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La Maraîchine Normande
25 septembre 2012

LE CHAMP DES MARTYRS (13) ♣ Nombre approximatif des victimes

Quatorzième lettre

Nombre approximatif des victimes

Monsieur,

Récapitulant les chiffres des victimes au Champ des Martyrs, nous trouvons que par suite des huit grandes fusillades, leur nombre se monte à 1 896 ; que les fusillades partielles nous en donnent 193 ; la fusillade spéciale du 27 germinal en II (16 avril 1794), 99 ; Total 2 188.

Ce nombre de deux mille cent quatre-vingt-huit, joint à celui des quinze cents Vendéens massacrés à Sainte-Gemmes, porte le total des personnes fusillées à Angers et aux environs à trois mille six cent quatre-vingt-huit, mais sans y comprendre les fusillades du port de l'Ancre et d'Érigné, ni les massacres à la pointe de l'île des Ponts-de-Cé, car nous ignorons ce que la Terreur a moissonné de têtes en ces trois derniers endroits. Nous pouvons seulement assurer qu'elles dépassent plusieurs centaines. Je n'exagérerai donc pas en affirmant avec M. Gruget que quatre à cinq mille personnes ont été exécutées à Angers et dans ses alentours.

"Il a paru (écrit-il dans son Journal de mai et juin 1794, p. 19) un arrêté de Hantz et de Francastel, en date du 20 juin 1794, qui félicite Félix sur la conduite barbare qu'il a tenue à Angers, en faisant massacrer quatre à cinq mille innocents."

Il est entendu que les exécutions sur l'échafaud sont en dehors de ce chiffre, qui serait probablement doublé, si nous parlions des noyades, des fusillades répétées sur tous les autres points de l'Anjou. Aussi le révolutionnaire V***, fort peu suspect en cette matière, va-t-il, dans sa plainte du 4 octobre 1794, adressée à la Convention, jusqu'à dire que les sept commissaires Laporte, Minier, Hudoux, X, X', Morain et Vacheron "avaient, pendant trois mois seulement, sans aucune forme de procès, fait périr plus de dix mille personnes par le fer et par l'eau."

L'impartialité nous oblige à dire que, dans leur lettre à l'adresse du représentant Bezard, datée à Nantes du 1er brumaire de l'an III (22 octobre 1794), Félix et Laporte, l'un ex-président et l'autre vice-président de la Commission militaire, protestent contre ce chiffre de dix mille âmes en ces termes : "Qu'on le juge sévèrement, tant qu'on voudra, ce tribunal (révolutionnaire), mais du moins qu'on mette à côté de cette sévérité la loi, les circonstances, l'encombrement et la peste des prisons, l'invasion, les succès et les massacres réitérés des brigands envers les patriotes ; qu'on place encore à côté de cette rigidité que les hommes purs du tribunal ne redoutent pas, tous les traits d'humanité qu'il a fait éclater, toutes les mises en liberté, qui se montent à plus de six mille, dans le cours de ses opérations

... On trouvera qu'il a fait beaucoup et tout ce qu'il devait et pouvait faire. Mais, en sens inverse, ajoutant foi aux dénonciations insérées dans l'historique de la Vendée et à celle de V***, aussi fausse qu'absurde, qui a l'impudence et la noirceur d'avancer, dans une adresse de la Commission militaire de bourreaux qui ont fait périr, par le fer et par l'eau, dix mille individus, sans aucune formalité préalable ; lorsqu'on a dû voir, à la levée du scellé des papiers de ce tribunal, que le résultat des individus condamnés et exécutés par la guillotine ou la fusillade était de douze à quinze cents au plus, lesquels ont été condamnés avec toutes les formalités possibles alors."

Vous le voyez, Monsieur, j'expose la défense de Félix et de Laporte avec toute l'impartialité désirable, et je voudrais de grand coeur être convaincu que ces hommes sinistres disent vrai. Mais d'abord, leur aveu de douze ou quinze cents victimes au plus n'est-il pas étrange dans sa forme ?

Douze à quinze cents au plus ! - Rien que cela ! soit. Mais que font Messieurs de la Commission des centaines de malheureux qu'ils ont envoyés aux fusillades du port de l'Ancre, de la prairie de Sainte-Gemmes, etc., etc., sans les avoir interrogés, de l'aveu même de T... C... ?

Ils parlent ensuite de six mille prisonniers délivrés ; je veux le croire. Mais à quelle époque cette mise en liberté s'est-elle effectuée ? Il faut bien le dire : c'est après que l'opinion publique eut commencé à prendre le dessus, et surtout quand, après le 9 thermidor, la chute de Robespierre eut entraîné rapidement celle de ses complices.

Avec la plus obligeante volonté du monde, il est difficile, vous le comprenez, Monsieur, de leur tenir compte de ces délivrances.

Agréez, Monsieur, etc.

Toutes ces lettres proviennent du livre : Le Champ des Martyrs de V. GODARD-FAULTRIER - 1869 - troisième édition

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