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La Maraîchine Normande
19 avril 2012

ECHOS DE 93

ECHOS DE 93

C'est à l'aide de trois témoignages révolutionnaires, en effet, qu'il vous sera démontré :

1) que les Vendéens étaient braves ;

2) que leurs adversaires, sauf de rares exceptions, étaient des bandits ;

3) que la générosité des Vendéens, n'avait d'égale que l'ignominie de leurs bourreaux.

 

Au lendemain du désastre de la Grande-Armée à Savenay, le général Beaupuy s'empressait d'écrire au représentant du peuple Merlin de Thionville pour lui annoncer la défaite des "Brigands". Sa lettre, datée du 25 décembre 1793, et écrite sous l'impression du terrible drame qui venait de se passer, est peut-être le plus beau témoignage qui ait jamais été donné de la bravoure de ces "géants" qui, depuis neuf mois, faisaient trembler la république, devant laquelle tremblait l'Europe coalisée. Ce document que les historiens révolutionnaires ont bien soin de passer sous silence, ou tout au moins de tronquer, suivant leur habitude chaque fois qu'ils se trouvent en présence d'un témoignage qui les gêne. -

Voici ce qu'écrivait Beaupuy :

Enfin, enfin mon cher Merlin, elle n'est plus, cette armée royale ou catholique, comme tu voudras ; j'en ai vu, avec tes collègues Prieur et Turreau, les débris consistant en cent cinquante cavaliers battant l'eau dans les maris de Montoir ; et comme tu connais ma véracité, tu peux dire avec assurance que les deux combats de Savenay ont mit fin à la guerre de la nouvelle Vendée et aux chimériques espérances des Royalistes.

L'histoire ne nous présente point de combat dont les suites aient été plus décisives. Ah ! mon brave, comme tu aurais joui ! Quelle attaque ! Mais quelle déroute aussi ! Il fallait les voir, ces soldats de Jésus, se jetant dans les marais, ou obligés de se rendre par cinq ou six cents à la fois, et Laugrenière pris, et les autres généraux dispersés et aux abois !

Cette armée, dont tu avais vu les restes de la terrasse de Saint-Florent, était redevenue formidable par son recrutement dans les départements envahis. Je les ai bien vus, bien examinés ; j'ai reconnu même de mes figures de Cholet et de Laval ; et à leur contenance et à leur mine, je t'assure qu'il ne manquait du soldat que l'habit. Des troupes qui ont battu de tels Français peuvent se flatter aussi de vaincre des peuples assez lâches pour se réunir contre un seul, et encore pour la cause des rois.

Enfin, je ne sais si je me trompe, mais cette guerre de paysans, de brigands, sur laquelle on a jeté tant de ridicule, que l'on dédaignait, que l'on affectait de regarder comme si méprisable, m'a toujours paru pour la république la grande partie ; et il me semble à présent qu'avec nos autres ennemis nous ne ferons plus que peloter.

 

Après le révolutionnaire témoignant de la bravoure des Vendéens, voici le révolutionnaire témoignant de la férocité de leurs bourreaux. - Ce même jour, 25 décembre 1793, Westermann écrivait au Comité de salut public :

 

Westermann

 Il n'y a plus de Vendée, citoyens républicains. Elle est morte sous notre sabre libre, avec ses femmes et ses enfants. Je viens de l'enterrer dans les marais et dans les bois de Savenay. Suivant les ordres que vous m'aviez donnés, j'ai écrasé les enfants sous les pieds des chevaux, massacré les femmes, qui, au moins pour celles-là, n'enfanteront plus de brigands. Je n'ai pas un prisonnier à me reprocher .... Les routes sont semées de cadavres. Il y en a tant que, sur plusieurs endroits, ils font pyramide. On fusille sans cesse à Savenay ; car à chaque instant il arrive des Brigands qui prétendent se rendre prisonniers. Kléber et Marceau ne sont pas là : nous ne faisons pas de prisonniers ; il faudrait leur donner le pain de la liberté, et LA PITIE N'EST PAS REVOLUTIONNAIRE.

