RENNES (35) - LADY TEMPETE ♣ MARIE-MARQUISE-CHARLOTTE-VICTOIRE-ÉMILIE CONEN DE SAINT-LUC (1761 - 1794)
C'est son petit-neveu, le comte Gaston Conen de Saint-Luc, châtelain en 1847 du château du Guilguifin, qui fait connaître la vie de Victoire de Saint-Luc.
En 1905, lors de la construction de l'église, il commande le grand vitrail, du côté de l'autel Sainte-Anne, en mémoire de sa grande-tante montrant l'image du Sacré-Coeur, peinte et brodée par elle et à cause de laquelle elle fut guillotinée le 19 juillet 1794.
Victoire est née et ondoyée, à Rennes, paroisse Saint-Germain, le 27 janvier 1761 de Gilles Conen de Saint-Luc, 37 ans et de Françoise Marie du Bot qui n'avait que 15 ans. Elle était l'aînée de quatre soeurs et deux frères. Elle était d'une nature franche et ouverte, mais volontaire et turbulente.
À l'âge de 9 ans, sa mère la confie aux religieuses de Rennes. Ses débuts au couvent semblent avoir été orageux à en juger par le surnom de « Lady Tempête ». Puis, peu à peu, elle devient plus recueillie, docile...
A 10 ans, elle dit qu'elle veut être religieuse. Son père exige qu'elle attende ses 21 ans avant de quitter la maison paternelle.
CONEN de Saint-Luc Gilles-René
CONEN DE SAINT-LUC gilles-rené , chevalier, est né à Rennes le 28 sept. 1721. Il appartenait à une famille connue dès le XIIIe siècle qui a donné des représentants aux États de Bretagne, des chevaliers de S.-Michel, un prévôt des maréchaux de Bretagne. Il fit ses études au collège des jésuites de sa ville natale et se fit recevoir avocat au parlement de Bretagne.
Le 21 août 1744, il était admis comme conseiller, avec dispense d'âge, sur la démission de M. de Plœuck. Il montra une constante fidélité au roi lors de la lutte des parlements contre le souverain et s'opposa aux mesures contre les jésuites. Lorsque, le 22 mai 1765, la plupart des parlementaires bretons se démirent de leurs fonctions après avoir refusé l'enregistrement des édits bureaux, il était au nombre des douze qui ne voulurent pas les abandonner; il rentra au Palais en 1766, ce qui lui valut les appréciations injurieuses des pamphlétaires du parti opposé et la malveillance de ses collègues qui lui reprochaient d'avoir révélé les secrets de l'ancienne compagnie. Il expose dans un Mémoire au roi les avanies qu'il eut à supporter pour avoir tenu le parlement de 1765 à 1769 et de 1771 à la fin de 1774 et présidé le parlement Maupeou.
Le peuple ne le ménageait pas davantage et des placards injurieux étaient affichés à sa porte. Lors du rétablissement des parlements sous Louis XVI, Saint-Luc se démit de sa charge, obtint une modeste pension de 2 000 livres et se retira en son château du Bot, près de Brest, qui lui venait de sa femme, Françoise-Marie Du Bot.
Au moment de la Révolution, il était suspect pour de multiples raisons, accusé d'hostilité à l'égard de l'évêque constitutionnel, Expilly, et soupçonné, non sans raison, de cacher des prêtres réfractaires. Il fut emprisonné à Quimper, libéré mais mis en surveillance avec les siens. Sa fille, Marie-Marquise-Charlotte-Victoire-Émilie, était venue les rejoindre.
Celle-ci, née à Rennes, le 27 janvier 1761, n'avait reçu ses prénoms au baptême que le 12 février 1766.
Élevée chez les visitandines, elle entra chez les religieuses de la maison de retraite de Quimper où elle fit sa consécration le 2 février 1782. Elle rejeta la Constitution civile du clergé et écrivit à l'abbé Le Coz après son élection à l'évêché constitutionnel d'Ille-et-Vilaine pour tenter de le ramener à l'orthodoxie. Sa maison religieuse ayant été fermée, elle profita de l'hospitalité des bénédictines du Calvaire et dut ensuite retourner chez ses parents. Elle avait quelque talent de peinture et on conserve plusieurs portraits peints par elle, quelques-uns faits dans la prison.
Pratiquant la dévotion au Sacré-Cœur, elle en avait peint des images et des insignes comme ceux que portaient beaucoup des insurgés Vendéens.
Le 10 oct. 1793, le président, sa femme et sa fille furent arrêtés et conduits à la prison de Carhaix et, de là, à Quimper, puis, séparément, à Paris où, leur dossier ayant été envoyé au tribunal révolutionnaire, ils se retrouvèrent à la Conciergerie.
Le 1er thermidor an II (19 juillet 1794), Saint-Luc, sa femme et sa fille comparurent devant le tribunal révolutionnaire et furent condamnés à mort comme ennemis du peuple, ayant secondé la révolte des brigands de Vendée et le fanatisme. Victoire demanda à être exécutée la première, disant à ses parents : " Vous m'avez appris à vivre; avec la grâce de Dieu, je vais vous apprendre à mourir. " Sa béatification a été envisagée avec celle des autres victimes religieuses de la Révolution.
Les Conen de Saint-Luc avaient deux fils, Athanase et Ange. Ce dernier, né à Rennes le 23 juillet 1767, était entré à l'armée et avait obtenu vers 1786 une sous-Lieutenance au régiment des Deux-Ponts. Il s'était quelque peu laissé entraîner à apprécier favorablement ce "beau siècle de lumières". Au printemps de 1789, il était en congé au Bot; il retourna en mai à Sarreguemines qu'il appelle un pays maudit et le début de la Révolution modifia profondément ses idées antérieures. Rentré dans sa famille, il émigra en août 1791, fit partie de l'expédition de Quiberon et, après un jugement sommaire, fut exécuté le 13 thermidor an III.
http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6507351x.r=terreur.langFR