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La Maraîchine Normande
21 juin 2012

Charles-Louis-Marie comte d'Orfeuille, seigneur de St-Georges et de Tourtron ♣ 2ème et dernière partie

M. le comte d'Orfeuille fut l'un des 31 commissaires nommés pour la correspondance avec les états généraux.

Le 9 mai 1790, à Saint-Maixent, la garde nationale fut appelée à prêter serment de fidélité à la nation, à la loi, au Roi. - Au pied du procès-verbal, nous trouvons les signatures : Palustre de Virsay, capitaine ; d'Orfeuille, lieutenant.

Bientôt, M. d'Orfeuille fut appelé à remplir les fonctions de membre du conseil du département des Deux-Sèvres. On y arrivait par l'élection, et voici le langage que l'administration tenait aux électeurs :

"Garantissez-vous des pièges de l'intrigue ; mettez à l'écart tout intérêt personnel, ainsi que les liaisons du sang et de l'amitié ; nommez le plus recommandable et non le plus recommandé ; enfin portez sur vos bulletins le nom du plus digne, du plus capable, fût-il votre adversaire, votre ennemi particulier.

Niort, le 16 mai 1790.

Les administrateurs du département,

ANDRAULT, D'ABBAYE, LE COMTE DE BREMOND"

Sans doute que les électeurs répondirent dignement à un appel formulé sous l'inspiration de sentiments aussi élevés, aussi purs, aussi patriotiques ; l'élection dut être libre et consciencieuse. Par sa réputation, ses études, sa loyauté, M. d'Orfeuille dut tout d'abord inspirer confiance ; à cette époque, il fut élu. Les révolutions, même les plus terribles, ont d'abord besoin que les hommes de talent viennent avec elles comme pour les légitimer. Elles les sollicitent, elles les flattent, sauf à s'en débarrasser plus tard après la crise passée.

Lorsque l'administration fit imprimer le tableau des membres du directoire, il fut ordonné d'indiquer, dans une colonne, les fonctions antérieures de chacun d'eux. On lit, à côté du nom de M. d'Orfeuille ... soldat. Sans doute ce fut lui qui fournit l'indication. Aujourd'hui beaucoup d'autres, qui fournissent aussi leur article biographique, sont loin d'être aussi laconiques et aussi modestes.

Comme administrateurs, le comte d'Orfeuille, le sieur Goustis et le sieur Chasteau furent nommés commissaires et envoyés à Châtillon et à Bressuire, au mois de février 1791. Il s'agissait alors du refus de payer les droits du tarif. - Nul ne songeait certainement que c'était le prélude de cette guerre que Napoléon a appelée des combats de géants.

La mission des commissaires était délicate : il fallait tout à la fois adresse, énergie, modération. Les commissaires, au moyen d'allocutions douces et fraternelles, gagnèrent les esprits et allèrent jusqu'au coeur des insurgés.

"O mes chers concitoyens, leur disaient-ils, nous vous conjurons, au nom de la patrie, d'obéir à la loi. Quoi ! à l'instant même où les pouvoirs unis de l'assemblée nationale et du Roi s'étudient à nous dégager des chaînes dont l'empreinte funeste nous humilie encore, vous donneriez l'exemple de l'insurrection ! Non, non, vous allez tous jurer avec nous fidélité à la nation, à la loi et au Roi."

Les habitants, émus de ces conseils, renouvelèrent leur serment avec enthousiasme, et acquittèrent les droits au tarif.

Dans sa mission à Bressuire, dans ses écrits, le comte d'Orfeuille a fait preuve de patriotisme, énergie, modération, exquise sensibilité. C'en était assez pour commencer la révolution ; mais ces qualités précieuses devaient même devenir un motif de suspicion, lorsqu'en 1792 il fallut faire un nouvel appel aux collèges électoraux.

Les électeurs se réunirent à Saint-Maixent les 2 et 3 septembre, tandis qu'à Paris le sang ruisselait dans les prisons. Souvenir douloureux, impérissable ; affreuses journées qu'il faut voiler d'un crêpe funèbre, puisqu'on ne peut les effacer de l'histoire.

