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La Maraîchine Normande
4 septembre 2024

TOULOUSE - EAUNES (31) - JEAN JOSEPH JANOLE, MAGISTRAT TOULOUSAIN (1757 - 1839)

 

D'une famille originaire de Champagne, mais établie depuis 1740 à Toulouse, où elle était venue faire le commerce de grains, Jean-Joseph Janole, né le 26 novembre 1757, à Toulouse, paroisse Saint-Michel, fut élevé par sa mère et montra de bonne heure des qualités de résolution, d'audace et d'ambition qui lui firent accueillir avec enthousiasme les idées nouvelles.

 

 

Élève de Gouazé et de Delort à l'École de Droit, il acquiert ses grades en 1783 et la même année se fait inscrire au Tableau des Avocats au Parlement. On le remarque dès lors pour une éloquence facile, non dépourvue de quelque mièvrerie, au dire des contemporains.


Dans son état d'avocat, il acquiert vite une flatteuse réputation et plusieurs de ses mémoires sont imprimés dans les "Recueils de causes célèbres" ; il appartient à des sociétés littéraires ...


Comme tous les hommes - ou à peu près - de la bourgeoisie de ce temps, il entre dans la franc-maçonnerie ; le même jour, 17 juin 1787, il se voit conférer par la loge "des Coeurs-Réunis" les trois grades d'apprenti, de compagnon et de maître. Cela n'est pas indifférent, car les loges maçonniques devinrent à cette époque, à Toulouse, un foyer d'activité militante, sous l'impulsion de Barère de Vieuzac, de Mailhe, de Delmas et de la plupart des hommes qui, dès 1788, allaient conduire les événements.

 

 

C'est à partir du 14 juillet 1791 que Janole commence à révéler sa personnalité politique. Le 14 juillet, Toulouse, comme les autres villes de France, célèbre le deuxième anniversaire de ce "jour heureux" où, suivant le style pompeux de l'époque, "la prise de la Bastille fut le tombeau du despotisme et le berceau de la liberté renaissante".


C'est quelques jours plus tard que tous les citoyens chargés d'un emploi public furent appelés à prêter le serment civique. Plusieurs refusèrent ce serment ; ils furent destitués, et c'est ainsi que, notamment dans l'Université, il fallut procéder à la nomination de nouveaux professeurs ou agrégés. De cette manière, Jean-Joseph Janole devint l'un des nouveaux agrégés à la Faculté de Droit (12 novembre 1791).


Quelques jours après - nous sommes toujours en 1791 - ont lieu les élections pour le corps municipal ... Janole croit alors le moment favorable pour se faire admettre à la Société des Amis de la Constitution, qui s'appellera bientôt "Club des Jacobins" ou "Société populaire" lorsqu'elle se sera transformée jusqu'à devenir un véritable instrument de gouvernement et substituer son autorité à celle des administrations.


L'esprit modéré de Janole s'accordait mal avec les tendances excessives de cette filiale des Jacobins de Paris, et sa candidature peut surprendre.
Mais la conduite des hommes échappe rarement aux influences de l'intérêt. Janole était jeune ; il se sentait du talent et de l'audace. Se mêler à la vie publique, y remplir une fonction, et rester en dehors de cette société semblait donc une chose, non seulement dangereuse, mais de plus en plus impossible.


Le 25 janvier 1792, Janole, sacrifiant quelques-uns de ses sentiments intimes à un évident désir d' "arriver", sollicita son admission. En vain ... Sur sa présentation, les Jacobins, suspectant la pureté de son civisme, passent à l'ordre du jour. La même semaine, une désignation d'un ordre plus flatteur vient adoucir l'amertume de cet échec : les électeurs du district nomment Janole au poste de juge suppléant au tribunal civil de Toulouse.

En dépit de cet avancement, il passait pour modéré et n'obtint qu'assez difficilement, le 16 février 1792, son admission à la Société des Jacobins de Toulouse. Il triomphait car il pouvait maintenant participer activement à la vie publique.

 


Mais bien qu'ayant prononcé l'éloge funèbre de Le Peletier de Saint-Fargeau, Janole ne tarda pas à se détacher des Jacobins dont la violence s'accordait mal avec ses idées de modération et avec lesquels il n'hésita pas à entrer en lutte sans souci des dangers où cela allait l'entraîner.


