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La Maraîchine Normande
19 avril 2012

1793 - UN CHIEN DEVANT LA JUSTICE A L'EPOQUE DE LA TERREUR

Un chien devant la justice à l'époque de la Terreur

Où l'on verra que si les hommes de la Révolution étaient des monstres sanguinaires, ils furent bêtement ridicules par-dessus le marché.

Au nom de la liberté et de la fraternité, les tribunaux révolutionnaires, à l'époque de la Terreur, ne se bornaient point à livrer pêle-mêle au bourreau une foule d'innocents, hommes, femmes et enfants : au nom de l'égalité sans doute, ils s'en prenaient aux animaux eux-mêmes.

TRIBUNAL REVOLUTIONNAIRE

Trouvé dans le Journal d'un bourgeois de Paris pendant la Terreur, de M. Edmond Biré :

"Samedi 23 novembre 1793

Le 10 de ce mois, la Convention nationale applaudissait avec transport à ces paroles de l'orateur du département, le citoyen Dufourney : "La race humaine est enfin régénérée ; le fanatisme et la superstition ont disparu : la raison seule a des autels."

Or, voici ce qui vient de se passer dans cette ville où la raison seule a des autels.

Dimanche dernier, un invalide, ancien recruteur, nommé Saint-Prix, a comparu devant le tribunal révolutionnaire. Il était accusé de professer des opinions anticiviques ; on lui reprochait notamment d'avoir, il y a environ neuf mois, répondu à une citoyenne qui lui demandait s'il montait sa garde : Je ne suis pas fait pour monter avec les gueux et les scélérats ... J'aime mieux l'ancien régime que le nouveau. Ce qui aggravait son cas, c'est qu'il avait un complice. Ce dernier l'avertissait des visites qu'il pouvait avoir intérêt à ne pas recevoir, lui signalait à temps les inconnus qui voulaient pénétrer chez lui ; il alla même un jour jusqu'à mordre les mollets d'un porteur de garde :

Rien que la mort n'était capable

D'expier ce forfait.

On le fit bien voir à Saint-Prix et à son complice, lequel n'était autre que son chien.

L'invalide et son chien ont été condamnés tous les deux à la peine de mort."

Le 18 novembre, tandis que Saint-Prix était guillotiné sur la place de la révolution, la partie de l'arrêt du tribunal concernant le malheureux chien recevait également son exécution. Procès-verbal en bonne et due forme était également dressé, ainsi qu'il appert de la pièce suivante :

 

Section des Tuileries             Du 28 brumaire, l'an

Comité                                     deuxième de la république

de Surveillance                       française,

révolutionnaire                       une et indivisible

 

A Fouquier-Tinville, accusateur public,

Nous avons, au reçu du jugement du tribunal révolutionnaire qui condamne Saint-Prix à la peine de mort et ordonne que son chien soit assommé ; fait procéder à l'exécution de cette dernière partie du jugement.

Nous t'envoyons le procès-verbal dressé à ce sujet ; nous te prions de faire rembourser les frais qui ont été déboursés.

Signé : LAVILLETTE et CHARVET

 

Voir la teneur du procès-verbal :

Au nom de la loi,

Ce jourd'hui, vingt-huit brumaire, l'an deuxième de la république française, une et indivisible. (18 novembre 1793)

En vertu d'un jugement rendu par le tribunal révolutionnaire établi par la loi du 4 mars, qui condamne le nommé Prix, dit Saint-Prix, portant peine de mort, également par ledit jugement que le chien dudit Saint-Prix serait assommé, que ledit tribunal ayant envoyé les ordres en conséquence au comité de surveillance de la section des Tuileries. Ledit comité désirant faire mettre à exécution ledit ordre, et en vertu de l'arrêté dudit comité, nous nous sommes transportés, nous Claude-Charles George, commissaire dudit comité, accompagné du citoyen Pierre-Louis Hosteaux, inspecteur de police, dans une maison appelée le Combat du Taureau, tenue par le citoyen Maclart, où, étant, nous avons trouvé la citoyenne Maclart, et, après avoir exhibé l'ordre dont nous sommes porteurs, en l'invitant de nous représenter ledit chien mentionné ci-dessus, à quoi elle s'est soumise. Nous avons de suite requis le citoyen Bonneau, sergent de la section des Arcis, de garde au poste du Combat, pour être présent à l'exécution dudit ordre ; nous avons, au désir dudit tribunal, assommé en sa présence le chien susdésigné.

De tout ce que dessus avons dressé procès-verbal, après en avoir donné lecture en présence des personnes sus-désignées, qui l'ont reconnu véritable et ont signé avec nous : BONNEAU, sergent de poste ; femme MACLART ; GEORGE, commissaire ; HOSTEAUX.

Et maintenant, comment ne pas répéter, après Dufourny : "La race humaine est enfin régénérée : le fanatisme et la superstition ont disparu : la raison seule a des autels ?"

Les hommes de la révolution furent des monstres sanguinaires : combien bêtement ridicules par-dessus le marché !

Et dire que ces sinistres fantoches ont trouvé des panégyristes ! ... et que ces panégyristes osent tourner en dérision la bêtise des Vendéens de 93 !

LE CHERCHEUR

La Vendée Historique 1902

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