Au collège électoral, le comte d'Orfeuille fut secrétaire du bureau ; mais il ne fut pas réélu administrateur du département. Il n'était plus à la hauteur, il avait été dépassé. Bientôt il sera accusé, incarcéré. Stérile enseignement, et qui n'éclairera pas les imprudents qui, lançant le char des révolutions, sont écrasés avec lui, lorsqu'ils croyaient avoir la force de le guider et de l'arrêter à leur gré.

Le 3 juin 1793, il assiste à la fête célébrée dans la même ville ; il est auprès de l'autel de la patrie, à côté des généraux Dufour et Mieskouski, au moment où ils enferment leurs glaives dans le livre de la loi, et jurent de ne les employer que par la loi et pour la loi.

Nous avons aussi sous les yeux une longue lettre écrite aux membres du conseil général de la commune, par le citoyen d'Orfeuille, directeur de l'hôpital ambulant.

Cet écrit est l'oeuvre d'un véritable apôtre de l'humanité souffrante.

Nous trouvons le nom de M. d'Orfeuille inscrit sur la liste des 344 membres de la Société des Amis de la constitution à Niort. En faisaient partie les principaux marchands, artisans, ouvriers, auxquels étaient mêlés les citoyens Guérin, Jard-Ponailliers, Morisset, Chauvin-Hersaut, Clerc-Lasalle, Robouam, Lecointe-Puyraveau, Morand, qui depuis ont été membres de nos diverses assemblées législatives.

Cette Société avait émis cette opinion :

"L'assemblée nationale, en suspendant de ses fonctions l'infâme Capet-Tonneau, a déclaré qu'il y avait lieu à l'accuser. Là s'arrêtent les droits de l'assemblée, à moins qu'elle ne veuille remplir à la fois les rôles d'accusateur et de juge. C'est au peuple assemblé par section à statuer sur le sort de ce grand coupable."

Il semble que, partout où se trouvera M. d'Orfeuille, on doive encore rencontrer quelques traces de justice et d'humanité, au milieu des écarts les plus affligeants et des époques les plus désastreuses.

Il avait fait également partie de la Société populaire de Saint-Maixent, et c'est lui qui proposa de donner à cette ville le nom de Vauclair-sur-Sèvre. - Le nom de Voltaire venait d'être accordé à la localité de Saint-Loup, arrondissement de Parthenay.

Il est aisé d'apercevoir par quels pressants motifs le comte d'Orfeuille avait fourni certains gages à la révolution. Il nous serait aisé de vous donner ici copie de lettres authentiques que vous croiriez écrites par des hommes cruels, de véritables cannibales, tandis que leurs auteurs étaient vraiment recommandables par leur urbanité, leur douceur, l'aménité de leur caractère. Seulement ils avaient faibli ; et pour sauver leur vie, qu'ils croyaient menacée par suite de leurs antécédents, ils ont cru devoir déposer quelque offrande sur les autels de la peur.

Les montagnards de la petite ville de Saint-Maixent suspectèrent le patriotisme du citoyen d'Orfeuille ; ils le poursuivirent avec violence plusieurs fois, et notamment dans les circonstances suivantes :

Le 18 juillet 1794, M. d'Orfeuille, comme administrateur du département, avait signé un arrêté portant clôture de toutes les églises et chapelles de la ville de Saint-Maixent. Il était expliqué clairement qu'il n'y aurait d'ouverte que l'église de l'abbaye ; que néanmoins, pour cause grave, l'évêque pourrait faire ouvrir une autre église ou chapelle dans laquelle le saint ministère serait exercé par un prêtre assermenté.

Le 28 juillet, à la sollicitation de quelques dames pieuses et traitant d'intrus les prêtres constitutionnels, les citoyens B., S. et d'Orfeuille se rendirent chez l'évêque, et le prièrent de faire ouvrir une chapelle, où madame X... ferait dire la messe par un prêtre non assermenté.

L'évêque refusa ; c'était son droit, même son devoir, puisqu'il avait solennellement juré d'observer et de faire observer la constitution civile du clergé. Mais le prélat ne s'en tint pas à un simple refus ; il voulut prouver son zèle, et il alla dénoncer les citoyens B., S. et d'Orfeuille à la Société populaire. A son tour, la Société dénonça le sieur d'Orfeuille au directoire du département, qui, après un mûr examen, prononça qu'il n'y avait pas lieu à délibérer.

