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La Maraîchine Normande
15 juillet 2012

LE CHEVALIER DU FOU DE KERDANIEL

LE CHEVALIER DU FOU DE KERDANIEL

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Issu de cette race batailleuse des vicomtes du Faou ou du Fou, le jeune François-Joseph du Fou de Kerdaniel, né le 23 mars 1777, était naturellement destiné à la carrière militaire. Il se trouvait à l'Ecole de la Marine, à Vannes, quand, en 91, cette Ecole fut violemment dispersée par les dragons de Bessières.

Malgré sa tendre jeunesse (il n'avait que quatorze ans), il n'hésita pas à suivre son père aîné en Belgique, et à se jeter dès ce moment dans la vie, pleine de périls, qu'il dut mener pendant huit années.

Entré d'abord dans le corps de la marine en Belgique, il se voit battu et repoussé. Sans se laisser aller au découragement, il pénètre en Bretagne, où il sert sous les ordre de M. de la Moussaye. Battu de nouveau, il traverse l'Angleterre et se rend au régiment de Loyal-Emigrant, sous les ordres du duc de la Châtre. Après de désastreuses campagnes en Belgique et en Hollande, il est embarqué avec les débris de son régiment pour Quiberon. Il y aurait perdu la vie, comme ses glorieux compagnons d'infortune, si, deux jours avant le débarquement général, il n'eût été mis à terre avec trois autres officiers : ils étaient chargés de porter à Georges Cadoudal des fonds et des dépêches. Ce fut cette périlleuse mission qui lui sauva la vie.

Quand il arriva au quartier-général, à Grandchamp, après mille dangers, Georges n'y était plus ; il était parti dans la direction des Côtes-du-Nord, pour faire diversion et favoriser un débarquement d'armes et de munitions.

Après l'avoir rejoint, le jeune royaliste sert successivement sous les ordres de Lantivy et de le Mercier, dit la Vendée ; puis il devient chef lui-même, et conjointement avec M. de Keranflec'h, il diriche plusieurs expéditions et quelques heureux coups de main. Il faut lire dans l'Itinéraire en Bretagne, de M. Pol de Courcy (pages 98 et suivantes), le récit dramatique de la prise de Saint-Brieuc, à laquelle contribua si brillamment le jeune du Fou de Kerdaniel. Ce n'est qu'un épisode entre mille ; mais il suffit pour montrer quelle était l'existence de ces pauvres Chouans, et de quelle énergie, de quelle foi indomptable ils devaient être animés pour se soumettre à de pareilles souffrances.

En 1801, M. du Fou fit sa soumission et fut placé en surveillance spéciale pendant dix années. Plus de quarante fois il avait été jeté en prison ; il avait subi cinq jugements : à Nantes, la Rochelle, Vannes, Nantes et Saint-Brieuc. Condamné deux fois à la déportation, il l'évita en s'évadant.

Le 23 octobre 1815, il fut nommé capitaine au 5e de la garde royale, où il était chef de bataillon en 1830. Ses services lui avaient mérité la double décoration de Saint-Louis et de la Légion-d'Honneur.

A cette époque, M. le chevalier du Fou de Kerdaniel, profondément attristé de la chute d'un trône auquel il avait tout sacrifié, n'hésita pas, malgré sa passion pour l'état militaire, et malgré les brillantes propositions que le gouvernement nouveau lui adressa sous la forme la plus flatteuse, à briser son épée et à vouer prématurément sa vieillesse à la retraite.

Au bout de peu d'années, il trouva dans Mlle Mourin d'Arfeuille une compagne digne de lui, et se renferma entièrement dans la vie de famille. M. le chevalier du Fou était resté le type de cette urbanité exquise, de cette courtoisie envers les femmes, si rare, si démodée même de nos jours, et dont les vieillards seuls semblent avoir conservé le secret.

Depuis quelques années déjà, des douleurs rhumatismales, héritage de ses laborieuses campagnes, l'avaient condamné à une réclusion complète. Mais Dieu, dont il avait si vaillamment défendu l'autel, en même temps qu'il combattait pour le trône, lui avait ménagé des consolations précieuses, en lui donnant, avec une foi inébranlable, une courageuse résignation, et en l'entourant des enfants les plus dévoués et les plus affectueux.

Il y a seulement quelques jours, son bonheur patriarcal avait été couronné par la naissance d'un petit-fils ardemment désiré. Rien ne faisait présager la fin prochaine de M. du Fou, et cependant, - était-ce un pressentiment ? - lundi 18 décembre, il se fit apporter son petit-fils ; et c'était chose touchante de voir cette majestueuse tête de vieillard se courber en souriant et en pleurant de joie sur cette blonde tête d'enfant ; puis, il le bénit, demandant sans doute à Dieu que son petit-fils, lui aussi, restât toujours fidèle à la vieille devise de ses pères : Dieu, l'honneur. - Quelques heures après, comme si sa mission sur la terre était accomplie, le chevalier du Fou, se sentant plus opressé que de coutume, avait de nouveau recours à cette religion, qui l'avait tant de fois soutenu dans ses épreuves, et au milieu des siens, sans effroi et presque sans souffrances, il rendait son âme à Dieu, qui lui accordait ainsi, après la vie d'un preux, la mort d'un chrétien.

A. DE LA BINTINAYE
Revue de Bretagne et de Vendée - 1866

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