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La Maraîchine Normande
14 avril 2012

L'AFFREUX SUPPLICE DE MADAME JOUFFRION

L'affreux supplice de Madame Jouffrion

 

Capture plein écran 02032012 174619

Madame Jouffrion était la veuve d'un commissaire civil vendéen guillotiné à Fontenay , la

belle-sœur d'un brave officier tué au combat de Saînt-Philbert-du-Pont-Charron, le 25 juillet 1793,

avec Sapinaud de la Verrie.

Dans l'invasion des colonnes infernales, madame Jouffrion se tenait

cachée aux environs du Pont-Charron, Un four était son asile. Là, une fidèle domestique, comme

il y en eut tant parmi les Vendéennes, lui apportait chaque jour la meilleure nourriture qu'elle pouvait

lui procurer. Mais un détachement passe dans cet endroit. Conduit vers sa proie par l'instinct du

mal, un soldat se dirige vers le four, il l'ouvre, il découvre madame Jouffrion, et plein d'une joie

féroce :

 

— Venez donc, dit-il à ses compagnons, venez

voir le gibier dont j'ai trouvé le nid !

 

Tous accourent, tous applaudissent avec d'affreuses

plaisanteries. La malheureuse femme espère

attendrir le sergent qui commandait la troupe.

 

« —Citoyen, » lui dit-elle, « faites-moi grâce ; je

» ne suis qu'une pauvre femme incapable de nuire

» à la République : j'ai un fils et une fille en bas

» âge, ils mourraient sans moi : vous leur avez ôté

» leur père , laissez-leur au moins leur mère. Je

» vous en supplie, citoyen ; au nom de Dieu, grâce !

» grâce ! Ah! laissez-moi dans ma cache !

 

— Eh bien ! oui, nous t'y laisserons, répond le

sergent.

 

Puis, refermant le four :

 

— Allons, dit-il à ses soldats, laissons là cette

pauvre brigande.

 

Les soldats ne pouvaient en croire leurs oreilles , car ce sergent n'était pas coutumier d'humanité.

Madame Jouffrion le bénissait et se croyait sauvée.

 

Mais cette pitié apparente n'était qu'une féroce ironie. Un moment après, le sergent revient avec

ses hommes, apportant des fagots. Il rouvre la cache, il y trouve madame Jouffrion à genoux, son

chapelet à la main. Il ordonne de jeter les fagots dans le four. La malheureuse comprend alors pour

quelle mort on l'a gardée. Elle implore ces cannibales avec des angoisses déchirantes.

 

— Ah ! s'écriait-elle , vous m'aviez fait grâce,

mes bons messieurs ; pourquoi vous en repentir ?

J'aurais prié pour vous avec mes enfans, mes pau-

vres enfans !

 

Mais le sergent avait battu le briquet ; avec un

bouchon de paille il mettait le feu au bois.

 

— Citoyenne, disait-il , tu m'avais demandé de

te laisser là-dedans ; je t'y ai laissée , de quoi te

plains-tu ?

 

Et il alluma sa pipe au four déjà tout enflammé.

 

Madame Jouffrion cessa de demander grâce à ce monstre et se mit à prier Dieu. Bientôt, pressée

par l'excès de la souffrance, elle tenta de s'élancer dehors : les Bleus la repoussèrent avec leurs baïon-

nettes, en riant et en disant :

 

— Restes-y, puisque tu nous as demandé de t'y

laisser.

 

La martyre, rejetée dans la fournaise, s'y roula, s'y tordit. Cependant elle priait toujours, elle

chantait des cantiques, en y mêlant le cri de : Vive le Roi! et les noms de ses enfans, Louis et Marie-

Julie. Les Bleus restèrent là, savourant l'agonie de leur victime, jusqu'au moment où s'éteignit sa

voix. Alors , ils s'en furent conter leur farce à la garnison de Chantonnay. Des paysans entendirent

l'horrible histoire de la bouche de l'un des Bleus ;

 le lendemain, ils allèrent au four; ils n'y trouvèrent qu'un peu de cendre, des débris d'ossemens calcinés,

qu'ils enterrèrent avec respect non loin de là.

Ce n'est pas seulement cette partie de la Vendée qui vit ce raffinement d'atrocité. Champtoceaux, sur

les bords de la Loire, garde la mémoire d'un épouvantable holocauste. Une trentaine de personnes,

la plupart femmes et enfans, s'étaient cachées dans une cave, près du bourg. Elles y furent décou-

vertes : les républicains entassèrent du bois devant l'orifice, les victimes furent asphyxiées ou brûlées.

Il échappa un seul enfant, que sa mère, par un mouvement désespéré , jeta hors du souterrain ,

au moment où l'on allumait le feu.

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Commentaires
S
Merci beaucoup Artarit pour cet éclaircissement et pour toutes les informations que vous apportez à ce triste épisode.
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A
Marie Madeleine Joséphine Mingaud (Réaumur, 85, 7 juillet 1744 - Fontenay-le-Peuple, 5 germinal an II, 25 mars 1794 - enregistré le 12 brumaire an III). Elle et son mari (Jean Marie Jouffrion du Vergier, ex-sénéchal de Bazoges-en-Pareds, commissaire de l'armée catholique et royale) ne suivent pas les Vendéens outre-Loire, ils se cachent à Vouvant, où ils sont découverts par la garde nationale, dans une métairie leur appartenant, le 2 février 1794. Elle s'était cachée dans un four. Mais le four ne fut pas allumé et elle et son mari furent conduits à Fontenay. J-M. Jouffrion est condamné à mort par la commission militaire et exécuté le 8 ventôse (26 février 1794), s'écriant : "Vive le roi, vive la religion ! " Elle est maintenue en prison pour supplément d'information. Elle y meurt, comme tant d'autres (Typhus, mal-nutrition). C'est Théodore Mouret qui a inventé cette abominable fin. La réalité est assez tragique ! Voir la Médiathèque de Nantes, collection Dugast-Matifeux, t. I, 8-50, t. I, 56 et E. C. de Fontenay-le-Comte. Voir Jean Artarit, Revue du Souvenir Vendéen, 1987, n° 158, "L'Omission du cordelier".
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