NOTE RELATIVE AU CHEF VENDEEN DE BEAUVOLLIER

NOTE RELATIVE

AU CHEF VENDEEN DE BEAUVOLLIER (1799)

Extrait du registre des délibérations municipales de Chinon pour l'année 1799.

Séance extraordinaire du 13 fructidor an VII de la République Française, une et indivisible, où étaient présents les citoyens Herbelin pour le président, Froger et Guerrier ; administrateurs, Plancher, commissaire du directoire exécutif et Thibault, secrétaire. - Le commissaire du directoire exécutif a dit que, par le courrier de ce jour, son collègue près l'administation de Loudun lui transmet copie d'une lettre à lui écrite par le commissaire du directoire exécutif du canton de Thouars sous la date du 12 courant ainsi conçue :

A son collègue près l'administration municipale de Loudun.

Thouars, 12 fructidor an 7 de la République Française.

CITOYEN COLLEGUE,

Une patrouille de notre garde nationale a arrêté ce matin près Vonmore (?) six chevaux sellés, bridés et bien équipés ; il est probable que les cavaliers, qui suivant plusieurs rapports ont passé cette nuit au Pont de Vrine près Thouars et qui paraissaient venir du côté de Loudun, ont été attaqués par nos troupes, qui sont en mouvement du côté des Aubiers, Bressuire, etc ; qu'ils ont été démontés et peut-être tués, et que leurs chevaux se rendaient d'où ils avaient parti. Notre patrouille les a poursuivi et arrêté à une commune de Monbrun. Nous avons trouvé sur ces chevaux, 7 pistolets de calibre, des munitions de guerre, des valises bien garnies en effets d'habillement, des ceintures blanches, des cocardes blanches, des plumets blancs et verts, enfin tous les signes caractéristiques de la révolte.

Nous avons trouvé dans une poche d'habit une lettre déchirée en plusieurs morceaux qui rapprochés nous ont mis à même de la lire ; c'est une pièce de conspiration écrite et signée par Beauvollier. Du secret, cher collègue, faites de suite saisir cet individu s'il est dans vos murs ; expédiez de suite à Thouars un couple de citoyens en qui vous auriez confiance ; ils reconnaîtront sûrement les chevaux et les effets. On annonce que dans ce moment 4 autres chevaux viennent d'être arrêtés à une lieue d'ici ; 150 hommes de notre garde nationale battent patrouille et font des recherches dans nos environs. Nous soupçonnons que parmi les révoltés qui montaient les chevaux, il en existe de Chinon ; invitez notre collègue de cette commune de prendre toutes les informations nécessaires à cet égard. Ne perdez pas de temps, faites de suite arrêter Beauvollier ; nous tenons une pièce écrite et signée de lui. Il serait peut-être bon que notre collègue de Chinon envoyât à Thouars un ou deux citoyens de confiance pour reconnaître leurs chevaux et nous fournir les renseignements que cette circonstance, qui doit fixer l'attention de tous les républicains, exige. Vous feriez très bien, je pense, de venir vous-même ici avec un ou deux citoyens pour vous concerter ensemble sur cet important objet. Faites toujours provisoirement arrêter Beauvollier avant votre départ. Venez, venez, nous entrerons dans un plus long détail, je suis au milieu du tumulte ; salut. Signé : Doré

P.S. - Nous avons aussi trouvé dans une valise un livre ainsi intitulé : Traité sur les constitutions et l'emploi des troupes légères ; à la suite de cet intitulé se trouve la signature Monret, capitaine au IIe régiment d'hussards. Si cet individu est chez vous ; faites le aussi arrêter.

Que d'après ces renseignements et ceux que l'administration a par elle-même, tant par l'absence de cette commune de quelques individus suspects que par l'achat des chevaux dans les environs, il est suffisamment démontré que parmi ces brigands insurgés, il s'en trouve de Chinon, qu'il devient intéressant d'envoyer à Thouars un ou plusieurs citoyens pour vérifier et constater le fait ; qu'en conséquence, il requiert à l'administration de délibérer sur cet objet. L'administration prenant en considération les détails donnés par le commissaire du directoire exécutif du canton de Thouars, et le réquisitoire de celui-ci près cette administration ; considérant qu'il paraît constant que parmi les insurgés dont est parlé dans cette lettre, il en existe à Chinon ; qu'il est intéressant de s'assurer du fait pour en cas de réalité prendre ultérieurement telles mesures que les circonstances exigeront ; arrête : que les citoyens Plancher, son commissaire, et Thibault, son secrétaire, sont chargés de se transporter dans le jour de demain auprès de l'administration de Thouars aux fins dont il s'agit.

Le registre est signé : Plancher, commissaire du district ; Herbelin, administrateur pour le président ; Guérinet, administrateur ; Thibault, secrétaire.

Revue Poitevine et Saumuroise