Cette décision, fort inattendue, excite la colère des terroristes ; ils outragèrent M. d'Orfeuille dans une brochure fort menaçante, intitulée : Lessive constitutionnelle et blanchissage complet du directoire des Deux-Sèvres.

M. d'Orfeuille répondit. Voici quelques passages de sa lettre :

"O mes concitoyens, je vous regardais comme mes amis, parce que je suis le vôtre ; vous m'avez vu, vous devez me connaître, et pourtant vous m'avez accusé ! Est-ce là le prix de mes services, de mon dévoûment sans bornes à vos intérêts ? Quoi qu'il en puisse être, la calomnie n'arrêtera pas mon zèle, et je trouverai encore ma récompense dans le bonheur de vous être utile."

M. d'Orfeuille ne déniait pas la visite à l'évêque, mais il assurait n'avoir pas demandé que la messe fût célébrée par un prêtre non assermenté. - Généralement on crut le contraire.

Bientôt la Société populaire le raya de la liste de ses membres. Cette radiation lui inspira des craintes qui furent partagées par MM. A. et T., tous trois écrivirent et signèrent la lettre suivante :

"Vauclair-sur-Sèvre, le 22 septembre 1793.

Frères et Amis,

Le flambeau de la philosophie a brûlé les voiles de la superstition. - La raison triomphe, et vous venez de célébrer sa fête. - Séparés de vous injustement, et exilés dans le séjour de l'aristocratie, nos coeurs saignent de cette séparation. Vos frères sont malheureux ; ils ne sont pas coupables, ne les oubliez pas. Le triomphe de la justice est inséparable de celui de la raison.

Salut et fraternité.

Vos concitoyens,

A., T., D'ORFEUILLE."

Vers le même temps, 85 citoyens avaient été éliminés, et la Société régénérée entendait la lecture du travail d'épuration. Une commission s'était réunie, avait discuté, délibéré ; un rapport avait été arrêté, et on y trouvait un torrent d'injures contre les 85 proscrits ; ils étaient traités de

"Perfides fédéralistes, - lâches aristocrates, - coquins - scélérats, - intrigants royalistes, - méprisables modérés, - brigands voulant anéantir les chauds partisans de la Montagne, - faux patriotes parlant de leurs grandes actions, ignorées de tout le monde et connues d'eux seulement ; - égoïstes effrontés, hypocrites forcenés, voulant laver leur honte dans le sang des esclaves ; - êtres pusillanimes qui n'ont pas compris le divin Marat ; - monstres abhorrés, satellites de la tyrannie."

Malgré cette exaltation frénétique, il y eut peu d'exécutions capitales pour cause politique à déplorer dans les Deux-Sèvres. - Cependant un prêtre insermenté et fugitif périt sur l'échafaud à St-Maixent, tandis qu'un autre ecclésiastique, plus heureux, recevait une généreuse hospitalité donnée par feu Mme Bourdon, appartenant à la religion protestante ! Quel touchant spectacle ! noble confiance de la part du proscrit qui implorait un asile ; humanité, dévoûment, courage à l'accorder ! Que de vertus dans des camps opposés ! Quelle touchante fraternité entre les partisans de deux cultes rivaux !

Ah ! si les hommes séparés par l'orgueil et des opinions hostiles voulaient se rappeler qu'enfants du même Dieu, ils sont frères, ils deviendraient aussitôt justes et bienveillants, et la vie serait douce ou tout au moins consolée, lorsque souvent elle est si amère !! Mais non, l'homme n'a pas de plus grand ennemi que l'homme ! On trouve des abris, des préservatifs ou des dédommagements, en partie réparateurs, s'il s'agit d'inondations, de feu du ciel, de naufrages, de maladies ; mais où trouver un refuge contre l'envie, le crime, l'intrigue ou la calomnie ?

