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La Maraîchine Normande
8 juillet 2012

Jean-Baptiste ABEILLON, Curé d'Arlempde

 

Jean-Baptiste ABEILLON

Curé d'Arlempde, dans le diocèse de Viviers, avoit été expulsé de sa cure par les autorités révolutionnaires, pour n'avoir pas voulu trahir sa foi en prêtant le serment de la constitution civile du clergé.

Il s'étoit réfugié dans le diocèse du Puy, en la paroisse de Concouroux, d'où il faisoit des courses apostoliques dans les autres cantons du Velay, nommé alors le département de la Haute-Loire.

Il y fut surpris dans la demeure d'une pieuse ouvrière en dentelle du bourg de Beaune. Devenu par là justiciable du tribunal criminel de ce département, siégeant au Puy, il y fut conduit avec elle. Le tribunal le condamna, le 29 prairial an II (17 Juin 1794), à la peine de mort, comme "prêtre réfractaire à la loi" ; et sa généreuse hôtesse fut décapitée avec lui.

La province du Velay a été une des plus tourmentées par les persécuteurs, parce qu'elle étoit une de celles où il y avait le plus de Foi. Les moeurs presque patriarcales des habitans de ce pays montueux, donnoient même à leur piété un intérêt touchant qui inspiroit le plus grand respect.

Les proconsuls que la Convention envoya, vers la fin de 1793 (Reynaud, Lacoste et Faure), n'y furent presque occupés qu'à faire la guerre à ce qu'ils appeloient le fanatisme ; et ils étoient horriblement secondés par cette horde qu'on nommoit l'armée révolutionnaire. Reynaud dévastoit les églises ; non seulement il forçoit les pieux habitans à démolir les clochers, il poursuivoit jusqu'au moindre signe de religion, dans les objets mêmes auxquels l'habitude de les voir et de les porter n'en attachoit presque plus l'idée, tels que ces croix d'or qui servoient d'ornement au collier des femmes.

Dans un de ses arrêtés à ce sujet, il s'exprimoit en ces terme : "Comme les signes du fanatisme sont absolument proscrits, et que néanmoins des personnes affectent de les conserver, et notamment des femmes, sous prétexte d'embellir leur parure ; les municipaux seront tenus de faire incarcérer celles qui, dans leurs ajustemens, se serviront des signes représentatifs des vieux préjugés, lesquels seront confisqués au profit des dénonciateurs".

Aussitôt de toute parts, des bandits, courant par les campagnes, arrachèrent au cou des villageoises les croix d'or ou d'argent qu'elles étoient dans l'usage de porter ; et celles qui résistoient, étoient amenées dans les prisons du Puy ou de Monistrol.Dans cette dernière ville, où l'on fabrique beaucoup de dentelles, un grand nombre d'ouvrières en ce genre, connues pour être pieuses, et que Reynaud traitoit de béates, furent sommées par lui de faire, dans un délai fixé, un serment capable d'alarmer leur conscience, celui de liberté-égalité qu'aucune loi n'exigeoit d'elles. Un refus invincible fut toute leur réponse ; et sur-le-champ, d'après ses ordres, les soldats de l'armée révolutionnaire les traînèrent par centaines dans les prisons. Celles d'entre elles qui échappèrent aux recherches, s'enfuirent dans les rochers et les forêts, où, de toutes parts, les habitans des villes et villages étoient forcés d'aller se cacher, comme autrefois ces respectables Juifs qui, pour éviter d'enfreindre la loi de Dieu, et de sacrifier aux idoles d'Antiochus, suivant son ordre, se retirèrent sur la montagne. Comme eux, ils y étoient aussi poursuivis, et disoient de même en voyant arriver les assassins : "Mourons tous dans notre simplicité ; le ciel et la terre sont témoins que notre perte n'est l'oeuvre que de votre injustice".

Attendu que, pour effacer tout souvenir, toute trace du jour du Seigneur, on avoit substitué les décades aux semaines, et qu'il n'étoit plus permis de cesser les travaux notoires que de dix en dix jours, les hommes et les femmes que l'on trouvoit occupés à leurs travaux le jour de la décade, ou se reposant le dimanche, étoient insultés, maltraités, et jetés dans les fers. Les prisons étoient encore pleines, lorsqu'une loi, rendue le 16 avril 1794 (27 germinal an II), fit cesser les exécutions dans les départemens, et voulut que tous ceux qui y étoient détenus, sous prétexte de conspiration, fussent envoyés au tribunal révolutionnaire de Paris.

Le proconsul Faure, qui étoit rappelé à la Convention, écrivoit à un agent national du département de la Haute-Loire, le 2 messidor an II (20 juin 1794) : "Tu recevras un arrêté du comité de sûreté générale, pris ce matin, pour envoyer ici rendre visite à Samson (c'étoit le nom du bourreau de Paris) le ci-devant curé de Saint-Just, Lacombe, avec Berger son domestique, et Cauvel qui les a recélés, ainsi que Colmar. Je t'invite à ne pas souffrir d'apitoyeurs, de pleureurs, ni de modérés". Les agens nationaux ne le furent pas ; car, indépendamment des victimes qui viennent d'être nommées, il en fut envoyé par eux une infinité d'autres. Parmi elles, on compta jusqu'à soixante paysannes, ainsi traitées parce qu'elles avoient assisté à la messe. Elles furent transportées à Paris sur des charrettes, et enfermées aussitôt dans la prison du Plessis, qu'on appeloit à bon droit l'antichambre de la mort, parce que c'étoit de cette prison que le tribunal révolutionnaire tiroit ordinaire les détenus qu'il vouloit condamner à périr sur l'échafaud. Il n'eut pas le temps d'immoler les personnes dont nous venons de parler, avant l'évènement du 9 thermidor an II (27 juillet 1794) où la politique des tyrans les contraignit à montrer quelque modération ; et elles purent retourner quelques mois après dans leurs foyers.

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