 250 livres jusqu'à 300 livres le boisseau. Le cidre est très-cher ; il vaut depuis 800 livres jusqu'à 1 000 livres la pipe. Le beurre vaut 25 livres la livre, les oeufs valent 22 livres le quarteron. Les pommes valent 300 livres la pipe. Le sel vaut 8 livres la livre, un couple de poulets vaut de 25 à 35 livres. Le bois vaut 300 livres la corde. La chandelle vaut 80 livres la livre. La viande vaut 12 livres la livre. Le fil de brin vaut 120 livres la livre, celui de gros vaut 80 à 100 livres. Les toiles de trois quarts valent 55 livres l'aune. Celle de trois quarts et demi, 70 livres l'aune. Enfin tout est à un si grand prix qu'on est obligé de se priver d'une partie de son nécessaire". ;

5° Une pièce de vers adressée "aux habitants de Mortagne" et ainsi conçue :

Enfin vous échappez aux trames de Gohier,

Aux poignards de Jarrys, aiguisés par Battier,

Et vous allez survivre à ces temps d'anarchie

Où le juste craignait pour ses biens, pour sa vie,

Où de son temple auguste, un monstre, un scélérat

Faisait chasser son Dieu pour y mettre Marat,

Où des bras d'un époux une épouse arrachée

Etait par Desgrouis cruellement livrée

A vos buveurs de sang, Touchard, Angot, Pantou,

Et, pour comble d'horreur, à l'infâme Pérou.

Ce vil rebut d'un cloître avait pour concubine

Les uns disent sa fille, et d'autres sa cousine.

Il en a fait sa femme, et ce couple proscrit,

Sans pudeur, sans remords, fait venir l'Antechrist. ...

6° Une autre chanson conçue en ces termes :

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Traduit le 30 mai 1796 devant le tribunal criminel d'Alençon, M. Lange y subit l'interrogatoire suivant, en présence du citoyen Mars, juge du tribunal civil, désigné pour remplacer le Président.

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Le jour même de son interrogatoire, M. Lange fut amené devant le tribunal criminel.

En 1793, on n'aurait pas manqué d'infliger la peine de mort à ce prêtre attaché si ouvertement au fanatisme et propagateur d'écrits inciviques. En 1796, le tribunal, revenu à des sentiments plus humains, porta cet arrêt :

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M. Lange fut reçu en triomphe à son retour à Mortagne. Sa captivité ne servit qu'à lui concilier de plus en plus le respect des fidèles, et à couvrir du mépris public les persécuteurs de la religion. Ce saint prêtre continua de rendre aux catholiques de Mortagne tous les services qui furent en son pouvoir. Après une vie pleine de bonnes oeuvres, il mourut à Mortagne le 30 vendémiaire an X (21 octobre 1802).

(Les Martyrs de la Révolution dans le diocèse de Séez - Tome 3)

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