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La Maraîchine Normande
8 août 2012

LES BILLETS DE CONFIANCE ET MANDATS EMIS EN BOURBONNAIS EN 1790

La France entière était à cette époque livrée aux déchirements d'un avenir préparé par des hommes qui avaient arboré le drapeau des révolutions. Le cynisme d'un côté, la douleur et les alarmes de l'autre, formaient le contraste le plus frappant ; c'était un des signes précurseurs qui devait bientôt marquer les mauvais jours. Ces tristes temps de la terreur étaient présagés, on attendait leur arrivée avec la plus grande anxiété. C'est pendant ces jours d'attente que la société se préoccupe, que les hommes s'inquiègent, et que le mouvement des affaires s'arrête. Les évènements spontanés n'ont souvent qu'une influence bien relative sur ce grand mouvement qui donne l'impulsion aux affaires matérielles de la vie ; tandis que de 1789 à 1792, pendant ces longues années, qui contiennent une suite de si grands évènements, la société anéantie devant l'image des catastrophes qui allaient se déchaîner sur elle, s'apprêtait à en recevoir les coups, les affaires ne suivaient plus leur cours régulier, le commerce était nul, les travaux étaient interrompus, arrêtés, l'or et l'argent avaient disparu.

Dans ces moments de craintes, de périls, de détresse, chacun cachait ses valeurs, son argent, il en résultait la plus grande difficulté pour le petit commerce et le détail. C'est à ce moment qu'apparurent les assignats royaux, ils devaient remplacer bien imparfaitement la menue monnaie qui était cachée, car la plus petite valeur qu'ils représentaient était de cinquante livres. Le petit commerce n'avait rien gagné à leur création. Ce ne fut qu'en 1791, que l'Assemblée nationale, en décrétant le cours forcé des assignats, ordonna l'émission d'assignats de 5 livres ; en 1792 seulement parurent ceux de cinquante, puis ceux de quinze et de dix sous.

La gêne et les difficultés que les moindres transactions éprouvaient, et les plaintes que faisaient entendre les commerçants et les particuliers, provoquèrent l'idée de la création de comptoirs d'escompte dirigés par des sociétés ou des particuliers, et de caisses d'échange instituées par les municipalités. La Convention nationale autorisa l'émission de petites coupures depuis 5 livres et au-dessous, il y en eut même de six deniers. Ces divisions monétaires rendirent le plus grand service, le commerce et les échanges purent reprendre leur cours.

Ce nouveau numéraire en papier fut accueilli avec moins de défiance que les assignats, et pendant que ces émissions de menue monnaie étaient sollicitées, attendues, il fallait qu'une loi spéciale rendît aux assignats le cours forcé de leur valeur représentative.

Ces billets de confiance avaient été émis à la condition d'être échangés dans un espace de temps assez restreint mais limité, jusqu'au jour où la Convention supprima toutes les caisses d'échange patriotiques et municipales, en donnant comme dernier délai pour le retrait des billets et des mandats jusqu'au 1er octobre 1793. A ce moment, aucun de ces mandats ne serait reçu ni en paiement, ni même en échange, et perdait alors toute sa valeur. Puis une fois rentrés à la caisse qui les avait émis ils étaient anéantis, brûlés. Il est facile de comprendre la rareté de ces bons, on n'en retrouve que par hasard qui ont échappé, d'un côté, à l'empressement que le titulaire devait mettre pour en obtenir le remboursement, et de l'autre, à leur anéantissement complet opéré après leur rentrée dans la caisse.

Le Bourbonnais fit comme les autres provinces des émissions de mandats et de billets de confiance chacun des districts avait sa caisse patriotique, à l'exception de Moulins, dont une société dite "Amis de la Constitution" avait, avec le concours de la municipalité, créé un bureau d'échange situé cours Bérulle pour l'émission de mandats. Ce bureau échangeait, les dimanches, les samedis, et les vendredis depuis 9 heures du matin jusqu'à midi ; le préposé M. Place avait le titre de receveur-échangeur, il avait la signature sur les mandats échangés contre des assignats de cent livres.

Il y eût pour Moulins des mandats de cinquante sous, c'était la plus forte somme ; ils étaient imprimés en bleu sur parchemin fond jaune. Ceux de vingt-cinq sous, imprimés rouges sur le même parchemin ainsi que ceux de quinze sous imprimés en noir sur le même papier.

La caisse patriotique de Cérilly-Hérisson émit des mandats de sept sous qu'elle échangeait à bureau ouvert les dimanches et les jeudis de chaque semaine contre des assignats de cinquante livres. Celle de Cusset-Varennes avait des mandats de deux, cinq, et huit sous ; la caisse était ouverte le mercredi et le samedi matin, elle échangeait contre des assignats de cinq livres. La caisse patriotique de Charroux-Gannat-Saint-Pourçain échangeait des mandats de trois et cinq sous contre des assignats de cinq livres, le mercredi et le samedi matin. Le Donjon ne créa qu'un mandat unique de cinq sous et faisait l'échange tous les jours de neuf heures du matin à midi, contre des assignats de cinquante livres. Estivareilles-Montluçon avait émis des mandats de trois et de cinq sous ; et enfin Bessay-Saint-Loup, Saint-Gérand, des billet de confiance de dix sous.

Plusieurs de ces caisses patriotiques échangeaient leurs mandats sans rétribution, tandis que beaucoup d'autres exigeaient pour l'échange, un droit fixe convenu à l'avance.

Je donne ci-dessous, la reproduction de six de ces rares pièces émises en Bourbonnais, et faisant partie de ma collection.

F. PEROT
Bulletin de la Société d'Emulation
du département de l'Allier

 

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