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La Maraîchine Normande
23 novembre 2012

MONTFAUCON-SUR-MOINE (49) ♣ 1ère partie ♣ Notice

 

Montfaucon vue z

A l'ouest du département de Maine-et-Loire, sur les bords charmants de la Moine, s'élève, au penchant d'un coteau exposé au midi, la pittoresque petite ville de Montfaucon, fondée au XIIe siècle par Foulques-Nerra, duc d'Anjou. Si l'on en croit une légende, comme Foulques-Nerra choisissait l'emplacement d'un château qu'il voulait faire construire en ce lieu, il aperçut sur un chêne un faucon qui y faisait son nid. En voyant cet oiseau échappé du manoir de Clisson, le duc dit : "J'ai trouvé un nom à mon nouveau château, il s'appellera le Mont-du-Faucon." Telle aurait été l'origine du nom de Montfaucon. Un fragment de la chronique de Saint-Florent donne quelques explications sur la fondation de Montfaucon. Le duc Foulques, dit la chronique, étant du côté de Thouars, fit bâtir un château, dans un lieu qui dépendait de Saint-Florent, et qu'on appelait Montfaucon, à cause d'un nid de faucon. Douze moines de Saint-Macaire, aidés d'ouvriers du pays, achevèrent cet édifice.

Je dois faire ici une observation, c'est que le bourg de Saint-Macaire, beaucoup plus ancien que Montfaucon, s'appela Especan, jusqu'au moment où saint Macaire, dont il a conservé le nom, bâtit en ce lieu un monastère. Le même saint fonda un autre monastère à Roussay qui s'appelait alors Gortiacum.

Vers la fin du VIIIe siècle, un grand personnage nommé Polierne, possédait ces deux couvents, qu'il donna à Saint-Florent et à son monastère du Mont-Glonne.

Les douze moines, établis à Montfaucon, en furent chassés par Vital, neveu de Giraud, abbé de Saint-Florent, dont il était le procureur. Vital ne respirant que rapines, dit la chronique, fit conduire par une escorte de soldats son butin au Mont-Glonne. Il le reçut en promettant une équitable réparation, mais comme un fourbe poursuivant son entreprise, il chassa de nouveau deux moines envoyés par l'abbé Frédéric.

Giraud était abbé de Saint-Florent de 1014 à 1022. Frédéric lui succéda.

Foulque Nerra dit le Faucon Noir z

Ainsi, d'après la chronique de Saint-Florent, des moines ont été les premiers habitants de Monfaucon, et ce sont ces pionniers de la civilisation qui achevèrent le château près duquel vinrent se grouper d'autres habitations. Lorsque Foulques-Nerra plaça comme une sentinelle avancée cette forteresse sur les frontières de son duché, du côté de la Bretagne, le pays était alors couvert de forêts, au milieu desquelles les druides avaient élevé, à une époque inconnu, de curieux monuments, dont plusieurs sont encore existant près de Montfaucon. Sur les lieux mêmes où se bâtit la ville, il y avait trois tombelles gauloises, dont deux ont été détruites dans le dernier siècle.

Une de ces grosses buttes de terre s'appelait la Motte-Rétice, parce qu'elle avait probablement été, en temps de guerre, le théâtre d'une lutte acharnée. Celle qui existe encore se nomme la Motte des fiefs anciens. C'est sur cette tombelle que Foulques-Nerra avait bâti son château, qui consistait en une grosse tour, dans laquelle les vassaux venaient rendre foi et hommage. Il ne reste aucun vestige de cette tour, pas plus que d'un autre château bâti au midi de l'église Saint-Jacques. Ces fortifications furent détruites pendant les guerres de religion. La ville, sous laquelle on trouve encore de nombreux souterrains allant en tous sens, avait une double enceinte de fossés. Dans un de ces souterrains on a trouvé le squelette d'un homme qui y était mort, retenu par une chaîne scellée dans un mur de soutènement. Sous l'une des tombelles détruites, on pouvait encore visiter, il y a quelques années, deux vastes caveaux taillés dans le roc. Aujourd'hui, pour y pénétrer, il faudrait déblayer l'ouverture qui s'est obstruée. Pendant la Révolution, les habitants de Montfaucon cachèrent en ce lieu un grand nombre d'objets, qu'ils purent, ainsi soustraire au pillage et à l'incendie, mais non à l'humidité, qui détruisit tous les tissus. Ces souterrains creusés dans le sol granitique à une époque fort reculée, ne furent pas seulement construits dans un but stratégique ; je crois qu'en certaines occasions, les populations s'y cachaient, pour se dérober aux mauvais traitements et aux coups mortels que leur réservaient de cruels ennemis.

