POIRIER DE BEAUVAIS

Documents relatifs à Poirier de Beauvais

En 1893, les "mémoires inédits de Poirier de Beauvais" ont été publiés et ont attiré un peu l'attention sur ce "commandant général de l'artillerie des armées de la Vendée."

Depuis cette publication, nous avons eu la bonne fortune de trouver aux archives municipales de Chinon, plusieurs pièces concernant ce chef-vendéen et deux documents inédits dont il est l'auteur. Nous avons signalé pour la première fois en 1897, l'existence de ces manuscrits dans le second volume de l'Inventaire des archives municipales de Chinon ; page 69.

Comment ces pièces relatives à Poirier de Beauvais se trouvent-elles à la mairie de Chinon ? C'est une question que le lecteur peut se faire ; aussi nous y répondons.

Les documents, dont il est ici parlé, font partie d'une liasse de pièces saisies chez les émigrés par le comité de surveillance de Chinon. Les documents relatifs à Poirier de Beauvais ont été saisis lors d'une perquisition faite à son domicile dans son château de Beauvais (commune de Ligré), propriété à six kilomètres de Chinon.

Voici le procès-verbal de la décision prise pour cette perquisition :

"Aujourd'hui 5 juillet 1793, l'an deux de la République Française ; séance du soir ; lecture a été donnée du procès-verbal de la séance précédente, la rédaction en a été adoptée ;

Il a été observé à l'administration qu'il était urgent de mettre provisoirement en séquestre les biens meubles et immeubles de Poirier de Beauvais reconnu s'être armé contre la République, et être passé avec les Brigands, que si l'administration différait plus longtemps à prendre ce parti les meubles incombant sa maison à Beauvais disparaîtraient ; ce qui causerait une perte réelle à la République ; que déjà le nommé Fournival homme d'affaires de ce traître Poirier a vendu douze pièces de vin à un particulier du bourg Saint-Jacques ;

Vu l'écrit du dit Poirier adressé à la commune de Ligré déposé au comité de sûreté générale du district,

Considérant qu'il importe beaucoup à la République de punir ses traîtres et de s'emparer des biens qu'ils possèdent, tant pour leur ôter tous moyens de contrôle que pour l'indemniser des frais énormes que lui occasionnent leurs faits,

Les administrateurs et commissaires du département et conseil général du district, sur ce oui le procureur syndic, arrêtent que les biens de Poirier de Beauvais seront provisoirement séquestrés ; en conséquence que les citoyens Bastard, Dubuisson administrateurs et Sallesse commissaire du département se transportent dans le jour de demain à Beauvais, maison de Poirier, sise paroisse de Ligré, pour faire un inventaire sommaire de tous les meubles et effets."

Les pièces suivantes, saisies au cours de la perquisition font actuellement partie des archives municipales de Chinon ; série 1, liasse n° 5 ; en voici l'énumération : 1° Un épithalame à l'occasion du mariage de Poirier de Beauvais ; 2° Deux lettres adressées en 1791 à Poirier de Beauvais ; 3° Alphabet secret servant à la correspondance de ce chef vendéen avec d'autres royalistes ; 4° Un projet d'évasion de Louis XVI et de la famille royale ; 5° Un projet d'insurrection dans les pays chinonais et saumurois.

En terminant cet avant-propos, nous donnons le texte de l'acte de baptême de Poirier de Beauvais, né à Richelieu le 18 novembre 1750 et non le 19 comme cela est imprimé dans la notice biographique qui précède l'édition des mémoires, on a pris la date de l'acte de baptême (19 novembre) pour celle de la naissance, qui comme ce même document l'apprend, eut lieu la veille, le 18. Voici le texte de cet acte :

Dans cet acte de baptême d'un futur chef de l'armée vendéenne, le père de l'enfant est ainsi dénommé Poirier des Bournais. Le nom patronymique subit une modification à partir de l'année 1771 ; date de l'achat de la propriété de Beauvais par la famille Poirier.

 

EPITHALAME

Sur le mariage de Monsieur Poirier, avocat au Parlement, seigneur de Beauvais, avec Mademoiselle Amiel Despantenai, fille d'ancien conseiller du Roi, Me particulier des eaux et forêts ; sous les noms allégoriques de Tircis et Philis.

Allume ton flambeau, puissant Dieu d'hyménée,

Que les ris et les jeux inspirant l'allégresse,

Annoncent que Tircis en ce jour fortuné,

Donne sa foi, reçoit celle de sa Maîtresse.

Triomphe, chaste amour, lance tes traits vainqueurs !

Embrase ces Amants des plus vives ardeurs :

Aussitôt qu'en tes mains ce couple incomparable

Aura fait de l'hymen le serment redoutable ;

De ta chaîne qu'alors porteront ces Epoux

Rends le poids fort léger et les chaînons bien doux.

Que la belle Philis de grâces ravissante,

Toujours de son époux soit moins femme qu'amante,

Tircis de son côté doit payer de retour

Et ne jamais laisser refroidir son amour.

Heureux époux !

Quel sort plus doux !

Quand on est comme vous ès fleurs de la Jeunesse,

Joignant aux sentiments bon coeur, esprit, richesse,

Qu'on peut d'un chaste hymen se livrer aux plaisirs,

Enfin de tous ses sens contenter les désirs.

Pour comble un puissant protecteur,

D'un père ayant pour vous le coeur,

O couple fortuné ! voilà votre partage !

Pour vivre heureusement en faut-il davantage ? ...

Envois aux jeunes époux

Jeunes, charmants époux, qu'en union et joye

S'écoulent tous vos jours filés d'or et de soye,

Jouissez à jamais du sort le plus heureux

Acceptez-en l'augure, au moins ce sont mes voeux.

A.L.D.J.

Au haut de la première page de cette poésie, il y a un dessin en couleurs représentant un amour qui vient de décocher une flèche qui a transpercé deux coeurs brûlant ensemble sur un autel.

H. GRIMAUD

(Revue Poitevine et Saumuroise)