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La Maraîchine Normande
25 août 2012

APPEL AUX CHOUANS ET AUX BRIGANDS DE LA VENDEE PAR UN REPUBLICAIN

APPEL AUX CHOUANS ET AUX BRIGANDS DE LA VENDEE PAR UN REPUBLICAIN

... Je porte dans mon coeur

La Liberté gravée, et les Rois en horreur.

 

J'éprouve une démangeaison démocratique, de dire des vérités utiles au Peuple. C'est un besoin pour mon coeur, d'éclairer son opinion incertaine, entraînée, corrompue même par des Prôneurs de Justice et d'Humanité, qui ne sont rien moins que des assassins de la Liberté Nationale. Je veux résoudre ce qui est encore aujourd'hui un problème pour beaucoup de Citoyens confians et peu instruits. Brigands Catholiques et Royaux, je vous appelle à mon aide. A coup sûr, les individus que je veux démasquer, ne m'accuseront pas de partialité dans le choix de mes moyens de solution.

Vous qui tenez en vos mains les rênes d'une insurrection qui a aussi terriblement menacé la Patrie ; vous qui voulez sincèrement la Royauté ; répondez à mon interpellation.

Le dévouement, le zèle exagéré, je dirai plus, les actes injustes et féroces des plus chauds partisans de votre système, sont-ils devenus, ou deviendront-ils jamais parmi vous, un titre de proscription, même de reproche ? NON.

Les esclaves de votre Louis XVII, dont vos Prêtres ont travaillé l'imagination, armé les bras, et qui ont constamment et sans pitié, fusillé, sabré, écorché, brûlé vifs les Soldats Républicains ; seront-ils persécutés par vous, incarcérés, livrés à la mort ? NON. Ils ont, dites-vous exterminé les ennemis de la Royauté ? Qui veut la fin, veut aussi les moyens. Les punir de leur dévouement, serait être à-la-fois impolitique, injuste et barbare. Ce raisonnement est sans réplique.

Eh bien ! des hommes qui se disent des Patriotes par excellence ; qui, depuis une époque mémorable, ont endossé, les uns par crainte, les autres par vengeance, la cuirasse de la dissimulation, pris le masque de la Justice et de l'Humanité ; des hommes, enfin, qui crient bien haut, qu'ils veulent sincèrement la République, poursuivent avec un acharnement inoui les Républicains vertueux et pauvres, qu'un zèle trop ardent a pu égarer dans la carrière révolutionnaire, mais dont les intentions furent toujours pures ; qui jamais ne souillèrent leurs mains dans le sang innocent ; qui jamais n'incendièrent la chaumière du pauvre, ne signalèrent leur gestion, ni par des cruautés, ni par des dilapidations.

La Convention a, dit-on, été dominée par Robespierre ? Et l'on ne veut pas que de simples Citoyens, dévoués de bonne-foi à la Cause Populaire, ayant été influencés par des hommes revêtus d'une Autorité puissante, dont les opinions exaltées avaient monté toute la France au ton révolutionnaire ; quand encore la terreur, mis à l'ordre du jour contre tous les ennemis de la Révolution ; quand la mise hors la Loi de tous les Aristocrates, avaient volcanisé toutes les têtes.

Eh ! qu'on fait ces Patriotes de nouvelle émission, pour réparer les maux que les Révolutionnaires, suivant eux, avaient agglomérés sur notre infortunée Patrie ? Le discrédit des Assignats est à son comble ; la famine promène son étendard dévorant sur toutes les Communes ; les Emigrés souillent, par leur rentrée, le territoire Républicain ; la confiance est perdue ; les sermens sont violés ; les Patriotes des campagnes n'osent plus, dans ces contrées, exercer aucune fonction publique, dans la crainte d'être assassinés ; une terreur nouvelle comprime les Citoyens ; l'esprit public est mort ; les prisons ne sont plus l'asyle des privilégiés Aristocrates, des Prêtres rebelles à la Loi, des contre-Révolutionnaires, des Agioteurs, des sang-sues de la Classe indigente.

Le sang coule sur tous les points de la France. Ce sang est le plus pur sang de la Patrie, puisqu'il est celui des Patriotes de 89. Ce sang qui a le premier rougi le champ de bataille, est répandu par des mains assassines, dans l'ombre des cachots, où la tyrannie atroce, qui réagit avec violence, a plongé les meilleurs Citoyens. Des Journalistes, plus Brigands que vous, Messieurs, ont l'impudeur de dire : Ce ne sont pas des hommes qu'on assassine ; l'humanité n'est point outragée ; ce sont des Terroristes. L'impunité, nouveau crime de nos Tyrans, enhardit ces Folliculaires à la solde de nos plus cruels ennemis. Et malgré tout cela, la Justice et l'Humanité sont imperturbablement à l'ordre du jour.

