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La Maraîchine Normande
1 octobre 2012

LE COMTE BEKER Nicolas Léonard

LE COMTE BEKER Nicolas Léonard

(Ce nom se prononce "bècre" et non "békeur")

 

 

Lieutenant-Général ; naquit à Obernai, le 13 janvier 1770. Son nom patronymique était Baegert, qui dans la suite fut changé en celui de Beker. Ses parents le destinaient à l'état ecclésiastique, mais à 17 ans il quitta secrètement le collège de Molsheim et s'enrôla comme volontaire dans le régiment de Languedoc-Dragons. Ses débuts à l'armée furent pénibles. Cependant en 1792, il se fit remarquer par sa valeur et son intelligence dans les combats d'avant-postes : il fut nommé sous-lieutenant de hussards après la bataille de Nerwinde, lieutenant après celle de Wattignies (1793), et dès lors sa fortune fut rapide.

La Convention l'envoya peu après en Vendée. A peine arrivé sur le territoire insurgé, il fut promu au grade d'adjudant-général et mis à la tête de l'importante région militaire de Fontenay et de la Chataigneraie. Le jeune officier déploya dans ce poste une modération et une sagesse qui lui valurent l'estime des Vendéens eux-mêmes. Un jour le Comité de salut public lui enjoignit de livrer aux flammes Fontenay et la Chataigneraie, pour les soustraire à l'occupation de l'ennemi : il osa désobéir à deux reprises, et au péril de sa vie, en alléguant à l'appui de sa conduite des raisons d'ordre militaire. Le Comité de Salut public reconnut heureusement la justesse de ses observations et les deux villes furent sauvées. Cette circonstance était restée ignorée des populations. Quelque temps après les habitants de Fontenay se plaignent auprès de lui du fardeau de plus en plus lourd des réquisitions militaires. "Croyez-vous, leur répondit-il, que je ne cherche pas à vous éviter les vexations autant qu'il est en mon pouvoir ? Et leur ouvrant le registre de sa correspondance officielle : Tenez et lisez". En apprenant le danger qu'ils avaient couru les délégués, émus et confus, se jettent dans les bras de l'officier ; puis la nouvelle s'étant répandue au dehors, hommes, femmes et enfants envahissent la maison et remercient leur libérateur. En 1795, le gouvernement songea à faire des propositions de paix aux chefs des insurgés. L'adjudant-général Beker fut chargé d'aller à la recherche de Stofflet qui cachait sa retraite. Couvert d'une vieille redingote, il s'abandonna au hasard, tout seul, dans le pays en ruines. Il fut arrêté à Chatillon et conduit sous étroite surveillance à Cerizais, où se tenait l'état-major de Stofflet : peu de temps après Stofflet faisait sa soumission.

De 1796 à 1799, l'adjudant-général Beker est successivement commandant de la place d'Utrecht en Hollande, chargé d'une division au combat de Sultzbach, et chef d'état-major du général d'Hédouville qui conduisait une expédition contre Saint-Domingue. Quand il revint en Europe, Moreau qui dirigeait alors les opérations, lui donna le commandement de son arrière-garde. A Cassano, notre héros opposa une résistance acharnée aux Russes quoique débordé par le nombre, il opéra sa retraite en bon ordre et ne cessa de combattre qu'après avoir eu deux chevaux tués sous lui, et le bas-ventre traversé par un biscaïen. On l'emportait sur un brancard quand parut Souwarow. Les Russes ne faisaient guère quartier à leurs adversaires. Le reconnaissant, Souwarow s'écria : "Général, vous êtes blessé mortellement, vous avez assassiné votre Roi, détruit la religion. Recommandez votre âme à Dieu." Le pauvre blessé, qui ne se connaissait pas tous ces crimes, recommandait déjà son âme à Dieu, lorsque le général autrichien Zopf survint et le sauva de la cruauté des Russes.

Bonaparte jeta les yeux sur le général Beker, lorsqu'il voulut établir la soeur du général Desaix, le mariage fut conclu en présence de Napoléon et de sa famille, de Moreau, de Rapp, etc. Immédiatement après, Beker se distingué sous les ordres de Moreau, à la journée de Hohenlinden, à la suite de laquelle il fut nommé général de brigade. A Austerlitz (1805), il commande une brigade à l'extrême gauche de l'armée et concourt par son énergie au succès de la belle combinaison stratégique qui décida de la journée. Le lendemain il est, sur le champ de bataille, promu au grade de général de division, par décret motivé de l'Empereur. Les campagnes de Prusse et de Pologne lui fournirent l'occasion de se signaler par une série de hauts faits d'armes. Après la bataille d'Iéna, il est chargé de poursuivre les Prussiens dans la direction de Stettin. Il est victorieux à Ancklam notamment, où il fait de nombreux prisonniers, parmi lesquels un régiment de la garde royale. Le nom du général Beker est encore glorieusement cité dans les combats livrés en Pologne. Pendant l'hiver de 1806 à 1807, Napoléon lui donna le commandement d'un front très étendu d'avant-postes chargés de résister aux attaques incessantes des Cosaques. Après la paix de Tilsitt il le créa comte de l'Empire et le nomma gouverneur de la Silésie (1808).

