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La Maraîchine Normande
9 mai 2012

PIERRE LUMEAU ... où les Bleus ne voyaient vraiment que leur intérêt ...

 

Pierre Lumeau était meunier à la Marionnière de Saint-Hilaire-de-Loulay. Les Bleus de Montaigu avaient réquisitionné son moulin sur la Maine : il ne devait moudre que pour eux. Défense de travailler pour les gens du pays !

Or, Pierre Lumeau travaillait le jour pour les Bleus, et la nuit pour ses voisins. Un mouchard le dénonça. Une nuit, les Bleus soudain arrivèrent. Le meunier était pris sur le fait !

- Ton compte est bon, lui dit l'officier. Sors d'ici, on va te fusiller séance tenante.

- Si vous voulez, répondit Lumeau en se grattant la tête. Pourtant, si vous n'étiez pas trop pressés ... J'ai tendu mes filets sur la rivière, en bas. Attendez donc, je vais aller voir s'il y a du poisson. C'est vous qui le mangerez.

- Bon ! alors, allons voir.

- Non ! écoutez : l'endroit est dangereux ; et il ne fait pas clair ; il vaut mieux que j'y aille seul ...

Abbé BILLAUD

Bulletin paroissial

Saint-Jean-de-Monts

1948

 

Suite ...

 

Pierre Lumeau descend à la rivière. Les bleus, fusils en joue, le tiennent à l'oeil. Il arrive en bas, inspecte ses filets :

- Alors, il y a quelque chose ?

- Non rien !

- Tant pis ! dépêche-soi à remonter.

- Tout de suite !

Et, ce disant, le meunier fait un bond de côté, et disparaît derrière un buisson. Les bleus jurent ! sept coups de feu claquent. Peine perdue : Pierre Lumeau s'est défilé !

Le lendemain soir, à la nuit tombée, il revient à pas de loup, à son moulin. Hélas ! Il n'est plus que ruines et cendres ! Les Bleus, qu'il a roulés, se sont vengés ! Ils ont emmené aussi son père, sa soeur et deux de ses frères. Il ne les reverra plus jamais !

Pierre, le coeur gonflé de tristesse et de colère, est debout dans le vallon silencieux ... et lugubre ! Aucun bruit autour de lui, si ce n'est le chant de l'eau sur la chaussée de l'écluse. Cette eau l'attire, il descend sur ses bords.

Quelle est cette masse sombre qui flotte à la surface ? Serait-ce le corps de l'un des siens ? Avec une perche, un croc, Pierre tire à terre le cadavre déjà gonflé. Malgré l'obscurité, il le reconnaît : c'est le pauvre M. Poulain, curé de Saint-Nicolas-de-Montaigu, que les Bleus ont récemment fusillé sur le pont de la Maine et jeté dans la rivière !

Pierre Lumeau chargea le corps sur ses épaules, traversa la chaussée bruissante, et porta son fardeau dans "la prée" de la Lande, de l'autre côté de la rivière. C'est là que, tout seul, en pleine nuit, en cachette, il enterra le bon prêtre.

Puis, il revint à son moulin. Ils s'assit sur une pierre calcinée, et longuement, il pleura !

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