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La Maraîchine Normande
25 septembre 2012

LE CHAMP DES MARTYRS ♣ Fouilles de 1867

LE CHAMP DES MARTYRS

 

Fouilles de 1867

Cérémonie au Champ des Martyrs

Des fouilles entreprises par M. Ménard, curé d'Avrillé, et par son vicaire, M. François Besson, sous la direction de M. l'abbé Choyer, ont fait découvrir douze fosses, avec des ossements et des restes de costumes.

Ces douze fosses furent trouvées sur deux lignes, de l'est à l'ouest, assez régulières, savoir ; six dans la partie occidentale de l'enclos muré, quatre dans cette région où se voit la grande croix de bois, et deux à droite et à gauche de la chapelle.

Toutes ces fosses, sauf les deux qui avoisinent la chapelle, ont aujourd'hui des tertres apparents, surmontés chacun d'une croix de fer. Les pieux pèlerins peuvent maintenant s'y agenouiller.

Les recherches ont prouvé que "ces fosses ont été faites sur une mesure commune qui, en langage du temps, devait se traduire avec quelque latitude par huit pieds (de long) sur seize (de large)." Elles avaient environ 1 mètre 50 centimètres de profondeur.

Au rapport de M. l'abbé Besson, on découvrit dans l'une d'elles deux squelettes, dont l'un avait le bras levé en l'air, attitude qui tendrait à faire présumer que la victime n'était pas morte quand elle fut inhumée.

Un assez grand nombre de grains de chapelets environnaient quelques ossements.

Nous ne nous appesantissons pas longuement sur ces fouilles de l'an 1867, renvoyant pour plus de détails au procès-verbal qui en a été publié dans l'Union de l'Ouest, mais nous reproduisons par voie d'extrait la pieuse cérémonie qui fut célébrée, à ce sujet le jour de l'Ascension (jeudi 30 mai 1867), consignée dans la Semaine Religieuse d'Angers du 9 juin même année.

On lit donc ce qui suit :

"Une belle cérémonie a eu lieu au Champ des Martyrs d'Avrillé, le jour de l'Ascension, à six heures du soir. Voici à quelle occasion :

Le temps avait effacé tous les vestiges des tombes où avaient été ensevelies pêle-mêle un si grand nombre de malheureuses victimes de la Révolution. Un mur de clôture seulement indiquait aux pieux pèlerins que c'était bien là le cimetière où reposaient leurs dépouilles mortelles. Une élégante chapelle, construite par les soins de M. l'abbé de Roincé, ancien curé d'Avrillé, leur donnait la certitude qu'ils priaient dans un lieu doublement sanctifié par les bénédictions de l'Église et par le sang des martyrs. Cependant, ce n'était pas encore assez pour leur piété. Ils auraient voulu pouvoir s'agenouiller sur les tombes mêmes qui renfermaient leurs ossements, et il n'en restait plus de traces. Monseigneur l'évêque d'Angers, qui porte un vif intérêt à ce pèlerinage, exprima au Conseil de fabrique d'Avrillé, propriétaire du Champ des Martyrs, le désir de voir les tombes remises en évidence. M. l'abbé de Kerlan, neveu et légataire de M. l'abbé de Roincé, demandait aussi à la fabrique d'Avrillé de vouloir bien faire exécuter ce travail, qui était sans doute un des projets de son oncle.

Cédant à ces pieuses sollicitations, qui devenaient un voeu général, le Conseil de fabrique s'empressa de nommer, parmi ses membres, une commission chargée de faire exécuter et de surveiller ce travail, d'un si haut intérêt pour le pèlerinage.

Ce fut le samedi 25 mai que le travail fut commencé. M. le Curé, au nom de la Commission, se rendit dès le matin au Champ des Martyrs ; et pendant que, sous sa direction, un terrassier ouvrait une tombe déjà connue, il fit, aidé de son vicaire, M. l'abbé Besson, aumônier du Champ des Martyrs, des recherches dans tout l'enclos, au moyen d'une simple verge de fer. Ce sondage lui découvrit d'une manière presque certaine l'existence de six tombes dont le souvenir était totalement effacé.

Heureux de ce premier succès, il appelle à son aide un ecclésiastique distingué, dont le zèle intelligent est connu de tous, et qui, deux ans auparavant, avait, avec l'autorisation de Monseigneur, fouillé et délimité l'une des fosses : M. l'abbé Choyer. M. le Curé s'est déchargé entièrement sur lui de la conduite de ce travail, et il n'a eu qu'à s'en applaudir. Car, au bout de trois jours, la veille de l'Ascension, au soir, dix tombes étaient ouvertes dans leur longueur et leur largeur, attaquées seulement par les parois, et laissaient voir au fond les ossements vénérés dans la position même où la Révolution les avait couchés.