En 1809, nous le voyons combattre contre l'Autriche en qualité de chef d'état-major du maréchal Masséna. A la bataille d'Essling, où il avait vaillamment secondé son chef, il fut le seul général décoré, dans cette circonstance, de la grande plaque de la Légion d'honneur.

Tant de glorieux services ne purent l'empêcher de tomber en disgrâce. Sa gloire lui avait suscité des jaloux, et il s'exprimait hautement contre la guerre d'Espagne : il reçut l'ordre de rentrer en France. Beker refusa depuis un commandement supérieur en Espagne, se retira dans sa terre de Mons près d'Aigueperse (Puy-de-Dôme) et resta en non activité jusqu'à la première restauration.

En 1814, le Roi le mit à la tête des troupes refoulées vers le centre. Au retour de l'île d'Elbe, le département du Puy-de-Dôme l'envoya siéger à la Chambre des représentants. Après Waterloo, ses collègues l'investirent du commandement de la garde chargée de veiller à la sûreté de l'assemblée ; en même temps il fut appelé par Napoléon concourir à la défense de Paris. Après l'abdication de l'Empereur il reçut l'ordre de se rendre à Malmaison pour prendre le commandement de la Garde. C'était une mission délicate qu'il remplit avec un dévouement qui ne se démentit jamais pendant les trois semaines qu'il resta auprès du souverain déchu. En se séparant de lui à Rochefort, Napoléon lui dit : "Embrassez-moi, général, je vous remercie de tous les soins que vous avez eu pour moi" ; et avant de monter à bord du Bellérophon, il lui fit remettre, par le général Bertrand, une croix d'officier de la Légion d'honneur qu'il avait portée.

Le gouvernement de la Restauration témoigna au général Beker une grande bienveillance. Il fut compris dans le cadre des 18 lieutenants-généraux mis à la tête de l'état-major, créé pair de France en 1819, et décoré du cordon de commandeur de Saint-Louis au sacre de Charles X.

Le comte Beker mourut à Mons le 18 novembre 1840.

Biographies alsaciennes - Série 3

Recueil publié sous la direction de Angel INGOLD

COLMAR - 1885-1886

 

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(Archives départementales de Vendée)

Lettre relatant sa rencontre avec le général Stofflet :

Lettre de l'Adjudant-Général BEKER
employé près le général en chef
au Général Beaupuy (Chollet)

"Je commence à croire, mon cher général, que nous parviendrons à pacifier cette partie de la Vendée sans être forcés de recommencer les hostilités. Aucun rassemblement de Vendéens ne s'est présenté sur notre route de Thouars ici.
Nos troupes, que l'on maintient dans les bornes d'une discipline sévère, n'inspirent plus la même terreur aux habitans de ces contrées, et la confiance semble renaître. Je désire que vous trouviez les mêmes dispositions sur votre direction.
J'ai vu de près Stofflet et son conseil, voici comment :
- Les représentans du peuple et le général en chef voulant faire connaître au chef vendéen, d'une matière toute particulière, leurs intentions pacifiques, en lui faisant porter des paroles de paix par un officier de l'état-major, j'ai été désigné pour remplir cette mission qui pouvait avoir ses dangers ; mais, je vous l'avoue, l'aspect des ruines encore fumantes de la Vendée ne me permettait guère de réfléchir sur ses suites. C'était le 26, nous étions à Bressuire ; on n'avait pu se procurer aucun renseignement sur la retraite de Stofflet. Je m'abandonnai donc au hasard sur la route de Châtillon, seul, couvert d'une vieille redingote, compagne de nos bivouacs. Je ne tardai pas d'être arrêté ; on me conduisit à Châtillon où se trouvait un officier de Stofflet auquel je fis part de l'objet de ma mission, en lui demandant d'être conduit devant son général. Après différentes questions qui annonçaient quelque défiance, on me dit que l'on allait lui expédier une ordonnance, et qu'il fallait attendre ses ordres. La réponse fut favorable à ma demande, et l'on me conduisit mystérieusement à Cerizais. Là se trouvait le général vendéen avec son conseil composé d'une quinzaine d'officiers. Je n'ai aperçu d'autre rassemblement que la garde du quartier-général vendéen. Après quelques moments d'attente, sous la surveillance d'un officier, je fus introduit dans la salle du conseil, et j'annonçai le motif de ma mission avec ce ton de franchise propre à inspirer la confiance. Cette confiance, ou plutôt la situation désespérée de Stofflet, qui ne pouvait parvenir à faire de nouveaux rassemblemens, détermina le conseil à me faire accompagner par deux officiers de son état-major, chargés de s'assurer par eux-mêmes des dispositions des représentans, auprès desquels ils ont trouvé, à notre retour, un fort bon accueil. Ils ont pu reporter à leur chef l'assurance la plus positive de nos intentions pacifiques.
J'ai reconnu parmi les membres du conseil un officier avec lequel j'avais servi ; il m'a avoué, dans un entretien particulier, que son parti était désormais sans ressource.
Adieu, mon cher général, au plaisir de vous voir bientôt et de vous embrasser de bon coeur."

Extrait du livre : Guerres des Vendéens et des Chouans - Jean-Julien Savary - 1825

(Remerciements à RL pour ce document) http://chemins-secrets.eklablog.com/

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