PAROLE DE VENDEENNE

Ecoutez cette parole d'une Vendéenne de la Vendée Angevine :

Joseph Brûlé, de la paroisse de la Pommeraye-sur-Loire, servait en qualité de canonnier dans l'armée vendéenne. Il fut tué à l'attaque de Nantes, le 29 juin 1793, sur la pièce dont il avait la garde.

Lorsque les volontaires de la Pommeraye regagnèrent leur paroisse après l'échec de la Grande-Armée, toutes les femmes se portèrent à leur rencontre. Parmi elles, se trouvait Marie Brûlé, soeur du jeune canonnier.

Ne voyant point son frère, la jeune fille, anxieuse, s'adressa à M. Martin-Bodinière, officier de la paroisse, et lui demanda ce qu'était devenu Joseph. L'officier interrogé gardant un morne silence et détournant la tête comme s'il n'eût point entendu, Marie Brûlé comprit tout de suite l'étendue de son malheur et éclata en sanglots : "Ah ! mon pauvre Joseph, s'écria-t-elle, je ne te reverrai plus !"

Mais aussitôt, séchant ses larmes et s'adressant de nouveau à M. Martin-Bodinière :

- Au moins, est-il mort en brave ?

- Oh ! oui, et comme un brave entre tous les braves !

- Oh ! alors, Monsieur, je m'en vais bien vite à l'église pour remercier le bon Dieu !

C'est M. Martin-Bodinière lui-même qui nous a conservé cette admirable exclamation. L'historien Théodore Muret, auquel j'emprunte l'anecdote, et qui la tenait directement de l'interlocuteur de Marie Brûlé, ajoute simplement et je me borne à ajouter avec lui : "Quelle sublime élévation de sentiments dans cette simple paysanne ! Quel peuple que celui de la Vendée !"

René Martin

La Vendée Historique

1900