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La Maraîchine Normande
29 septembre 2012

L'ANNEXION DE GENEVE À LA FRANCE ; 15 AVRIL 1798

- Récit de Félix Desportes, commissaire du gouvernement français.
Extrait d'une lettre au Directoire français.

"Citoyens Directeurs [ les 5 Directeurs qui forment le Directoire ],
Genève est dans l'allégresse et le bonheur ! Sa réunion à la République française a été unanimement prononcée hier à six heures du soir, par la Commission extraordinaire [commission spéciale créée par les citoyens genevois], à la suite du Conseil souverain [ assemblée de tous les citoyens genevois, qui a élu la commission extraordinaire ] qui s'était tenu dans la matinée. Une députation [ ambassade ] solennelle, précédée d'une foule de citoyens qui faisait retentir l'air des cris de : "Vive la grande Nation [ la France ], vive le Directoire exécutif", est venue m'annoncer cette résolution [ décision ]. J'ai accepté, en votre nom, le v u du peuple genevois.
Les intrigues les plus criminelles et d'odieux complots avaient été ourdis pour faire manquer [ empêcher le déroulement ] le Conseil souverain. (...)
Après la tenue du Conseil souverain et sur la demande expresse des Genevois, j'ai fait entrer dans leurs murs une force armée, commandée par le général Girard, et composée simplement de douze cents hommes ; elle a suffi pour comprimer la fureur des brigands, qui menaçaient d'égorger les amis de la France. (...)
Je ne vous parlerai point, Citoyens Directeurs, du sentiment d'ivresse avec lequel nos braves défenseurs ont été reçus par leurs nouveaux concitoyens ; tous leurs besoins ont été prévenus : chacun se faisait une fête de leur procurer des jouissances ; on n'entendait de toutes parts que des chants qui rappellent les hauts faits des héros français ; les liens de la plus antique fraternité semblaient unir tous les coeurs. Un accueil si flatteur, un attachement si vrai, nous prouvent, Citoyens Directeurs, combien le rameau genevois est digne de figurer dans le faisceau de la grande République."

Cité dans : M. Peter, Le Syndic Butin et la réunion de Genève à la France en 1798, Genève, 1914, p. 86-87 note 1.



- La version genevoise du même événement .

" Au Directoire exécutif , à Paris.
Les citoyens de la République de Genève soussignés, pleins de confiance en la justice et la magnanimité [ grandeur d'âme ] du pouvoir exécutif, viennent lui faire connaître l'exacte vérité relativement à la manière dont la réunion de Genève à la grande nation a été opérée.
Le citoyen Félix Desportes déclara, le 25 ventôse an 6 [ 15 mars 1798 ], à plusieurs citoyens et à quelques magistrats de Genève que le Directoire exécutif voulait la réunion de la République de Genève à la République française.
Dès lors, il chercha à subjuguer, par la terreur, les personnes qu'il appelait auprès de lui et la Commission extraordinaire, que le Souverain [ Conseil souverain ] créa le 29 [ 19 mars ], pour le salut des citoyens ; il lui donna d'abord cinq jours pour se déterminer (...).
(...) Le 26 germinal [ 15 avril ], pendant que les citoyens étaient au Conseil souverain ou dans leurs maisons, le citoyen Desportes fit entrer de son propre mouvement et sans avoir prévenu les magistrats ni les citoyens, par trois portes de la ville, 1600 hommes de troupes françaises, qui se répandirent dans tous les quartiers et s'emparèrent de tous les postes ; il fit investir la maison de ville d'infanterie, cavalerie et artillerie et accusa quelques citoyens de machinations, qui leur furent toujours étrangères.
Il manda [ appela ] peu après chez lui le syndic de la garde [ chef de la garnison genevoise ], pour lui modifier qu'il eût à faire loger les soldats chez les particuliers. Au milieu du trouble et de la consternation où ces mesures avaient jeté toute la ville, environnée de baïonnettes et de canons, la Commission extraordinaire, sans en avoir reçu le pouvoir spécial du souverain vota, le même jour à 5 heures du soir, la réunion de la République de Genève à la République française.
Dans ce moment-là, ni dans celui où les troupes entrèrent dans la ville, les citoyens ne poussèrent des cris de réunion ; ils ne prirent point la cocarde française ; ils portent la cocarde genevoise ; enfin, personne n'accompagna la députation qui fut chargée de faire connaître au citoyen Desportes le vote de la réunion ; nul cri de "Vive la République française !" ne fut entendu ; la ville était dans un deuil profond. (...)"

(signé) Gédéon Flournoy ; P. Gervais ; J.-G. Butin.

Cité dans : E. Chapuisat, De la Terreur à l'Annexion, Genève, 1912, p. 104-105.

http://icp.ge.ch/po/cliotexte/xviiie-et-xixe-siecle-epoque-de-la-revolution-francaise/geneve.revolution.1798.html

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