Avant la Révolution, Montfaucon possédait trois églises et autant de paroisses : Notre-Dame, Saint-Jean et Saint-Jacques, qui était l'église du prieuré. Ces édifices, assez vastes et bien construits, étaient tous dans le style roman, ce qui indiquait que leur origine avait eu la même date que celle de la ville. Malheureusement, sous le premier Empire, l'église de Notre-Dame fut démolie et celle de Saint-Jacques mutilée. Saint-Jacques, la moins belle des trois, qui a aussi subi de déplorables transformations, sert aujourd'hui au culte. Cette église, d'après une tradition, eut beaucoup à souffrir, pendant les guerres de religion, d'une attaque des huguenots contre Montfaucon. L'artillerie des réformés, dit-on, fit alors une large brèche au mur du côté nord, ce qui occasionna l'écroulement de la voûte.

Montfaucon St-Jacques z

Autour de l'église Saint-Jean, d'antiques tombeaux ont été découverts. L'un de ces monuments funéraires, que j'ai vu ouvrir, avait été recouvert jadis par les fondations du vieux clocher de l'église, les maçons d'alors l'ayant probablement pris pour un rocher, comme ceux qui le découvrirent il y a une vingtaine d'année. En effet, il était facile de s'y méprendre, parce qu'une énorme pierre de granit avait été placée sur cette tombe, composée d'un bloc de maçonnerie. Sous cette pierre, parfaitement liée par du ciment, se trouvait le squelette d'un homme grand et fortement constitué, ayant derrière la tête un pot rempli à moitié par du charbon. Ce vase, que je possède, n'a point d'anse et sa panse noircie atteste qu'on en avait fait usage avant de le placer en ce lieu. La maçonnerie de cette tombe avait intérieurement la forme du cadavre qui y avait été déposé. Le squelette, dont toutes les parties apparurent bien conservées, ne tarda pas, sous l'action de l'air, à tomber complètement en poussière.

Montfaucon St-Jean z

Un tombeau plus curieux encore a été découvert, depuis la Révolution, non loin de l'église Saint-Jacques, dans le jardin de l'ancienne cure du prieuré. En ce lieu avait été enterré un guerrier avec ses armes et son cheval. Malheureusement, les objets trouvés dans cette tombe n'ont pas été recueillis, et pourtant, m'a dit un témoin, l'armure, quoique rongée par la rouille, aurait pu être conservée.

Chacune des trois églises dont je viens de parler avait près d'elle son cimetière. Un quatrième s'appelle le cimetière des Sept-Frères, parce que, au centre, près du pied d'une vieille croix de pierre, sont sept tombes en granit sans inscriptions, dans lesquelles reposent, à ce qu'on assure, depuis bien des siècles, les cendres de sept frères.

J'ai fait sans succès de nombreuses recherches au sujet de ces sept frères. Tout ce que j'ai pu découvrir de positif, c'est qu'ils créèrent à Montfaucon une société de bienfaisance, ayant pour but de distribuer des secours aux malheureux. Jusqu'à la Révolution, les membres de cette association se réunissaient, certains jours de l'année, pour administrer les revenus affectés par les sept frères à leur oeuvre charitable, dans un grand bâtiment construit pour cet usage et s'appelant encore la Frérie. On prétend que les sept frères allèrent en Terre-Sainte, où ils figurèrent parmi les croisés. Ils avaient une soeur appelée Catherine, qui donna son nom à l'école des garçons fondée par elle. 

Trois gros villages, ne faisant pas partie de Montfaucon, joignent cette petite ville : au nord-est, Saint-Gilles, qui, avant 1789, possédait une église paroissial ; au nord, Bourg-Hardy, et au midi, le Pont-de-Moine, où se trouve l'ancien logis de la famille des Melliers. Près de cette habitation, on a trouvé, sous des décombres, il y a quelques années, deux belles haches celtiques. Il en est qui croient que ces haches servaient aux guerriers gaulois dans les batailles ; c'est une erreur. Les haches en pierre n'étaient employées que par les sacrificateurs, qui ne pouvaient, sans souiller les victimes, les immoler avec du fer, ce métal étant réputé impur. Au reste, les Gaulois connaissaient le fer, dont ils se fabriquaient des armes ; la lourde épée de Brennus en est une preuve incontestable.

