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La Maraîchine Normande
11 septembre 2012

Poésie : LE SIGNE DE LA CROIX ♣ 1793

P1280227

LE SIGNE DE LA CROIX

♣♣♣

1793

 ♣♣♣

Sous une haie épaisse, au bord d'une prairie,

Un homme, jeune encore, à la face amaigrie

Et dont un grand chapeau dissimule le front,

Est assis près d'un chêne au gigantesque tronc,

Qui très haut et très bas tend ses rameaux superbes.

Autour du paysan les fougères, les herbes,

Les houx, les églantiers, forment un tel fouillis,

Qu'il ne serait pas mieux caché dans un taillis.

 

Il surveille un sentier que le buisson domine.

 

Tout en lui montre bien qu'un noir chagrin le mine

Et qu'il a le coeur plein de sanglots étouffants ;

- Les bleus ont massacré sa femme et ses enfants ;

Pas un asile sûr où clore ses paupières :

La flamme a de son toit fait un monceau de pierres ...

Lamentable dessin, si jamais il en fut !

 

Depuis la première aube, il se tient à l'affût,

Blotti dans ce fourré comme un chasseur avide.

 

Que l'heure est lente ! Aussi son doigt pieux dévide

Les grains consolateurs de son lourd chapelet ;

Incessante oraison où sa foi se complaît

Pour ceux qu'il a perdus et pour lui-même il prie :

"Soutenez-moi, dit-il, ô Jésus ! ô Marie !"

 

Dans l'herbe, à sa portée, un muet compagnon

Repose ; - son fusil, dont brille le canon

Sous la lueur qui filtre à travers le feuillage.

 

Brusquement il l'a pris : - dans le sentier s'engage

Un groupe de soldats aux souliers tout poudreux,

Qui sans se défier s'avancent.

 

Sur l'un d'eux,

Celui qui, le dernier, traînard lassé, chemine,

Le guetteur va braquer sa longue carabine ;

Mais avant qu'à l'épaule il en porte le bois,

Il fait rapidement le signe de la croix.

 

Ce bourreau, plus hideux pour lui qu'un cannibale,

Dont les crimes vont être arrêtés par sa balle

Et qui peut-être même assassina les siens,

Il veut, chrétien fidèle aux préceptes anciens,

A la Trinité sainte en recommander l'âme :

"Oh ! ne la livrez pas à l'éternelle flamme,

"Dieu bon, qui pardonnez à tous vos ennemis,

"Et ne lui comptez pas le mal qu'elle a commis !"

 

Ce signe rédempteur, c'est ce qu'il vient de dire :

Le brigand sait tuer, il ne sait pas maudire.

 

Le coup part, et le bleu tombe atteint droit au coeur.

"Vive le Roi !" s'écrie en fuyant son vainqueur.

 

Emile Grimaud

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