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La Maraîchine Normande
21 août 2012

CALENDRIER - MARTYROLOGE DE LA VENDEE MILITAIRE ♣ 9 janvier 1794

 

9 janvier 1794

De nombreux documents nous apprennent comme le généralissime d'Elbée, grièvement blessé à la bataille de Cholet et transporté à Noirmoutier, y fut fusillé en compagnie de Duhoux d'Hauterive et de Boisy, dans la première quinzaine de janvier 1794, après la reprise de l'île par les troupes républicaines ; mais aucun des documents en question ne précise le jour de l'exécution. Aussi les différents historiens, chroniqueurs ou fouilleurs de la Vendée militaire n'ont-ils pu parvenir à se mettre d'accord sur la date du drame. Ceux-ci proposent le 3, ceux-là le 6, d'autres le 7, le 8 ou le 9 : ni les uns ni les autres n'ont réussi à justifier leurs préférences. Si je choisis ici la date du 9, ce n'est point qu'elle me paraisse certaine, ni même la plus probable, mais seulement parce que le neuvième jour du mois de janvier se trouvant moins chargé que les précédents, j'ai cru pouvoir profiter de l'incertitude au mieux de l'encadrement de ce calendrier-martyrologe. C'est sous le bénéfice de ces observations que je me suis décidé à inscrire à la date du 9 janvier 1794 (20 nivôse an II) les trois glorieuses victimes vendéennes que voici :

- BOISY (Pierre-Prosper Gouffier de), ancien lieutenant du général de Donnissan.
- D'ELBEE (Morice-Joseph-Louis Gigost), second généralissime des armées vendéennes.
- DUHOUX d'Hauterive (Pierre), beau-frère de d'Elbée et ancien officier général de la Grande Armée.

Profondément attachés à d'Elbée, l'un comme beau-frère, l'autre comme ami de longue date, Duhoux d'Hauterive et Boisy avaient accompagné à Noirmoutier le généralissime blessé : unis dans la vie, les trois amis devaient l'être jusque dans la mort.

Conformément au désir exprimé par l'un des massacreurs qui ensanglantèrent l'Ile de Noirmoutier au début de l'année 1794, on adjoignit aux trois glorieux Vendéens une quatrième victime, afin qu'il y eût "partie carrée". C'était un républicain :

Wieland (Jean-Conrad), ex-commandant de la garnison, condamné comme traître pour avoir capitulé devant Charette (au mois d'octobre précédent), et être demeuré depuis dans l'île, en qualité de prisonnier sur parole.

Voici comment un témoin oculaire peu suspect, le républicain Piet, raconte cette quadruple exécution dans ses Recherches sur l'île de Noirmoutier :

"Bientôt les commissaires (de la Convention) songèrent aux apprêts du supplice, et, afin sans doute de le rendre plus douloureux, ils décidèrent d'y adjoindre Duhoux d'Hauterive, beau-frère de d'Elbée et Boisy. Tous trois devaient périr ensemble, quand, par un caprice barbare, ces tyrans populaires ajoutèrent une autre victime. La veille, dans un souper où je me trouvais, ils s'entretenaient de l'appareil militaire qu'ils voulaient donner à cette exécution, lorsqu'un d'eux prétendit qu'il était fâcheux que cette partie ne fût pas carrée. "Eh ! sacré n... de D... ! reprend aussitôt Bourbotte, n'avons-nous pas ce traître de Wieland ?" C'en fut assez, cet avis passa sans contradiction ...

Dès le lendemain, jour de l'exécution, le hussard Félix se rendit chez Wieland et lui dit de le suivre. Il crut être appelé à comparaître devant ses juges, et se munit d'un mémoire qu'il avait rédigé pour se justifier du reproche de trahison dont il savait que les officiers du bataillon de la Manche, qui l'avaient si lâchement abandonné, avaient fait retentir les clubs de Nantes et de Paimboeuf. Il arrive sur la place, il la voit occupée par des troupes. D'Elbée, Duhoux et Boisy sont attachés à leurs poteaux. Il en reste un quatrième, il est vacant ! O surprise douloureuse ! on annonce à Wieland qu'il lui est destiné, il ne peut le croire ; il demande à être entendu, on refuse de l'écouter ; on lui arrache son habit et son chapeau, on le garrotte. Un roulement que font les tambours l'avertit qu'il n'a plus que quelques secondes pour se préparer à la mort.

Un homme à cheval désigne à haute voix le nom des victimes et les crimes qu'on leur impute ; mais lorsqu'il dit : "Voici Wieland, ce traître qui a vendu et livré l'Ile de Noirmoutier aux rebelles !" d'Elbée, rassemblant tout ce que sa situation et ses blessures lui laissent de force, s'écrie : "Non ! M. Wieland n'est pas un traître ; jamais il n'a servi d'autre parti, et vous faites périr un innocent !" Il dit en vain, le plomb siffle, et tous quatre ont cessé d'exister ..."

Non guéri des nombreuses blessures reçues à la bataille de Cholet, d'Elbée n'avait pu se rendre à pied au lieu du supplice : Piet ajoute que les bourreaux l'y firent transporter dans un fauteuil, après l'avoir arraché de son lit de souffrances !


Au Mans, le 9 janvier 1794, le tribunal du département de la Sarthe condamne à mort et fait exécuter 22 insurgés qui avaient suivi la Grande Armée, et dont voici les noms :

ALLARD René, métayer, de Liré (M.-et-L.)
BEAUMAIN Pierre, garçon métayer, de Joué (Id.)
BENOIT François, boulanger, du Mesnil (Id.)
BOUJU Charles, charron, de Mazières (Id.)
BOURBON Jean, garçon jardinier, de Bouër (Sarthe)
BRUNET Pierre, tisserand, de Coron (M.-et-L.)
BUTTEREAU François, domestique, de Chambretaud (V.)
CHAUVEAU René, pêcheur, de Coutures (M.-et-L.)
CHEMINEAU Pierre, garçon laboureur, de Mazières (Id.)
CHEREAU Jean-Thomas, journalier, de Bourgneuf-la-Forêt (Mayenne).
GOUPIL Etienne, de Saint-Germain-le-Fouilloux (Id.)
LECLUSE François-Marie-Laurent, employé à la régie nationale, de Brest (Finistère)
LEGENDRE Mathurin, garçon laboureur, du Lion-d'Angers (M.-et-L.)
LUMEAU Pierre, menuisier, de St-Maurice-des-Noues (V.)
MARTIN Jean, domestique, du May (M.-et-L.)
MERCIER François, laboureur, de St-Laurent-du-Mottay (Id.)
NAUDOT Julien, de St-Julien-de-Concelles (L.-I.)
PAQUEREAU Pierre, fermier, du Loroux-Bottereau (Id.)
PAQUEREAU Laurent, (Ibid.)
REZEAU Jacques, garçon laboureur, du Breuil-Barret (V.)
SOCQUERAY François, garçon frotteur, de St-Léger (Seine-et-Oise)
UZUREAU Esprit, voiturier, de Trémentines (M.-et-L.)

A Niort, le tribunal criminel du département des Deux-Sèvres condamne à mort :

ROLLE Pierre dit Millaguet, de la Flocelière (V.)

Extrait du livre "Calendrier-Martyrologe de la Vendée Militaire - Henri Bourgeois - 1906 - Luçon

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