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La Maraîchine Normande
29 octobre 2012

DU GÉNÉRAL GRIGNY aux Prêtres résidans dans les Départemens des Deux-Sèvres, de la Vendée et de la Loire Inférieure.

Montaigu, le 6 ventôse, en V de la République

Française, une et indivisible

 

LE GÉNÉRAL

Commandant la 12e Division militaire,

Aux Prêtres résidans dans les Départemens des Deux-Sèvres, de la Vendée, et de la Loire Inférieure.

Ministres du Culte catholique,

DEPUIS que j'exerce l'autorité militaire dans ces Départemens, c'est principalement sur vous tous que j'ai eu constamment l'oeil ouvert. Dans le temps où le Gouvernement s'empressoit de faire jouir les habitans de ces malheureuses contrées de la paix et du règne des lois, j'ai vu avec indignation que la plupart d'entre vous, retenus par une lâche hypocrisie, avoit refusé de faire cette déclaration solemnelle de vivre soumis aux lois de la République. Cependant, je dois le dire, jusqu'à présent vous avez fait ce qu'il vous coûtoit tant de promettre, et j'ai rendu compte de votre bonne conduite au Gouvernement. Depuis une année entière, aucun de vous n'a troublé la paix, la tranquillité et le bon ordre que la République a voulu établir dans ces Départemens ; plusieurs même d'entre vous se sont distingués, en secondant par leur exemple et leurs discours, les intentions douces et paternelles du Gouvernement. Je les connois.

Mais depuis quelque temps je suis informé que beaucoup de prêtres affectent une audace coupable et séditieuse, prêchent la désobéissance aux lois temporelles, en montrent eux-mêmes l'exemple. Plusieurs, au mépris de ces mêmes lois, exercent extérieurement des cérémonies religieuses qui ne doivent être remplies que dans l'intérieur des Temples consacrés au culte dont ils sont les ministres ; ils se promettent d'annoncer aussi ce culte par le son des cloches ; ils calomnient, avilissent et insultent les autorités constituées ; ils trompent et égarent le peuple par d'atroces calomnies contre le Gouvernement.

Les imbécilles scélérats qui se rendent coupables de toutes ces atrocités, n'auroient-ils donc éludé cette déclaration solemnelle que les lois réclament d'eux, que pour se ménager en sureté de conscience, les moyens horribles de ressusciter le fanatisme, de fomenter de nouveaux troubles, et d'arroser encore cette terre malheureuse de sang humain ? Quelles consciences de Béelzébuth ! ! ! que celles de pareils monstres ? Ils croyent pouvoir exécuter des crimes affreux, parce qu'ils ne sont point liés par la promesse d'être homme de bien et soumis aux lois de la République.

Je suis informé de toutes vos démarches, et je vous avertis, prêtres, que de quelque part que se commettront les infractions, les lois seront vengées par la prompte punition de l'infracteur. Ce n'est point le prêtre qui sera châtié, c'est un rebelle, un traître, un fomentateur de discorde civile. Ce n'est point au culte auquel je ferai la guerre ; ils sont tous libres, et leur exercice paisible sera par-tout protégé ; mais je combattrai et détruirai par-tout la rebellion, l'anarchie, le désordre. Je vous le déclare, quelque active que puisse être la criminelle envie de plusieurs d'entre vous d'allumer de nouvelles torches de discorde civile, leurs détestables manoeuvres seront déjouées. Je saurai trouver et frapper l'agitateur, en épargnant les malheureux qu'il auroit égarés. Non, une vingtaine de scélérats ne troubleront pas l'heureuse harmonie que le Gouvernement paternel de la France s'est efforcé de donner à ces fertiles contrées ! Ces monstres seuls seront frappés s'ils osent se remuer.

Prêtres, je m'adresse à ceux d'entre vous qui sont dans ces criminelles inventions ; ouvrez les yeux : considérez que ce peuple simple et bon que vous avez égaré si long-temps, calcule ses véritables intérêts, et que déjà il les a séparés des vôtres. Il laissera frapper les perturbateurs qui voudroient détruire la paix bienfaisante dont il goûte les douceurs inappréciables.

Sans entrer avec vous dans les détails des moyens infaillibles que j'ai entre les mains pour neutraliser les détestables manoeuvres de ceux qui seront rebelles aux lois, sachez que toute mon attention, celle des Généraux TRAVOT, DIGOUET et AVRIL, celle des Chefs de cantonnement, est spécialement dirigée contre vous tous. J'ai sous les yeux vos noms, vos signalemens, vos habitudes, la conduite que vous tîntes avant, pendant et depuis la guerre : la moralité de chacun d'entre vous m'est connue toute entière. Il y en a parmi vous qui doivent se sentir bien impurs et bien indignes du sacerdoce, si sur-tout ils sont bien pénétrés de la pureté des dogmes de l'Évangile.

A la première plainte portée contre un de vous, les ordres les plus précis et les plus sévères sont donnés pour que celui qui y aura donné sujet, soit traduit sans délai devant le tribunal criminel de son Département. Des détachemens nombreux seront prêts à se porter dans les communes où seroit enlevé un prêtre rebelle et perturbateur : ils y tiendront la police de concert avec les autorités civiles, jusqu'à ce que les habitans se soient pourvus d'un ministre plus tranquille et d'une morale plus conforme aux préceptes de l'Évangile ; car, encore une fois, nous ne faisons pas la guerre au culte, mais aux rebelles.

Des amis des défenseurs du Gouvernement, que vous ne connoîtrez pas, assisteront à vos prédications, épieront toutes vos démarches, et m'en rendront un fidèle compte. Sachez qu'un concert parfait règne entre les autorités civiles et militaires de ces Départemens ; ainsi que les vils sectateurs du désordre qui sont parmi vous, se taisent et se soumettent ; que les hommes sensés et justes que je connois aussi parmi vous, calculant mieux leurs propres intérêts, continuent à vivre soumis et tranquilles : il ne leur coûtera rien après cette conduite d'en faire la promesse, et ils seront alors assurés d'avoir pour toute leur vie la tranquillité et la protection des lois, la bienveillance d'un Gouvernement paternel, et les bénédictions d'un peuple si long-temps tourmenté, et qui veut jouir de la paix au milieu de l'abondance.

Salut et paix aux hommes de bonne volonté,

GRIGNY

 

A Nantes, de l'imprimerie d'A.-J. MALASSIS,

Imprimeur-Libraire, place du Pilori

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