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La Maraîchine Normande
8 juillet 2012

Henri AGAISSE, Rezé

Henri AGAISSE

Né, à Rezé, près de Nantes, en 1773, n'étoit encore que clerc tonsuré, quand survint le schisme que l'année 1791 introduisit en France. Son attachement à la Foi catholique le rendit aussi odieux aux persécuteurs, que s'il eût été prêtre non assermenté. Ils l'arrêtèrent dans ce temps affreux où le proconsul Carrier venoit exercer à Nantes ses impies fureurs, et le conduisirent dans les prisons de cette ville. La Providence qui le destinoit à honorer une autre catastrophe de la révolution, le préserva des noyades et autres supplices qui firent périr tant de victimes en cette ville, à la fin de 1793, et au commencement de l'année suivante.

Quand ils cessèrent tout à coup, au printemps de 1794, Agaisse sortit de prison, en considération de ce qu'il n'étoit pas prêtres, mais pour être banni de France. Il se rendit en Espagne, et y habita la ville de Tolède. Les lettres, que de là il écrivoit à sa mère et à sa famille affligées, étoient bien propres à les consoler sous le rapport des sentimens pieux qu'il nourrissoit en son coeur, et dont elles-m^mes étoient pénétrées.

Lorsque, dans l'été de 1797, il vit par les journaux la direction qu'une partie du Corps Législatif donnoit au gouvernement afin qu'il permît aux prêtres déportés de rentrer en France, Agaisse partit de Tolède pour revenir dans sa famille ; mais la catastrophe du 18 fructidor (4 septembre 1797) avoit brusquement rallumé la persécution.

Il fut arrêté dans sa route, et jeté d'abord dans les prisons de Saint-Fulgent d'où on le conduisit dans celles de Montaigu, puis dans celles de Fontenay, d'où il passa dans les prisons de Niort, et enfin dans celles de Rochefort, pour être déporté à la Guiane. De là, il écrivoit à sa mère, le 28 octobre : "Quelque chose qui m'arrive, je serai toujours content, car je suis persuadé que tout sera pour la plus grande gloire de Dieu, et pour mon salut ... Ce qui me console, c'est que c'est pour Dieu que je souffre. Oh ! il m'en récompensera bien".

Le 5 décembre, étant encore à Rochefort, il adressoit à sa mère une nouvelle lettre dans laquelle il lui disoit : "Dieu veuille augmenter et fortifier en vous ce courage et cette résignation à la volonté de Dieu, que je ne cesse et que je ne cesserai d'admirer en vous ... Nous ne nous reverrons peut-être jamais ; mais ne nous abattons pas pour cela. Dieu le veut ainsi : humilions-nous devant lui ; adorons ses secrets impénétrables".

Les lettres qu'il ne cessa d'écrire à sa mère et à d'autres parens jusqu'à son embarquement, respirent les mêmes sentimens. Dans cet intervalle, suivant le témoignage d'un vénérable prêtre, compagnon de cette captivité, "une des plus chères occupations d'Agaisse étoit de consoler les déportés qui arrivoient chaque jour à Rochefort, accablés de lassitude, souvent après quarante et même soixante jours de marche, surtout les prêtres de la Belgique. A leur arrivée, il leur préparoit leur humble couche ; et plus d'une fois, sous prétexte de les aider à ôter leur chaussure collée à leurs pieds meurtris, il les baisoit avec respect".

Ce fut le 12 mars 1798 qu'on l'embarqua ; et la frégate La Charente fut celle sur laquelle on le mit avec cent soixante-quinze autres déportés. Bientôt après, il passa avec eux sur la frégate La Décade. Abordé à Cayenne le 13 juin 1798, il fut du nombre des quarante-cinq, qu'à raison de leur dépérissement on déposa dans l'hôpital. Des personnes charitables obtinrent de l'agent national qu'Agaisse n'allât point à Konanama ni à Sinnamary ; et il fut placé, avec deux prêtres, dans une habitation située de l'autre côté de la grande embouchure de la rivière de Cayenne, chez un mulâtre nommé Sevrin. Ce lieu néanmoins étoit brûlant, et l'on y étoit dévoré par les maringouins ; on n'y avoit pas même d'eau potable, ni aucun fruit bon à manger : aussi cette habitation avoit-elle le nom de Tout-y-Manque. Agaisse n'avoit pas recouvré la santé, et pourvoit à peine se soutenir. La fièvre, se joignant au fléau de la misère termina sa vie après quinze jours de souffrances extrêmes. Il mourut le 22 septembre 1798. Un laïc revenu de Cayenne écrivoit en 1803 : "Le jeune Agaisse, avant sa mort, pouvoit être mis au rang des saints, et même des martyrs".

Le vénérable prêtre, dont nous parlions tout à l'heure, racontoit en 1805 que, il alloit souvent au tombeau du jeune Agaisse dont il avoit admiré les vertus : "j'en revenois, disoit-il, toujours paisible et résigné à mes maux".

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