Lettre de M. le Duc de Damas, concernant M. de Bonchamps

Lettre de M. le Duc de Damas, premier gentilhomme
de S.A.R. Monseigneur Duc d'Angoulême, etc.,
à M. Chauveau, Docteur-Médecin

Paris, le 20 août 1817

Vous ne vous trompez pas, Monsieur, en pensant que je me ferai un devoir et un plaisir d'honorer la mémoire du brave et malheureux Bonchamps ; mais ce que je puis en dire ajoutera bien peu à sa gloire.

Il était fort jeune encore et simple lieutenant au régiment d'Aquitaine, dont je commandais le second bataillon, lorsque nous nous sommes embarqués pour l'Inde, au mois de janvier 1782. Chéri de ses camarades, estimé de ses chefs, on pouvait dès-lors juger, par son application au travail et son exactitude pour le service, qu'il deviendrait un officier distingué. Il a fait, sous mes ordres, la campagne dite de Goudelour, en 1783, et il y a donné les premières preuves de cette valeur brillante qu'il a déployée depuis avec tant de gloire sur un théâtre malheureusement trop célèbre. Nous sommes revenus de l'Inde au mois de juillet 1785 ; il était alors capitaine, et je l'ai perdu de vue jusqu'au moment où il a immortalisé son nom dans la Vendée. L'infanterie d'une légion que j'avais levée dans l'émigration, ayant eu l'ordre de s'embarquer pour la fatale expédition de Quiberon, j'avais écris au général Bonchamps, pour lui exprimer avec quelle satisfaction je servirais sous ses ordres. Je ne crois pas que ma lettre lui soit jamais parvenue ; mais toujours était-elle une preuve de l'estime particulière que sa noble conduite m'avait inspirée. Je me plais à en renouveler le témoignage entre vos mains, Monsieur, en applaudissant infiniment à votre projet d'un monument à élever à la mémoire de ce héros.

J'ai l'honneur d'être avec une sincère considération, Monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.

Signé le Duc de Damas