Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La Maraîchine Normande
18 octobre 2012

LE PERROQUET ROYALISTE

197013

L'aimable vieillard qui m'a fourni cette histoire, avait conservé, jusqu'à ses dernières années, une excellente mémoire, et je me plaisais à lui entendre raconter ses anciens souvenirs.

Lorsqu'il était tout enfant, âgé de sept ou huit ans au plus, il habitait une petite ville des bords de la Loire avec sa mère veuve. Il y avait, dans la même maison qu'eux, une vieille fille, qui avait servi chez des nobles, et qui avait chez elle le perroquet de ses anciens maîtres.

Ce perroquet parlait très bien, et répétait à tue-tête : "Vive le Roi ! Vive la Reine ! Vive le Dauphin !"

Cette vieille dame mourut, et laissa son oiseau à Mme Stockholm, en le lui recommandant tout particulièrement.

Mme Stockholm garda donc le perroquet, dont le babil amusait son petit Pierre ; mais la Révolution arriva, et le chant de l'oiseau n'était pas de nature à plaire beaucoup aux sans-culottes de l'endroit.

Dénoncée comme aristocrate, Mme Stockholm fut obligée de s'enfuir avec son fils, emportant ce qu'ils avaient de plus précieux, et la cage du perroquet, qu'elle ne voulait point laisser derrière elle, car on lui aurait tordu le cou. Ils arrivèrent à un endroit où ils devaient passer la Loire dans un petit bateau ; il y avait déjà six ou sept personnes arrêtées sur le rivage, attendant le passeur. Mme Stockholm était bien inquiète, car elle craignait, à toute minute, de voir paraître les soldats bleus.

Elle s'approcha d'un des hommes qui attendaient, et lui demanda s'il lui serait permis de traverser la Loire avec eux.

"Impossible ! dit l'homme brusquement ; le bateau a été retenu par nous, et nous ne tenons pas à avoir des inconnus en notre compagnie" et il lui tourna le dos.

La pauvre mère, bien triste de ce refus, retourna s'asseoir près de son fils, qui portait le perroquet. L'enfant, pour s'amuser, souleva un peu le linge qui couvrait la cage ; et l'oiseau, réveillé en sursaut, se mit à crier d'une voix perçante : "Vive le Roi ! Vive la Reine ! Vive le Dauphin !"

Mme Stockholm faillit s'évanouir de frayeur, car elle se croyait perdue ; mais elle fut bien surprise de voir arriver, le chapeau à la main, l'homme qui lui avait refusé une place dans le bateau.

"Madame, dit-il, je vois, d'après les paroles de votre oiseau, que vous êtes des nôtres. Pardonnez-moi de vous avoir refusée d'abord, ne sachant pas quels pouvaient être vos sentiments. Voici le bateau qui arrive, montez-y avec nous, et que Dieu nous conduise !"

Ils montèrent tous dans la barque, qui s'éloigna aussitôt du bord, et ils arrivèrent, sans accident, à leur destination.

Le perroquet vécut encore de longues années, et l'on peut juger s'il était choyé et on lui sut gré d'avoir si bien rendu service à sa maîtresse.

(Conté par M. P. Stockholm, 1869)

Publicité
Commentaires
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
Publicité
Newsletter
Archives
Derniers commentaires
Publicité