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La Maraîchine Normande
3 septembre 2012

Adresse envoyée au Roi, le 11 avril 1814, par les royalistes d'un canton de l'arrondissement de Bressuire.

Le Monarque l'a reçue à son arrivée à Calais.

 

Adresse des royalistes du canton de ***

"SACREE MAJESTE,

Quel jour pur et serein commence enfin à luire sur la France ! Sire, il est donc vrai qu'après vingt-cinq ans de désordre et d'anarchie, le crêpe funèbre qui couvrait ce royaume désolé vient d'être déchiré par des mains généreuses et magnanimes ! Il est donc vrai que le joug le plus dur et le plus humiliant est brisé pour jamais, et que le pur sang de Henri IV vient enfin effacer la honte attachée depuis si long-temps aux crimes et aux folies de votre nation !

Sire, cette heureuse nouvelle, en électrisant tous les coeurs, a été, pour tous les Français, un jour d'allégresse ; mais, pour ces braves Vendéens qui ont dévoué à votre majesté tout ce qui reste dans leurs veines d'un sang presqu'épuisé par de longs combats, le moment où le drapeau sans tache a flotté sur les murs de Paris, a été un vrai jour de triomphe.

Mânes de nos dignes émules ! ombres des Charette, des Lescure, des La Rochejacquelin, des Bonchamp, des d'Elbée, consolez-vous dans vos tombeaux ! Ce monarque chéri que vous vouliez couronner, ce généreux rejeton d'une famille, qui depuis tant de siècles a manié si dignement le sceptre et l'épée des Charlemagne et des Saint-Louis, vient enfin s'asseoir sur ce trône illustre dont vos mains héroïques avaient défendu, avec tant de valeur, les précieux restes et les sanglans débris. La main du Tout-Puissant qui se joue des faibles enfans des hommes, a fait en un instant, ce qu'en plusieurs années vos épées n'avaient pu faire. Cette glorieuse monarchie dont vous fûtes les derniers soutiens, renaît tout à coup de ses ruines : la France étonnée apprend en un jour, qu'après tant de désastres, de misères, de crimes, d'ignominies, elle peut à l'ombre des lis, renaître encore au bonheur.

Sire, oserons-nous vous le dire ici : un regret amer vient se mêler à la joie que nous ressentons. Cette même semaine où nous avons appris votre rétablissement, avait été choisie par vos fidèles Vendéens, pour faire dans notre pays un soulèvement général. Toutes les mesures étaient prises pour aller vous offrir, sous les murs de la capitale, nos épées et nos vies. Soixante mille Vendéens vous y eussent fait un rempart de leurs corps couverts de nobles cicatrices : leurs mains victorieuses eussent planté, sur les remparts de Paris, ce même drapeau blanc qui fut en 1793 la terreur de tant d'armées républicaines. Hélas ! la providence nous a dérobé une satisfaction si douce : daignez du moins tenir compte de nos efforts et de notre bonne volonté. Croyez, Sire, que vos fidèles Vendéens sont toujours les mêmes ; qu'ils n'ont cessé d'aimer le sang de leurs maîtres, et que leur dernier soupir sera consacré à leur Dieu ... à leur Roi.

Il nous reste à vous offrir nos derniers voeux. Puissiez-vous, Sire, régner long-temps, pour réparer les maux de la France, pour cicatriser ses plaies, et pour effacer jusqu'au dernier vestige des torrens de sang que l'anarchie a fait verser ! Puissiez-vous vivre long-temps, pour rendre à l'auguste religion de nos pères son ancien éclat, pour relever les débris du sanctuaire, et rassembler ses ministres épars ! Puisse votre noblesse recouvrer sa splendeur ! Puissent tous les Français, revenus de leurs longues erreurs, respirer désormais à l'ombre de votre trône auguste, et chérir le père et le monarque qui ne veut être heureux que de leur bonheur ! Puisse enfin, et ce dernier voeu n'est pas le moins cher à nos coeurs, puisse le nom de la Vendée exciter en votre âme de tendres souvenirs ! Puisse une larme d'attendrissement sortir à ce nom de vos yeux, et se mêler à celles que tous vos bons Vendéens répandent en ce moment ... Adieu, prince auguste et chéri, vivez long-temps heureux ; le bonheur est un fruit que votre coeur sensible est digne de savourer."


Histoire des guerres de la Vendée
et des Chouans,
depuis l'année 1792 jusqu'en 1815
de Pierre-Victor-Jean Berthre de Bourniseaux
Tome Premier

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La Maraîchine Normande
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