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La Maraîchine Normande
25 octobre 2012

ÉPISODES DE L'EXPLOSION DU CHATEAU DE NANTES ♣ 5 prairial an 8 (25 mai 1800)

ÉPISODES DE L'EXPLOSION DU CHATEAU DE NANTES - 5 prairial an 8 (25 mai 1800)

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Vers midi un quart l'explosion a eut lieu : elle fut terrible, et cependant il n'y eut que la salle d'artifice à sauter. On croit généralement qu'elle fut occasionnée par la chute d'un plancher supérieur chargé de projectiles. La tour entière sauta et fit au château une large brèche dans la partie nord-ouest. Les maisons des environs furent criblées : 35 à 36 personnes périrent, tant au château qu'en dehors, dans les rues et maisons. Par bonheur, les ouvriers s'en allaient dîner en ville à midi ; il y avait à peine 15 minutes qu'ils étaient partis quand ce malheur eut lieu.

Trente à quarante personnes furent plus ou moins blessées. Un rapport du commissaire de police chargé de faire une enquête, présente une liste de 31 ménages dont les meubles furent brisés et dispersés. On fut obligé d'étayer la maison Vallin, que l'on craignait de voir crouler; tant elle était endommagée.

Tout le monde a vu l'énorme pierre de taille jetée par l'explosion à l'extrémité du cours Saint-Pierre. Les désastres se firent principalement sentir dans la rue haute du Château, à l'entour des douves, rue de Richebourg et rue basse du Château.

Jean Lambert, concierge du château, avait appelé un commissaire de police pour constater la mort des personnes qu'on retirait des ruines et il comptait sa femme parmi les morts. A l'endroit de sa demeure il faisait déblayer depuis plusieurs jours pour tâcher de sauver quelques débris de ses meubles et effets. Tandis qu'il surveillait les ouvriers, il entendit une voix plaintive qui semblait partir des ruines. Il fit part de sa remarque aux ouvriers, qui entendirent aussi les mêmes sons. Ils redoublèrent alors d'activité. Au bout de quelques heures d'un travail assidu, ils firent silence, et Julien Guénel, l'un d'eux, parvint à se glisser dans un vide que deux soliveaux formaient au-dessous d'eux. Il appela la femme Lambert ... qui lui répondit distinctement. Il put même lui faire passer un morceau de pain qu'il piqua au bout d'une broche à rôtir et qu'elle pût prendre. L'artilleur Cheron s'étant avancé, demanda à la femme Lambert si elle voyait la lumière du jour, elle lui répondit : Ne babillez donc pas tant et travaillez à me sauver.

Les ouvriers se remirent encore avec plus d'ardeur à écarter tous les obstacles. Ils n'étaient plus séparés que par un coffre que l'on coupa ;  alors la captive vit la lumière, et le passage étant assez grand, Cheron descendit une bricole au bout d'une corde, et on la retira des décombres où elle était restée cent heures.

On la conduisit chez une voisine ; on la mit dans un lit ; en se couchant, elle disait "cela ne sera rien" !

Elle n'avait qu'une légère blessure à la main. Il se trouvait dans son souterrain une barrique de vin et un pain de munition. Son chat était avec elle.

Dans l'espace de deux heures, les ouvriers ont enlevé dix pieds de délivres. Voici leurs noms : Jean-Louis Cheron, Louis Guérin, Jean Delarue, Joseph Grolleau, Gilbert Clément, Pierre Cottier, Joseph Cassaignard, François Paillou, Julien Guénel, François Repenaux.

(Extrait du rapport du commissaire de police du canton)

L'administration, rendant compte de cet évènement au citoyen Sager, alors à Paris, cita, comme s'étant distingués par leur zèle, les ouvriers Chapé, menuisier ; Charles Grandmoulin, journalier ; Guillaume Lebesson, boulanger. Après sept heures de travail, ils sauvèrent le nommé Lecoqk, enseveli sous les décombres. - A la fête décadaire du 10 messidor, ces trois citoyens reçurent une récompense pour leur courage.

Un habitant de cette ville nous racontait qu'au moment de cette catastrophe il était à jouer avec plusieurs enfants de son âge, au milieu de la cour du château ; ils furent tous jetés à dix pas du lieu ils étaient, sans éprouver de mal et sans être atteints par les débris lancés de toutes parts. Ils se mirent à fuir sans savoir ce qui venait d'arriver, et furent rassurer leurs parents.

- Au moment de l'explosion, M. Guibert, prêtre à Sainte-Croix, était à l'autel ; en entendant ce bruit effroyable, il s'écria : "Mon Dieu, ayez pitié de nous !" et se couvrit en même temps la tête avec les deux mains jointes ensemble ; à ce moment aussi, par la force de la commotion, la fenêtre de l'église en face de l'autel, était enfoncée, vitraux, ferrures et montants en pierre. Un fragment de pierre vint frapper M. Guibert et lui cassa un doigt dans la position où nous avons dit qu'il avait alors les mains. - Il regarda, comme lui ayant été visiblement inspiré, le mouvement conservateur qu'il venait de faire.

Archives curieuses de la ville de Nantes
et des Départements

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