M. d'Orfeuille avait apprécié tout ce que valait Mme Bourdon : elle avait joint, disait-il, la modestie au bienfait, et réalisé cette parole de l'Evangile : Que votre main gauche ignore le bien que votre main droite aura répandu. Il faut aussi le reconnaître, le citoyen d'Orfeuille, alors procureur de la commune, ignorait-il l'asile du proscrit, et n'a-t-il pas aussi quelque part à réclamer dans cette grande et généreuse action ? On sait que les lois de l'époque punissaient de mort les émigrés, les prêtres insermentés et ceux qui leur donnaient asile.

Quelques années plus tard, lorsque les déportés du 18 fructidor passèrent à St-Maixent, le maire fut arrêté par l'adjoint général Guillet, qui commandait l'escorte. "Mais cet acte de violence produisit tant de murmures, que Guillet fut obligé de faire rendre la liberté à ce brave homme. - Le maire avait dit avec sensibilité aux déportés : Messieurs, je prends beaucoup de part à votre malheur, et je vais l'adoucir par tous les moyens qui sont en moi. - Il leur fit donner des rafraîchissements et des journaux."

Certes, M. Girault de Crouzail, qui était alors maire, n'avait pas besoin de prendre conseil pour s'honorer par un acte d'humanité. Néanmoins il est juste de reconnaître qu'au commencement de sa longue et difficile administration, il a dû beaucoup au savoir, à l'expérience de M. d'Orfeuille, qui fut nommé son adjoint sur sa demande.

M. d'Orfeuille n'avait pas émigré : il était noble ; il devint suspect.

Dans la petite ville de St-Maixent, le 17 mars 1794, on comptait 85 détenus, et les notes fournies au comité révolutionnaire étaient ainsi conçues :

DETENUS

1 - ...

3 - Fille d'Orfeuille ..., voit les gens de sa caste, les prêtres insermentés.

14 - Bosquevert, beau-père de d'Orfeuille, a paru triste le jour de la mort du tyran.

38 - Fille Palustre,

39 - Autre fille Palustre, ont manifesté de l'aversion pour la révolution.L

55 - Fr. Palustre (son fils a épousé plus tard Mlle d'Orfeuille), opposé à la révolution.

72 - D'Orfeuille, ami des prêtres et de ceux de sa caste. Le comte d'Orfeuille, arrêté, ne dut sa liberté qu'au dévoûment de sa fille, alors âgée de 14 ans. Seule, sans appui, sans ressources (les biens de son père étant sequestrés), elle se rendit à pied et à la grâce de Dieu à Niort, à Fontenay, auprès des représentants du peuple. Repoussée d'abord, sa constance n'en fut pas abattue ; elle fit un second et un troisième voyage au milieu des difficultés et d'humiliations de plus d'une espèce ; enfin, deux conventionnels, touchés de ses larmes et de ses souffrances, firent ouvrir les portes de la prison de son père.

De 1794 à 1800, quelle fut l'existence de M. d'Orfeuille ?

Souvent et pendant plusieurs mois, il s'absentait ; enfin, à la dernière fois, il revint criblé de blessures : une longue et honorable cicatrice lui partageait la figure en deux parties à peu près égales. L'opinion générale dut qu'il n'avait pas été blessé à l'ombre du drapeau tricolore ; et à cet égard, pour ne laisser aucune incertitudes sur ce point, lui-même écrivait en 1835 :

"J'ai fait six campagnes dans la Vendée ; j'y ai reçu quatorze blessures."

M. Palustre, son gendre, écrit en 1843 :

"M. le comte d'Orfeuille a fait plusieurs campagnes dans les armées royales et catholiques de Charette. C'est là où il a reçu la large blessure dont vous m'entretenez."

En l'année 1800, M. d'Orfeuille, membre du conseil municipal à Saint-Maixent, essaya d'arriver à l'extinction de la mendicité. Ses heureux efforts contribuèrent à la création du bureau de charité. Il fut nommé adjoint au maire, et, en cette qualité, le 15 août 1803, il signe le procès-verbal de la fête donnée en l'honneur du premier consul Bonaparte.