On a trouvé à Montfaucon des monnaies gauloises et romaines, ces dernières en moins grande quantité.

Montfaucon, avant la Révolution, était chef-lieu d'une baronnie, avec haute, moyenne et basse justice. A une petite distance de la ville, sur la commune de Montigné, il y avait des fourches où l'on pendait les criminels de la châtellenie. Le carrefour où se trouvait ce gibet, s'appelle encore les Justices.

La châtellenie de Montfaucon fut possédée par Jean de Bourbon, comte de la Marche, qui la vendit en 1380 au connétable Olivier de Clisson, ce qui fut ratifié à Paris, au mois d'octobre de la même année, par Louis Ier, duc d'Anjou. Plus tard, le connétable, ayant fondé un chapitre de chanoines à Clisson, donna à ce chapitre, par acte du 5 février 1406, toute sa terre et châtellenie de Montfaucon.

Pour le temporel, Montfaucon était de l'élection d'Angers ; pour le spirituel, du diocèse de Nantes.

La ville a un hôpital, auquel ont droit ses habitants, ceux du Bourg-Hardy, de Saint-Gilles et du Pont-de-Moine. Cet hôpital fut fondé en 1812, par un riche propriétaire de Montfaucon, nommé M. Macé. On installa alors les malades dans une maison appartenant à la commune, appelée la Pocheterie. Placée au pied de la tombelle sur laquelle Foulques-Nerra bâtit son château, cette vieille habitation avait été anciennement une maladrerie. De nouveaux bâtiments ont remplacé, il y a une vingtaine d'années, l'édifice destiné dans le principe des lépreux. On ajouta aux revenus de l'hospice, nouvellement fondé, les rentes du bureau de charité qui avait été créé depuis la Révolution, avec le produit d'une partie des dons faits aux pauvres de Montfaucon par les sept frères.

Outre ses marchés aux bestiaux, qui malheureusement depuis quelques années ont perdu beaucoup de leur importance, Montfaucon a, le 22 septembre, une belle foire champêtre qui dure trois jours. On l'appelle foire de la Saint-Maurice, parce qu'elle doit son origine à un pèlerinage qui se faisait autrefois en ce lieu, à une chapelle dédiée au chef de la légion thébaine. Cette chapelle, dont il ne reste plus rien, était bâtie sur le champ de foire du Pont-de-Moine.

... à suivre ...

2ème partie ICI

CHARLES THENAISIE

Revue de Bretagne et de Vendée (Vannes)

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Commentaires
L
Merci, s'il vous plait ne perdez pas de temps, j'approche des 80 ans ! Ma grand Mère qui elle, m'aimait beaucoup, me disait quant j'étais enfant "N'oublie jamais , mon garçon, que tu a un arrière grand oncle qui a chouanné pendant 7 ans" (terme impropre paisqu'il ne s'applique pas aux bas Maine et au pays des Mauges. Votre blog est superbe, j'y ai passé tout ce dimanche. Bonsoir
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S
Je ne connais pas, hélas, cette chanson, mais je la trouve très intéressante, et puis si elle a réellement un lien avec ce qui s'est passé en 1794, il serait vraiment bon de pouvoir la dénicher. Merci en tout cas de votre visite et pour ces informations qui se rapportent à la vie du pays. Si par hasard, je trouvais cette chanson, je ne manquerai pas de la diffuser sur mon blog.
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L
je reviens sur cette chanson. Je pense que cela a un rapport avec les massacre de répression révolutionnaire de 1794 et qu'elle rapporte le sauvetage de l'auteur par une famille de grenouilles de la Moine (?) ou à autre épisode dramatique d'antan.
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L
Ma grand Mère était originaire de Bourg Hardy. Je voudrais retrouver le texte d'une chanson qu'elle chantait qui avait trait au pont de Montfaucon. Voici ce qui reste en ma mémoire : Ma marraine qui ne m'aimait guère m'a jeté par dessus le pont, la pibole,, m'a jeté par dessus le pont de Montfaucon. Que Dieu bénisse la mère geurneuille et tout ses p'tits geurneuillons pibolon...c'est tout ce qui me reste et je cherche la suite désespérément.
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La Maraîchine Normande
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