RANCHAL
Ranchal est un petit village de 320 habitants, ses 1514 hectares sont boisés à 70%. Il est situé dans le Rhône, sur les contreforts du massif central (Haut Beaujolais, canton de Lamure sur Azergues).
La révolution :
En janvier 1789, Louis XVI décide la convocation des états généraux. Chaque paroisse rédige ses cahiers de revendications et de doléances. Suite à cette convocation des assemblées se réunirent dans chaque paroisse du 6 au 13 mars, elles furent présidées en général par des officiers de l'ordre judiciaire exerçant dans la localité, ou par la personne la plus qualifiée. Ranchal avait droit à deux représentants le 16 mars 1789, à l'assemblée primaire de Villefranche. Le Haut Beaujolais étant très royaliste, on appelait cette région " La Vendée Lyonnaise " .
1789 : Les Ranchalais enlevèrent ses droits au dernier seigneur de Ranchal, la Marquise de Vauban, mais avec beaucoup de respect. (La pauvre femme très âgée finit ses jours à l'hospice de Roanne.)
A la crise " politique " de la révolution s'ajoute une crise économique. On peut supposer que Ranchal subit ce choc régional, la sécheresse de l'été 1788 entraînent une hausse des prix et cette sous-production rurale déclenche une sous production industrielle et le chômage…C'est vrai surtout du textile…Toute la région lyonnaise en est victime...
"Les paysans manquent de semences en raison de la récolte de blé déficitaire, l'hiver est précoce et rude. Le froid commence à la Saint Martin (11 novembre 1788) et dure jusqu'au 14 février 1789 : la terre est gelée à trente pouces (un mètre environ) de profondeur…le Rhône, la Saône, les rivières gèlent et les moulins cessent de moudre " (L.Trenard)
1791 :
Un extrait de la page "clocher" : le prêtre de Ranchal (Claude Marie Labrosse) prête le serment prescrit par le décret du 27 novembre 1790, avec réserves et restrictions. Quelques semaines plus tard, lui et son vicaire (Monsieur Dupont) se rétractent et deviennent hors la loi. Le 26 août suivant, un arrêté du département de "Rhône et Loire" les dénonce à l'accusateur public de Villefranche et il les poursuit comme perturbateurs du repos public (A.D.69/L 107). S'ils peuvent échapper à l'échafaud, la déportation dans les bagnes de Cayenne les guette. Ils continuent leur sacerdoce en cachette dans les fermes bienveillantes de la région.
L'abbé Deschavanne - Chiramondant, curé constitutionnel remplace le prêtre Labrosse jusqu'à la fin de l'église constitutionnelle. La population lui mènera la vie dure. Quand il sort du presbytère, on ne lui témoigne aucune sympathie, on lui crie "ô loup, ô l'intrus, ô le sacrilège!". On refuse de porter la croix à l'occasion des enterrements, de témoigner pour les actes de catholicité, le soir on tire des coups de feu et on lance des pierres contre ses volets. On constate que les femmes de Ranchal avaient déjà du caractère quand il raconte lui même ses mésaventures :
" Un jour, des femmes m'ont fait sortir de la cure et ont pris mes meubles pour les sortir, m'ont couru de maison en maison, m'ont tiré de coté et d'autres ont déchiré ma soutane... Le jour de la Saint Martin, je voulus dire les vespres, une troupe de jeunes gens entourèrent l'église de Ranchal, j'en fis fermer les portes et ils ne cessèrent de jeter des pierres pendant la bénédiction."
L'état de la conscription de 1793 montre un manque réel d'intérêt pour la Révolution. Beaucoup de conscrits avaient une taille inférieure à Im50 ( incapacité de charger le fusil par le canon) ( taille moyenne du fusil Im58 ) donc reformés. Voici quelques autres exemples :
Chuzeville J.J : entorse au genou gauche,
Chabert Jean : ulcère scrofuleux à la jambe,
Magill J.M : bancal et scrofuleux,
Chabert C.M : pouce et doigt coupés,
Vau Dominique : atteint de strabisme,
Ovise : borgne,
Descroix : idiot,
Chennette, Lachise, Forest,Bonnevay,Vermorel, Bumichon : tous sont déserteurs L'église fut refaite au début du XIX ème siècle, et certains textes me laissent supposer que c'est à l'occasion de cette reconstruction que fut déménagé le cimetière qui se trouvait alors autour de l'église.