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La Maraîchine Normande
10 avril 2012

Histoire de la terreur ...

Extrait du livre : "Histoire de la terreur 1793-1795"

de Jérôme Delandine de Saint-Esprit

 

 

Le bourreau du Roi martyre était là pour recueillir sa dernière parole de vie ! C'est de l'échafaud que le Roi lança le pardon entre la terre et le ciel ; c'est de l'échafaud qu'il protesta de son innocence ; c'est le bourreau qui entendit et qui transmit à l'histoire les mots qui départirent du corps avec l'âme. Un autographe de Sanson accompagne le testament de la royale victime ; l'homme du ciel et l'homme de la loi, Louis XVI et le bourreau ! ... Quelle anomalie ! C'est le sang, c'est la terreur qui l'engendra ; l'échafaud de 1793 résuma tout ce qu'il y avait de grand, tout ce qu'il y avait d'abject.

Des voix ont demandé des preuves ; on a voulu connaître la vérité sur les derniers mots qui s'étaient échappés des lèvres de Louis XVI. Le bourreau a répondu. Voici la lettre, voici la page de sang telle qu'elle a été tracée par l'exécuteur des hautes oeuvres. Elle fut adressée le 20 février 1793, à un journaliste, afin que la publicité fît loi.

 

 

"CITOYEN,

Un voyage d'un instant a été la cause que je n'aie pas eu l'honneur de répondre à l'invitation que vous me faites dans votre journal au sujet de Louis Capet. Voici, suivant ma promesse, l'exacte véritée de ce qui c'est passé : Decendant de la voiture pour l'éxécution, on lui a dit qu'il fallait ôter son habit ; il fit quelques difficultés, en disant qu'on pouvait l'exécuter comme il était : sur la représentation que la chose était impossible, il a lui-même aidé à ôter son habit. Il fit encore la même difficultée lorsqu'il c'est agit de lui lier les mains, qu'il donna lui-même lorsque la personne (l'abbé Edgeworth) qui lacompagnait lui ut dit que c'était un dernier sacrifice : alors il s'informa sy les tambours battroit toujour ; il lui fut répondu que l'on n'en savait rien, et c'étoit la véritée. Il monta sur l'échafaud et voulut foncer sur le devant, comme voulant parler, mais on lui représenta que la chose était impossible encore : il se laissa alors conduire à l'endroit où on l'attacha et où il s'est écrié très haut : "Peuple ! je meurs innocent." Ensuite, se retournant vers nous ; il nous dit : "Messieurs, je suis innocent de tout ce dont on m'inculpe. Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français." Voilà, citoyen, ses dernières et véritables paroles.

"L'espèce de petit débat qui se fit au pied de l'échafaud roullait sur ce qu'il ne croyait pas nécessaire qu'il ôtât son habit et qu'on lui liât les mains : il fit aussi la proposition de se couper lui-même les cheveux.

Et, pour rendre hommage à la vérité, il a soutenu tout cela avec un sang froid et une fermetée qui nous a tous étonnés. Je reste très convaincu qu'il avait puisé cette fermetée dans les principes de la religion dont personne plus que lui ne paraissait pénétrée ny persuadée.

Vous pouvez vous assuré, citoyen, que voilà la véritée dans son plus grand jour.

J'ay l'honneur destre, citoyen, votre bon concitoyen."

"Sanson"

Depuis la mort de Louis XVI, l'échafaut a perdu de son ignominie : dans la terreur, mourir par le glaive était un titre d'honneur. Cependant quelques âmes farouches répudièrent le trépas par la hache révolutionnaire. Duquesnoy, Goujon, Duroi, Bourbotte, ces amis de la Gironde, ne voulurent point que le bourreau touchât leur tête : ils fouillèrent dans l'exemple des grands suicides pour y chercher un type ... Ils le trouvèrent dans les annales de la Gaule : comme les Franks vaincus, il jurèrent de se donner la mort ... Un couteau dans leur main fit poignard ... Ils se le passèrent et moururent ... Les geôliers enterrèrent leur corps dans leur cachot, en se rappelant avoir entendu un cri étouffé de "vive la république ..." mais la république se mourait aussi ...

Les scènes changeaient avec les patiens ; celle où comparut le vieil invalide Saint-Prix, accompagné de son chien, fut impressionnable. L'animal, par ses soupirs et ses aboiemens, semblait flairer la sentence de mort et le sang de son maître.

Au jour où la tête de Saint-Prix fut tranchée ; on vit le chien s'élancer sur l'estrade et saisir à la gorge le valet du bourreau, qui tenait par les cheveux le trophée de la guillotine et le montrait au peuple. La lutte devint terrible ; le chien fut refoulé à coups de pied et à coups de crosse par les soldats de l'armée républicaine. Mais le compagnon de Saint-Prix revint la nuit sur le lieu où il avait vu périr son maître. Ses hurlemens attirèrent l'attention ; des patrouilles, entraînèrent le chien au corps-de-garde, et bientôt un acte d'accusation fut dressé contre le fidèle animal. Un des jurés du tribunal révolutionnaire, lors de la mise en jugement du chien, vota pour le condamner, séance tenante, "à être assomé par la main du bourreau au pied de la guillotine."

Il aurait été à souhaiter que les terroristes eussent tous le coeur du chien du vieil invalide ; mais ces hommes du glaive tuaient, et n'aimaient personne.

Les sacrifices, les grands actes funéraires ont mis en regard le nombre des victimes envoyées à l'échafaud par le tribunal révolutionnaire de Paris : depuis son installation jusqu'au 9 thermidor, 2 637 têtes tombèrent ; celle de Robespierre fut la 2 638ème.

 

 

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