 

Tous les généraux républicains n'étaient pas des Westermann. Personne n'aura l'idée, par exemple, de confondre avec ce massacreur des soldats tels que Kléber et Marceau, qui furent sans doute, eux aussi, les adversaires acharnés des Vendéens, mais qui n'en étaient pas moins des héros au courage et à l'humanité desquels tous nos historiens ont tenu à rendre hommage. Ce sera l'éternel honneur de ces deux généraux, soldats égarés au milieu d'un état-major de bandits, que d'avoir inspiré cette phrase caractéristique qui n'était qu'une dénonciation mal déguisée sous la plue de leur collègue : "Kléber et Marceau ne sont pas là : nous ne faisons pas de prisonniers". - Dénonciation qui devait porter ses fruits, car Kléber et Marceau furent immédiatement mis en disgrâce ... pour cause d'humanité !

Tout de même, ces exceptions étaient rares, et les Kléber et les Marceau se comptent au milieu de la foule d'assassins qui déshonoraient alors les armées de la république. Presque tous les autres, généraux ou représentants en mission, méritent assuréement d'être cloués au même pilori que Westermann. Tel ce trop fameux Merlin de Thionville - le correspondant de Beaupuy - dont le témoignage va maintenant servir à démontrer que la générosité des Vendéens n'avait d'égale que l'ignominie de leurs bourreaux.

 

 

Marceau

Kléber

 

Tout le monde connaît le touchant épisode des cinq mille prisonniers républicains de Saint-Florent, si généreusement graciés à la demande de Bonchamps mourant. Quelques historiens sectaires ont bien essayé de faire disparaître de nos annales cette belle page, l'une des plus belles que nous offre l'histoire de la Vendée militaire, mais ils en ont été pour leur courte honte. Aucun témoignage n'est plus catégorique sur ce point, que celui du représentant en mission Merlin de Thionville, arrivé sur les lieux aussitôt après le passage de la Loire par l'armée vendéenne. Voici ce qu'il écrivait au Comité de salut public, à la date du 19 Octobre 1793 :

J'arrive avec Boursault et quelques troupes, mais j'arrive trop tard, pour noyer les débris des brigands. Cette armée du Pape, qui nous fait tant de mal et que l'on n'a pas poursuivie avec une activité assez révolutionnaire, nous échappe encore ; mais elle n'a plus de chefs ! Lescure agonise. D'Elbée est blessé à mort. Bonchamps n'a plus que quelques heures à vivre.

Ces lâches ennemis de la nation ont, à ce qui se dit ici, épargné plus de quatre mille des nôtres, qu'ils tenaient prisonniers. Le fait est vrai, car je le tiens de la bouche de plusieurs d'entre eux. Quelques-uns se laissaient toucher par ce fait d'incroyable hypocrisie. Je les ai pérorés, et ils ont bientôt compris qu'ils ne devaient aucune reconnaissance aux brigands. Mais comme la nation n'est pas encore à la hauteur de nos sentiments patriotiques, vous agirez sagement en ne soufflant pas mot sur une pareille indignité. Des hommes libres accepter la vie de la main des esclaves ! Ce n'est pas révolutionnaire. Il faut donc ensevelir dans l'oubli cette maheureuse action. N'en parlez pas même à la Convention. LES BRIGANDS N'ONT PAS LE TEMPS D'ECRIRE OU DE FAIRE DES JOURNAUX ; CELA S'OUBLIERA COMME TANT D'AUTRES CHOSES.

 

En présence d'un pareil témoignage, aussi formel que cyniquement hypocrite, tous les honnêtes gens comprendront qu'on éprouve un légitime orgueil à se dire descendant des compagnons de Bonchamps, et qu'on soit quelque peu en droit de marcher la tête haute, en regardant bien en face ceux qui se font les panégyristes de gredins tels que ce Merlin de Thionville !

M. Chassin, qui défend le boucher Westermann, n'hésite pas davantage à défendre l'hypocrite Merlin, qu'il appelle "l'un des types les plus héroïques parmi les représentants en mission" pendant la Terreur. Il est vrai que cet hypocrite, qui aimait à se trouver toujours du côté du manche, ayant retourné sa veste après le 9 thermidor, le compilateur de la Vendée Patriote le lâche aussitôt et ajoute qu'"il joua, dans la réaction thermidorienne, un rôle des plus tristes" ! Cette dernière affirmation est, d'ailleurs, parfaitement exacte, mais que dites-vous de M. Chassin - admirateur des Westermann et des Merlin - tant qu'ils sont les exécuteurs impitoyables des basses oeuvres de la Terreur ? ... Que dites-vous, également, des naïfs badauds de l'école prétendue "documentaire", qui n'ont pas la bouche assez grande pour donner du "distingué" et de "l'éminent" à ce panégyriste des bourreaux de la Vendée ? ...

 

Henri du Bocage

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