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La Maraîchine Normande
6 mai 2012

A LA MANCELLIERE ...

A LA MANCELLIERE ...

 

 

 

A la Mancellière de Saint-André-Goule-d'Oie, deux prêtres se cachaient : l'abbé Lucas et l'abbé Marchand. Leur refuge était situé dans un petit grenier au-dessus de la buanderie, tout près du toit aux porcs. Le fermier de la Mancellière s'appelait Allain. Quand les Bleus rôdaient trop près ou étaient dans la maison - et cela arrivait souvent car ils se défiaient de quelque chose - la femme Allain s'en allait avec un grand chaudron donner la "brenée" aux cochons. Son petit gars Jean-Baptiste l'accompagnait. Lestement, il grimpait et portait leur repas aux deux reclus.

Un jour ...

 

Un jour que l'abbé Lucas s'était éloigné un peu de la Mancellière pour remplir son ministère, il fut pris par les Bleus et emmené à Nantes. Il avait pour compagnons de voyage les deux Rochelet, père et fils, de Chavagnes-en-Paillers. Vers Montaigu, l'abbé Lucas fut reconnu par son propre frère qui était un révolutionnaire forcené.

- Ah te voilà, cria le misérable ! tu es pris, enfin ! Ce n'est pas trop tôt. Citoyen, dit-il à l'officier républicain, qu'attendez-vous pour fusiller tout ce monde-là ? Il en restera toujours trop !

Il suivit le cortège jusqu'à Nantes. Chemin faisant il ne cessait d'insulter son frère :

- Je vais aller te voir noyer ! Si tu savais quel plaisir ça me fait ! Ah tu mariais les autres ; eh bien, je vais te marier, moi à mon tour ! tu verras comme c'est joli !

Le misérable faisait allusion à la coutume des Bleus d'attacher leurs victimes, deux à deux, le plus souvent un homme et une femme, un prêtre et une religieuse, avant de les jeter à la Loire ! C'est ce que les bourreaux appelaient des "mariages républicains" !

Ces détails ont été rapportés par le fils Rochelet qui réussit à s'échapper.

Une fois à Nantes, le frère de l'abbé Lucas se fit son accusateur et son bourreau. L'abbé fut condamné, avec le père Rochelet, à la guillotine. Son frère était là, place du Bouffay. Il tint absolument à aider les bourreaux qui attachaient le prêtre sur la planche fatale. Les bourreaux eux-mêmes n'en revenaient pas !

- Mais, citoyen, c'est ton frère !

- Justement, c'est mon frère. Je ne veux pas qu'il meure d'une autre main que de la mienne !

Et il fit tomber le couperet lui-même !

 

 

 

L'abbé Marchand continua à se cacher à la Mancellière. Un jour, une bande de Bleus passa. Les habitants s'étaient enfuis. Mais le petit Jean-Baptiste fut pris. - "Celui-là paiera pour les autres", ricanèrent les Bleus.

Jean-Baptiste se vit perdu. Il fit son acte de contrition. Un soldat appuya le canon de son fusil sur la tempe de l'enfant. Le coup ne partit pas. Avec un jurement, le soldat rechargea son arme. Une seconde fois, il tire : le fusil rata encore ! Un autre soldat arrive ; il mit à son tour l'enfant en joue à bout portant. Jean-Baptiste, les mains jointes, les yeux au ciel, faisait sa prière. Une 3ème fois, le bourreau appuya sur la gâchette : l'amorce ne brûla pas !

Alors les soldats lui dirent en jurant : "Petit Brigand, sauve-toi" ! Et Jean-Baptiste sans se le faire répéter prit ses jambes à son cou ! Dieu l'avait miraculeusement gardé.

C'est qu'il voulait faire de lui son prêtre. Quand la persécution fut passée, celui qui avait si souvent servi la messe dans le grenier de la Mancellière, dit la messe à son tour. Il fut vicaire à la Bruffière, et mourut à Saint-Hilaire-de-Loulay. Son corps fut inhumé à la Rabatelière.

 

 Abbé BILLAUD

Bulletin Paroissial - Saint-Jean-de-Monts - 1948

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