N. AMALVI, Prêtre du diocèse de Perpignan
N. AMALVI
Prêtre du diocèse de Perpignan, où il naquit en 1722, étoit habitué de l'église cathédrale qui, transférée avec le siège épiscopal en 1602, de la ville d'Elne à celle de Perpignan, dans l'église de Saint-Jean-Baptiste, y conservoit le nom de cathédrale d'Elne, et son ancienne invocation de Sainte Eulalie et Sainte Julie, patronnes du diocèse.
Amalvi, étant insermenté, fut obligé par la persécution de sortir de France après la loi de déportation ; mais quand les troupes du roi d'Espagne eurent, après la mort de Louis XVI, fait une irruption dans le Roussillon, en avril 1793, et s'y furent mises en possession de quelques villes, Amalvi crut à la durée, au progrès même de leurs succès pour rétablir en France une autorité tutélaire, et revint dans sa patrie. Mais, lorsqu'en août suivant, les Espagnols furent repoussés, le septuagénaire Amalvi n'eut plus assez de forces pour fuir derechef avec ceux de ses confrères qui étoient rentrés avec lui.
On le surprit dans sa retraite, et on l'amena prisonnier à Perpignan, où il fut livré au tribunal criminel du département des Pyrénées-Orientales, siégeant en cette ville. Les juges le condamnèrent à la peine de mort, comme "prêtres réfractaire, émigré-rentré" : cette sentence fut rendue vers le milieu de septembre 1793. Le greffier qui vint lui en faire lecture, ne put, à la vue de ce vieillard, retenir l'émotion qu'il en éprouvoit : "Rassurez-vous, lui dit Amalvi, je meurs pour une bonne cause, et je prie Dieu de conserver vos jours". La joie de perdre la vie pour Jésus-Christ, redonnoit à ce vénérable septuagénaire la vigueur de la jeunesse. Il consola, il encouragea les compagnons de sa captivité.
En allant au supplice, il récitoit le psaume Miserere mei, Deus. Quand il monta sur l'échafaud, il se mit à chanter d'une voix forte le Te Deum, et le continua jusqu'au moment où le fer de la guillotine sépara sa tête de son corps.