Tel Citoyen tonne dans la Tribune Populaire, contre l'égoïsme des riches, les menées perfides de l'Aristocratie et du Royalisme ; des hommes qui disent vouloir sincèrement la République, veulent qu'on l'assassine parce qu'il fut Jacobin, Montagnard, etc.

Tel autre fut Membre d'un Comité Révolutionnaire, négligea ses intérêts pour s'occuper tout entier du salut de la Patrie ; des hommes qui disent vouloir sincèrement la République, veulent qu'on l'assassine, parce qu'il fut un Terroriste. Si cette épithète ne suffit pas, il ne faut cependant pas qu'il échappe. Alors c'est un Dilapidateur. Oui, un Dilapidateur. C'est le mot. On le traduit devant un Tribunal ; on colporte son Acte d'accusation dans toute l'Europe ; on l'imprime dans toutes les langues ; tous les Journaux le diffament : malgré toutes ces manoeuvres, son innocence éclate ; il est acquitté. Eh bien ! au mépris de l'institution sacrée des Jurés, et de la Déclaration des Droits, qui veut qu'un Citoyen ne puisse être jugé deux fois pour le même fait, on le traduit devant un autre Tribunal. Qui ne reconnaît pas là la Justice et l'Humanité ?

Ici, c'est un Soldat qui, fidelle observateur de ses devoirs, a obéi aux ordres de ses Chefs, et surveillé l'exécution des mesures révolutionnaires, commandées par les Représentans du Peuple en mission. Des hommes qui disent vouloir sincèrement la République, veulent qu'on l'assassine, parce qu'il est un Buveur de sang. Encore un peu de temps, et ils voudront qu'on assassine, comme Buveurs de sang, tous les Soldats qui ont combattu les Autrichiens, les Anglais, et vos bandes Catholiques et Royales.

Je vous le demande, Brigands Catholiques et Royaux, est-ce là vouloir sincèrement la République, ou la Royauté ?

Ce problème se trouve résolu, quand, de bonne foi, vous déclarez que vous trouveriez difficilement parmi vous des Ministres plus fidelles de vos vengeances contre les Patriotes. L'identité de vos principes avec ceux de ces prétendus amis de la Justice, démontre clairement qu'eux et vous tendez vers un même but : LA ROYAUTE. Il semble en effet, que, pour l'atteindre, ils n'ayent, de concert avec vous, organisé une Amnistie, que pour vous ménager la faculté de torturer impunément les Patriotes ; tandis que ceux-ci, réduits à souffrir et se taire, ne pouvaient, sans crainte de mort, repousser vos insolentes agressions (1).

Vous déchirez le sein de la Patrie depuis deux ans ; vous avez immolé plus de cent mille Soldats de la Liberté. Nous, depuis cinq ans, nous servons avec zèle et désintéressement la Cause Populaire ; notre sang a coulé au champ d'honneur. Eh bien ! vous avez reçu un généreux pardon, au mépris duquel vous continuez vos actes de brigandage et de férocité ; et nous, nous gémissons dans les fers ! Que dira la Postérité, quand on lui présentera les chaînes qui ont pesé sur nos bras Républicains, et le Décret qui vous accorde une Amnistie ?

Si mes expressions sont fortes, c'est que ma plume est indépendante et hardie comme ma pensée.

Ces réflexions auront un double objet ; celui d'offrir un brevet d'infamie et de scélératesse aux monstres qui travaillent avec fureur à l'anéantissement de la Représentation Nationale ; et celui de leur apprendre que, si je suis leur victime, je ne suis pas leur dupe, et que je ne serai jamais assez lâche pour plier sous des persécutions qui ne resteront pas impunies.

Brigands Catholiques et Royaux, si je vous ai mis sur la scène avec les persécuteurs des Patriotes, c'est que, plus cette comparaison est avilissante, plus je me plais à les accabler.

Je termine en vous assurant que, s'il est un désir dont mon coeur soit enflammé, c'est celui de pouvoir vous prouver sous peu, que les revers, loin de m'abattre, ont aggrandi mon âme ; et que je n'ambitionne rien autre chose, si ce n'est de concourir, dans les combats, le sabre à la main, à votre extermination totale, et à celle des Brigands de toutes les couleurs.

ROBIN, Soldat de la Liberté.

an III 1794/1795

(1) Qui pourrait assurer que la proscription, la mort même de tels et tels Patriotes énergiques, ne fussent pas une des clauses secrètes de la Pacification de la Vendée ? Il répugne à un Républicain de croire à une politique aussi essentiellement injuste : mais nous sommes Patriotes ; nous sommes dans les fers ; quels argumens puissans !

Archives départementales de la Vendée

Bibliothèque du vicomte Paul de Chabot

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  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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