Précédemment il avait accepté la place de bibliothécaire de la ville et d'administrateur de l'hôpital. Il fut l'un des administrateurs du collège de Saint-Maixent ; il présida à plusieurs distributions des prix ; il a donna des couronnes à des élèves qui plus tard devaient fournir une honorable carrière ; dans le nombre nous citerons seulement trois noms : M. Amussat, médecin à Paris, qui chaque jour recule les bornes de la science ; M. Denfert-Rochereau Aristide, inspecteur des académies de Douai et de Toulouse, où il a laissé de si impérissables souvenirs et regrets ; M. Dubois, inspecteur d'académie à Rennes.

Vers 1815, M. Dupin, préfet des Deux-Sèvres, qui avait mission d'opérer un rapprochement entre les partis, se servit avec succès de l'heureuse médiation de M. d'Orfeuille.

La suppression des droits féodaux, le séquestre de ses biens, les dépenses diverses et multipliées nécessitées par sa position un peu exceptionnelle, et aussi sa facilité à obliger, à donner souvent plus que son superflu, furent les principales causes de la perte presque entière d'une fortune qui, en 1789, s'élevait à plus de dix mille livres de rente. - Atteint par l'adversité, mais non vaincu par elle, M. d'Orfeuille voulut mettre à profit les connaissances qu'il avait acquises ; vers 1810, il était régent de quatrième au collège de Thouars, profession qui fut toujours honorable.

L'empire venait de faire place à la restauration. - M. d'Orfeuille fut nommé garde de la porte ; bientôt il suivit Louis XVIII à Gand, revint avec ce prince au mois de juillet 1815, fut retraité comme chef de bataillon le 22 mars 1816, et nommé chevalier de St-Louis.

Vers 1816, paraissait un journal hebdomadaire, appelé le Publiciste. Pour le temps, les principes en étaient assez avancés. Dans un article de fond qui, m'assure-t-on, serait de M. d'Orfeuille, on lisait :

"Autrefois, comme sous l'empire, la gloire militaire marchait la première, et de beaucoup ; comme s'il n'eût pas été aussi honorable de s'appeler Lhospital ou Malesherbes que Turenne ou Villars. Mais, en France, qu'importent servitude et despotisme, si on les cache sous des lauriers ?"

M. le comte d'Orfeuille était franc-maçon ; il avait été vénérable de la loge de l'Humanité, établie à Saint-Maixent. - Pour lui, la franc-maçonnerie était une association d'hommes sages et vertueux, vivant dans une égalité parfaite, unis par les liens de l'estime, et s'excitant entre eux à être justes, bienveillants, charitables.

Dans ses papiers, je trouve des vers écrits par lui, et dont il doit être l'auteur :

 

Le hasard donne l'opulence,

Et la bonté dépend de nous.

Le vrai maçon dans l'abondance

N'en est pas moins affable et doux.

Aimer, accueillir l'infortune,

Etre du pauvre le soutien ;

Compter pour rien

Le rang, la grandeur importune ;

Donner le sien,

Est pour lui le souverain bien.

De 1818 à 1842, M. le comte d'Orfeuille vécut au milieu de sa famille, éloigné des affaires et du monde, dans une profonde solitude, et s'occupant toujours de recherches, d'études scientifiques et littéraires.

Le 3 février 1842 se termina sa longue et laborieuse carrière.

Si la patrie en deuil n'a point de larmes à verser sur la tombe d'un héros, d'un grand citoyen ou d'un homme qui ait reculé les bornes de la science, cependant le pays qui a vu naître M. d'Orfeuille doit s'incliner avec respect, en lui adressant son dernier hommage.

Il porta les armes avec courage ; son administration fut marquée par des actes de modération, d'énergie et d'habileté. Bon, sensible, bienveillant au milieu des passions les plus exaltées, il fut probe et désintéressé dans le maniement de certaines affaires, où d'autres trouvèrent moyen d'acquérir une scandaleuse opulence : il fut grand et généreux, alors même que la fortune infidèle le condamnait à une stricte économie. Savant, spirituel et modeste, il racontait avec grâce, bonhomie, sans prétention aucune. Dans la vie intime, d'une inaltérable douceur ; chez lui, la gaîté, l'enjouement, ne venaient pas de la frivolité, mais d'une conscience ferme, pure et tranquille.

Bulletin de la Société des antiquaires

de l'Ouest et des musées de Poitiers

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