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La Maraîchine Normande
10 mai 2012

VOILA LES BRIGANDS !

Les massacreurs des colonnes infernales tremblaient dans leurs culottes au seul cri de "voilà les Brigands !"

 

CHOUANS 4

 

Je me rappelle que lorsque j'étais tout enfant et que ma bonne tante, jadis confidente des survivants de la Grande Guerre, nous racontait à son tour les histoires merveilleuses - et souvent terribles - dont elle nous régalait aux veillées de famille, je frissonnais malgré moi, des pieds à la tête, chaque fois que revenait au cours du récit le cri légendaire de "voilà les Bleus !" ... qui m'annonçait toujours un nouveau massacre et de nouvelles horreurs ! ...

 

Que de fois il a retenti, ce cri lugubre, aux oreilles de nos grand'mères ... et quel émouvant spectacle présentaient alors ces troupes de femmes sans défense, de vieillards et de pauvres petits enfants, fuyant éperdus devant ces colonnes vraiment infernales, composées de monstres altérés de sang auxquels la Convention avait donné pour mot d'ordre d'exterminer tout ce qui respirait sur le sol de la Vendée ! ...

 

Mais si les monstres en question avaient le triste courage de s'attaquer aux femmes et d'embrocher les petits enfants tout vivants au bout de leur baïonnettes, ils s'empressaient eux-mêmes de prendre la fuite et déguerpissaient lâchement dès qu'ils se trouvaient en face des soldats vendéens qui tenaient encore la campagne. A la seule idée qu'ils allaient rencontrer les Brigands - car c'est ainsi que ces bandits avaient le toupet d'appeler nos pères ! - ils tremblaient comme la feuille, et le simple cri de "voilà les Brigands !" suffisait pour jeter la panique dans leurs rangs.

 

A l'appui de ce que j'avance, il me suffira d'évoquer le témoignage plusieurs fois répété de l'un de leurs chefs, l'adjudant général Dusirat, dont la correspondance officielle a été reproduite par l'historien républicain Savary dans ses Guerres des Vendéens et des Chouans, et qui adressait presque tous les jours à Turreau, général en chef des colonnes infernales, des plaintes dans le genre de celle-ci :

 

"On ne se fait pas d'idée des ressources que les cantons de Trémentines, Gonnord, Chemillé, Jallais et Beaupréau offrent encore aux brigands. Une division de la force de celle que je commande ne peut y passer que très rapidement. Si elle y séjournait quelque temps, elle serait bientôt assaillie par des rassemblements assez considérables pour intimider et mettre en déroute des soldats ennuyés de la guerre de la Vendée, et qui d'ailleurs craignent les brigands au delà de toute expression. La crainte de tomber entre leurs mains inspire plus de terreur encore que le sifflement de leurs balles bien ajustées". (Lettre datée du 18 avril 1794 : Savary, Guerres des Vendéens et des Chouans, t. III, p. 416)

 

"Je te parle vrai, citoyen général, le cri de "voilà les Brigands !" inspire une telle terreur à nos soldats, que, même à Saint-Florent, derrière des retranchements, on éprouve l'effet de ces termes magiques, et je puis t'assurer que s'il est quelque lieu au monde où la terreur soit à l'ordre du jour, c'est à Saint-Florent, et dans quelques bataillons de ma colonne. Si hier mes trois mille cinq cents hommes eussent voulu se battre, il ne serait peut-être plus question de Stofflet et de sa bande." (Lettre datée du 25 avril 1794 : Guerres des Vendéens et des Chouans, t. III, p. 432)

 

Rien ne me serait plus facile que de multiplier les témoignages, et toujours à l'aide de la correspondance officielle de ce même adjudant-général Dusirat ; mais en voilà assez, il me semble, pour montrer que les massacreurs des colonnes infernales n'étaient pas seulement d'ignobles bandits, mais encore des lâches fieffés, et que si le cri de "voilà les Bleus !" remplissait à bon endroit de terreur nos pauvres grand'mères, celui de "voilà les Brigands !" suffisait à faire trembler dans leurs culottes les couards assassins que nos pères étaient toujours forcés de tirer au déboulé comme des lapins, et sans pouvoir viser autre chose que le ... derrière !

 

Je n'ai pas besoin d'ajouter que je n'entends nullement confondre ici les soldats de Turreau et de ses lieutenants des colonnes infernales avec ceux de Marceau et de Kléber. Comme leurs chefs, ces derniers étaient de vrais soldats, dans toute l'acceptation du mot, braves et humains pour la plupart : les autres furent de simples monstres, indignes même du nom de bourreaux !

 

Henri du Bocage

La Vendée Historique

1900

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Commentaires
S
Merci, Angelo, pour tes encouragements !
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A
Tu as fait un blog du plus haut intérêt par toutes ces anecdotes sublimes et qu'on ne trouvait pas facilement "de mon temps". Les publications d'Henri Bourgeois, bien qu'appartenant en son temps "aux légendaires", vieille querelle centenaire avec les "scientifiques", sont toutes à prendre avec beaucoup d'intérêt car issus de témoignages oraux perdus aujourd'hui.
Répondre
La Maraîchine Normande
  • EN MÉMOIRE DU ROI LOUIS XVI, DE LA REINE MARIE-ANTOINETTE ET DE LA FAMILLE ROYALE ; EN MÉMOIRE DES BRIGANDS ET DES CHOUANS ; EN MÉMOIRE DES HOMMES, FEMMES, VIEILLARDS, ENFANTS ASSASSINÉS, NOYÉS, GUILLOTINÉS, DÉPORTÉS ET MASSACRÉS ... PAR LA RIPOUBLIFRIC
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