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La Maraîchine Normande
3 septembre 2012

ALEXANDRE LINDSAY, COMTE DE BALCARRAS

Homme d'un sang très-noble sans doute, mais qui s'est toujours opposé à la liberté de ses semblables, en Europe par ses intrigues, en Amérique par ses armes, en Afrique par les moyens combinés du bambou et des bloody-hounds (chiens de sang). Ce n'est pas sans frémir que l'on se détermine à tracer une vie consacrée toute entière à étouffer la liberté.

Né en Ecosse, dans ce comté de Tife, où tant d'hommes courageux avaient péri pour l'indépendance de leur pays, lord Balcarras servit d'abord sous Burgoyne, aux Etats-Unis ; repassa en Europe, devint un des seize pairs d'Ecosse, et reçut, en 1793, le commandement de l'île de Jersey, ainsi que la commission spéciale d'établir des communications avec les mécontens et les Vendéens, de répandre l'or, et de préparer la descente que devait diriger lord Moira. Il s'acquitta avec zèle, de cette honorable mission : quand Jersey fut menacé, il exhorta les émigrés qui s'y trouvaient, à se défendre vigoureusement, et ne fut pas moins empressé à mettre des armes entre les mains des prêtres eux-mêmes. On ne dit point si les serviteurs de Jésus-Christ refusèrent cette nouvelle fonction : toutefois les évêques s'y opposèrent, en citant le passage de l'Evangile, où il est dit que l'Eglise abhorre le sang. Un peu d'érudition les eût décidés s'ils se fussent rappelés que l'évêque Talbot, armé d'une massue, allait à la guerre et assommait les adversaires qu'il se serait fait un scrupule d'égorger.

Lord Balcarras fut ensuite envoyé à la Jamaïque, et nommé commandant en chef de cette colonie. Ce fut lui qui imagina de lâcher contre les nègres marrons ces chiens de Cuba, dressés à la chasse des noirs, et habitués à dévorer leur proie. Il en avait fait venir exprès cent, qui marchaient à l'arrière-garde, dirigés par quarante hommes, plus féroces que les animaux qu'ils conduisaient. Quelque temps après, les insurgés épouvantés proposèrent un accommodement ; on les accueillit, on leur promit tout ce qu'ils demandèrent ; mais sans doute dans les principes d'une certaine politique, les traités faits avec des gens dont la nature a noirci l'épiderme, sont de nulle valeur. A peine le traité fut-il conclu, que les malheureux nègres furent envoyés en Acadie, sous un ciel glacé, sur une terre humide, marécageuse, malsaine ; c'était envoyer à la mort des hommes nés sous les feux de l'équateur. Les grands propriétaires offrirent à Balcarras une épée de 7 000 quinées (168 000 francs), qu'il n'avait que trop bien gagnée. Walpole, son collègue, à qui l'on offrit aussi un présent, le refusa, en exprimant son horreur profonde du service et de la récompense. Lors Balcarras est lieutenant-général et colonel du 63me régiment d'infanterie, et possède une belle sucrerie à la Jamaïque, où il exploite sans doute avec plaisir l'esclavage des malheureux noirs échappés à ses fureurs.

Nouvelle biographie des contemporains, ou Dictionnaire historique et Raisonné de tous les hommes qui, depuis la révolution française, ont acquis de la célébrité. Librairie Historique - Paris - 1821

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