Respectueux de la loi contre ceux qui prétendaient la subordonner à leurs animosités personnelles, il se dressa contre Chabot, l'ex-capucin qui rêvait d'imposer à tous la dictature Montagnarde. L'énergie de notre magistrat força cet énergumène à regagner rapidement Paris d'où il prit sa revanche en faisant prendre par la Convention un décret d'arrestation contre dix des administrateurs toulousains. Plus heureux que ses collègues dont six y laissèrent leur tête, Janole se trouvait alors en mission dans les Pyrénées Orientales. Informé à temps, il se cacha et attendit dix-huit mois avant de reparaître.

 

Où se cache Janole pendant ce temps ?


Nous ne le savons pas. Une hypothèse cependant est permise.


Cinq mois après la chute de Robespierre, c'est-à-dire après un an et demi de proscription, au moment précis où Janole croit avoir échappé définitivement aux rigueurs de la justice révolutionnaire, il songe au mariage, dont les joies, pense-t-il, lui apporteront l'oubli des malheurs passés.


C'est le même jour, en effet, où le district prend son arrêté de radiation de la liste des émigrés, que Jean-Joseph Janole, qui a 37 ans, et Paule-Catherine Bourrel, une jeune veuve de Villefranche-de-Lauragais, qui en a 25, "se promettent la foi des époux". Leur union est consacrée, trois jours après, le 23 janvier 1795, par devant Trémoulet, notable, dans la salle publique de la Maison commune.


Nous ignorons quelle cachette disputa victorieusement Janole à la guillotine ; mais la date de ce mariage, qui se place à l'heure même où il retrouve la liberté de vivre, rend tout-à-fait probable l'hypothèse que Paule Bourrel ne fut pas étrangère aux précautions que le proscrit avait dû prendre pour son salut. En se mariant aussi précipitamment, Janole se serait donc acquitté, sans aucun retard, d'une dette de reconnaissance contractée à l'égard d'une femme qui, en lui procurant un asile sûr au péril de son existence, aurait sauvé la sienne.
 

Si le régime de la Terreur était fini, les temps étaient cependant loin d'être apaisés.


Réintégré dans ses fonctions et dans ses biens (qui avaient été saisis), il fut bientôt nommé Président du Tribunal du district de Toulouse, puis le 18 octobre 1795, Accusateur public, fonction redoutable qui allait lui valoir bien des tribulations.


Ne connaissant que son devoir, Janole n'hésita pas à faire arrêter le terroriste Vadier, impliqué dans la conspiration de Baboeuf et à le faire transférer à Paris, où il fut condamné à la déportation. Mais Vadier avait un fils dont Janole avait des raisons de penser qu'il avait partagé la complicité de son père. Il le fit arrêter également et le fit conduire devant le directeur du Jury de l'arrondissement, un certain Carrière, pour que celui-ci l'interroge et délivre qu'il y avait lieu un mandat d'arrêt. Or Carrière omit sciemment de délivrer ce mandat d'arrêt ce qui permit à Vadier fils de déposer une plainte en arrestation illégale. Ce fut au tour de Janole d'être arrêté. Ses ennemis triomphaient et s'apprêtaient à le faire juger par des juges choisit par eux lorsque, usant de son droit, Janole les récusa et demanda à être renvoyé devant le tribunal de Foix. Ce ne fut que péniblement et après avoir saisi le Tribunal de Cassation que l'Accusateur accusé obtint qu'on fit droit à sa requête. L'affaire occupa trois jours le tribunal criminel de l'Ariège, mais finalement le grand talent et la modération de Janole qui présenta lui-même sa défense triompha de la mauvaise foi et des exagérations de ses adversaires.


Réintégré à nouveau dans ses fonctions, Janole ne connut pas encore la paix. A la suite de manifestations particulièrement violentes dont il fut l'objet le 22 septembre 1797, le jour de la Fête de la République, au Temple de la Liberté, il se retira à Eaunes près de Muret.


Cette fois, le séjour en pleine campagne, presque en plein bois, va lui procurer enfin un repos bien désirable après les agitations et les troubles qu'il a connu depuis près de dix ans que la Révolution est commencée.


Mais survint maintenant l'insurrection royaliste de l'an VII, qui lui réserve d'être tour à tour victime des amis du roi, puis des républicains.