C'était bien le moment de convoquer les pieux pèlerins du Champ des Martyrs à venir honorer ces précieux restes enfouis depuis soixante-treize ans, et aujourd'hui exposés aux regards de tous. M. le curé d'Avrillé demanda donc à Monseigneur l'autorisation de donner, dans la chapelle du Champ des Martyrs, un salut solennel du T.-S. Sacrement le jour de l'Ascension, à six heures du soir, et invita M. le curé de la Trinité à prendre la parole dans cette émouvante circonstance.

La nouvelle de cette cérémonie improvisée le jour pour le lendemain, se répandit avec la rapidité de l'éclair dans la paroisse d'Avrillé, dans la ville d'Angers et dans les localités environnantes. Le salut devait avoir lieu à six heures, et dès quatre heures vous auriez vu le Champ des Martyrs rempli de pèlerins de toutes les classes de la société. Les uns venaient donner un souvenir à un grand-père, à une grand'mère, à un oncle, à une tante, que la Révolution avait couchés dans ce lieu de repos. Les autres venaient demander quelques faveurs aux glorieux martyrs dont ils pouvaient un instant contempler les restes ; d'autres enfin, attirés par la reconnaissance, venaient remercier nos martyrs des guérisons obtenues par leur intercession dans ce pieux pèlerinage.

De nombreuses voitures stationnaient sur le chemin d'Angers à la Meignanne. A l'intérieur de l'enclos, des branches de verdure, auxquelles on avait suspendu des couronnes de fleurs, bordaient les ouvertures des tombes. Le fond du sanctuaire était orné d'un écusson décoré avec un goût parfait et sur lequel on lisait : In oeternum requies eorum.

A six heures précises, la cérémonie religieuse est annoncée par le son de la cloche. On entonne le Magnificat, dont les versets sont chantés alternativement, avec un ensemble admirable, par deux choeurs : l'un composé des ecclésiastiques réunis, en habits de choeur, à la porte de la chapelle ; l'autre, de nombreuses jeunes filles groupées auprès des pavillons de l'hôtellerie. - Ce psaume fini, on entend retentir dans un coin de l'enclos ce chant entonné par Mlles de la Sorinière, pendant qu'on les conduisait au supplice, et qui, au rapport d'un témoin oculaire, parfois gagnant la chaîne entière, faisait trève aux larmes et aux cris lamentables : "Je mets ma confiance, Vierge, en votre secours." Ce cantique, chanté avec entrain par des jeunes filles, dont les voix fortes et accentuées rappelaient la voix remarquablement belle de Mlle Marie-Louise de la Sorinière, et répété par une foule de pèlerins, impressionna fortement l'assemblée. A la fin de la cérémonie, une dame vint, les larmes aux yeux, remercier M. le curé d'Avrillé d'avoir fait chanter ce cantique entonné par ses tantes les martyres.

C'est devant cet auditoire déjà si bien préparé que M. le curé de la Trinité prit la parole. Le recueillement était si profond que la voix de l'orateur se faisait entendre de la porte de la chapelle jusqu'au fond de l'enclos. Nous voudrions pouvoir reproduire textuellement cette magnifique improvisation, où la hauteur des pensées rivalisait avec la vivacité du sentiment et la beauté de la diction, mais rien n'a été écrit et notre mémoire est trop infidèle. Espérons que M. le curé de la Trinité voudra bien y suppléer et ne pas priver les lecteurs de pages éloquentes qui resteront ensuite dans les archives du Champ des Martyrs comme un précieux souvenir de cette cérémonie.

Après la bénédiction solennelle du T.-S. Sacrement, M. le curé d'Avrillé a lu, devant toute l'assemblée, le procès-verbal des fouilles exécutées au Champ des Martyrs, lequel a été ensuite signé par les ecclésiastiques présents à la cérémonie, par tous les membres du Conseil de fabrique et par un grand nombre de personnes notables du pays.

Une liste de souscription a été ouverte au Champ des Martyrs pour l'ornementation des tombes, qui resteront désormais apparentes, couvertes de gazon et de fleurs, en attendant que la générosité des pèlerins permette à la fabrique d'Avrillé d'élever au-dessus des monuments."

 

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