Arrêté le 20 thermidor par les royalistes dans son domaine d'Eaunes, il est conduit chez un cabaretier voisin de Labarthe, enfermé ainsi que sa femme dans le grenier, emprisonné le lendemain à Muret, d'où il s'évade le 22 au soir.


Il rentre à Eaunes. Trois semaines se passent et il est de nouveau arrêté, cette fois par des républicains qui effectuent une perquisition. On l'incarcère à Saint-Sulpice-sur-Lèze, puis à Toulouse, et il ne recouvre sa liberté qu'après plusieurs demandes et vingt-trois jours de détention.


Janole a maintenant 42 ans. Avec ses revenus fonciers et la pension de 12.000 francs que l'État lui assure après la banqueroute du tiers consolidé, il pourrait connaître le calme. Mais il a encore besoin d'activité et, le 8 mars 1800, il demande au Premier Consul sa réintégration dans la magistrature. Inutilement ; mais l'année suivante, il se trouve chargé d'une mission en Espagne par les ministres de l'Intérieur et des Affaires extérieures. Un peu plus tard, un arrêté de Bonaparte l'adjoint au général Pérignon pour la démarcation dans les Pyrénées, de la frontière franco-espagnole.

 


Maire d'Eaunes de 1804 à 1811, il a charge aussi de présider l'assemblée cantonale de Muret et d'assurer de plus la présidence du Tribunal des Douanes de Saint-Gaudens. En 1814, la Restauration lui attribue une place de secrétaire attaché au commissaire extraordinaire du roi dans la première division militaire, puis le nomme sous-préfet de Château-Chinon. Il le reste jusqu'au 1er septembre 1815 et ce sera là son dernier emploi public.


A partir de ce moment, Janole se retire définitivement à Eaunes, où sa vie passée reste à peu près ignorée des habitants, comme elle l'est de sa propre famille, - comme elle l'est aussi de presque tous les Toulousains.
 

C'est à Eaunes que Jean-Joseph Janole meurt le 7 juin 1839 à l'âge de quatre-vingt-deux ans.

 

 

L'Auta- Nouvelle série - n° 210 - Février 1951

Bulletin municipal de la Ville de Toulouse - 1er janvier 1940
 

Le Journal de Toulouse du 1er janvier 1797 rapporte que "M. Janole vient d'installer dans son abbaye d'Eaunes, un prêtre réfractaire, auquel il cède un appartement, & en dépit de la loi, fait les fonctions du culte & fanatise les habitants de cette contrée".


 

 

L'abbaye cistercienne La Clarté-Dieu d'Eaunes du XIIe : La vente des terres, des immeubles, bâtiments conventuels, tuilerie, se fait le 13 août 1796 au profit de Monsieur Janole, magistrat au tribunal de Toulouse. Riche et influent, il transforme les lieux en exploitation agricole.


 

Jean-Joseph avait épousé le 4 pluviôse an III (23 janvier 1795) Paule-Catherine Bourrel (1769 - 1847).

 

De ce mariage sont nés :


- Jean-Gabriel-Joseph-Augustin, né à Toulouse, paroisse Saint-Michel, le 8 vendémiaire an IV (30 septembre 1795) ; marié à Mazères-sur-Salat (31), le 8 février 1820, avec Anne-Philippine Court ; décédé à Eaunes, le 23 novembre 1877 ;


- Pierre-Jacques-Isidore, né à Toulouse, le 26 germinal an VI (15 avril 1798) ; maire d'Eaunes pendant 30 ans ; marié à Auterive (31), le 28 décembre 1842, avec Françoise-Josephe-Marguerite-Victoire de Montozon ; décédé à Eaunes, le 12 avril 1874 ;


- Pauline-Jacquette-Anne, née à Toulouse, le 26 prairial an XIII (15 juin 1805) ; mariée à Eaunes, le 5 janvier 1837, avec Louis-André-Christophe Galdemar ; décédée à Tours, le 13 janvier 1874 ;


- Balbine, née à Toulouse ; décédée à Eaunes, le 31 décembre 1826 ;


- Justine, née à Toulouse ; décédée à Eaunes, le 6 avril 1820.

 

 

Archives municipales de Toulouse

AD31 - Registres d'état-civil d'Eaunes

AD37 - Registres d'état-civil de Tours

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